La condition des femmes sans-abri
- Session : 2020-2021
- Année : 2021
- N° : 193 (2020-2021) 1
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Question écrite du 01/03/2021
- de KAPOMPOLE Joëlle
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Le sans-abrisme concerne de plus en plus de femmes qui restent cependant invisibilisées. En plus d'être touchées par une précarité extrême et par les risques liés à leur santé, ces femmes sont également exposées aux violences sexistes. La nuit, ces dangers se multiplient et fragilisent davantage leurs conditions de vie déjà éprouvantes.
À l'heure actuelle, les hébergements restent insuffisants et majoritairement mixtes. Or, les solutions d'accueil non mixtes s'avèrent plus sécurisées et adaptées aux besoins des femmes. Face à ces constats, il apparaît primordial d'intégrer la dimension genrée aux solutions déployées dans le cadre de la lutte contre le sans-abrisme.
Madame la Ministre dispose-t-elle de données actualisées sur le sans-abrisme en Wallonie et la situation des femmes ?
Quelles stratégies et actions le Gouvernement envisage-t-il pour les aider et les accompagner durablement ?
Réponse du 18/10/2021
L’obtention des données statistiques actualisées sur un public aussi fragilisé que le public sans-abris n’est pas une chose aisée. C’est la raison pour laquelle j’ai intégré au Plan de Relance de la Wallonie une mesure portant sur la création d’un observatoire du sans-abrisme, qui sera chargé de la collecte des données et de produire des analyses concernant ce phénomène.
Les données des rapports d’activités (RASH) du secteur des abris de nuit et des maisons d’accueil et de vie communautaire agréés par la Wallonie peuvent cependant d’ores et déjà nous donner un aperçu de la situation.
Pour 2020 (dernières données disponibles), 8 630 nuitées ont été effectuées par des femmes au sein des abris de nuit en Wallonie. Pour les maisons d’accueil, on comptabilise 140 091 nuitées (ces données sont cependant encore incomplètes). Les maisons de vie communautaire comptabilisent quant à elles 15 308 nuitées ont été effectuées par des femmes.
Certaines maisons d’accueil sont agréées pour une ou plusieurs missions spécifiques. Une de celles-ci concerne l’accueil des femmes victimes de violence conjugale. Dans notre région, 21 maisons d’accueil sont agréées pour cette mission spécifique.
Par ailleurs, le Plan genre comprend une mesure visant à améliorer cette prise en charge. En effet, la mesure 39 prévoit d’adapter le cadre de l’accueil de jour, des abris de nuit et de l’accompagnement en maisons d’accueil aux réalités vécues par les femmes.
Dans le cadre de la révision du dispositif des maisons d’accueil, il y aura lieu de garantir une approche méthodologique de prise en charge identique à toutes les maisons d'accueil spécialisées dans la lutte contre les violences faites aux femmes, compte tenu des exigences de la Convention d'Istanbul. Ainsi, la formation des professionnels à la lutte contre les violences conjugales sera évaluée et, le cas échéant, renforcée.
En ce qui concerne les abris de nuit et l’accueil de jour, les besoins spécifiques précités des femmes sans-abris seront pris en considération pour adapter les projets existants, et, le cas échéant pour créer des projets spécifiques aux femmes.
Dans tous les cas, il s’agira de veiller à leur autonomisation en renforçant les liens entre les différents dispositifs d’accueil et de logement. Il sera tenu compte des recommandations issues de la recherche-action « Femmes et enfants en errance, le sans-abrisme au féminin », réalisée en 2016 avec le soutien de CAP 48, de la Fondation Roi Baudouin et de la Wallonie.