Le cri d'alarme des écrivains publics face à la dématérialisation des services publics locaux
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 431 (2021-2022) 1
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Question écrite du 03/06/2022
- de LOMBA Eric
- à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
Monsieur le Ministre a-t-il reçu le signal d'alarme que le PAC qui coordonne le réseau des écrivains publics a lancé sous forme d'un texte ?
En effet, ils ne pouvaient s'exprimer qu'en lettres ces écrivains bénévoles qui viennent en aide aux personnes en grande difficulté de lettrisme. Ils mettent en lumière le gouffre qui existe entre ce public précarisé et une société qui accélère sa dématérialisation y compris ses services qu'ils soient publics ou privés. Outre les problèmes de lettrisme, la fracture numérique pour ces publics est impitoyable et augmente le découragement et le sentiment d'inaccessibilité aux services. Ainsi, une certaine déficience numérique touche 40 % des Belges, elle atteint 75 % des personnes les moins porteuses de diplôme et qui sont aussi celles dont les revenus sont les plus faibles. La fracture numérique apparaît donc comme un facteur aggravant de la précarité de certaines populations. C'est pourquoi les écrivains publics réclament pour ces populations le maintien des guichets physiques et la proximité de ceux-ci, ainsi que l'interdiction de la dématérialisation comme seule voie d'accès aux services publics.
Quelle politique va-t-il déployer au niveau des pouvoirs locaux afin de garantir l'accès aux services publics à tous ?
En considérant les avantages de la dématérialisation et des nouvelles technologies de communication, voit-il des alternatives qui permettront à tous de s'y retrouver, de ne pas se sentir exclu, ni de se voir dans l'obligation d'être assisté en permanence ?
Réponse du 30/06/2022
Je suis parfaitement conscient de l’existence d’une fracture numérique, qui affecte les plus fragiles de nos concitoyens.
Le Baromètre de l’inclusion numérique publié en 2020 par la Fondation roi Baudouin, établit trois degrés dans celle-ci :
- fracture numérique de premier degré : l’accès. Les inégalités d’accès aux technologies numériques renvoient essentiellement aux disparités dans la possibilité de se connecter et donc de disposer de l’équipement et de la connexion ad hoc ;
- fracture numérique de deuxième degré : les compétences. Elle vise les inégalités d’usage des technologies numériques et les compétences sollicitées pour permettre ces usages ;
- fracture numérique de troisième degré : l’utilisation. Les inégalités liées aux implications sociales de ces différences d’accès et d’utilisation font référence aux capacités inégales des personnes à transformer les opportunités offertes par le numérique en bénéfices effectifs dans les multiples domaines de la vie sociale, tels que l’éducation ou l’emploi. Ces inégalités sont susceptibles de générer des phénomènes de discrimination, par exemple par le non‑recours aux droits.
Sur la même base, le Baromètre 2021 de maturité numérique des citoyens wallons, publié par l’Agence du numérique, pose les constats suivants :
- la fracture numérique de premier degré diminue, pour s’établir à 4 % des ménages wallons ;
- la fracture numérique de deuxième degré est également en baisse, mais concerne malgré tout 18 % des citoyens ;
- la fracture numérique de troisième degré est aussi en baisse, mais concerne néanmoins encore 32 % des citoyens.
Les progrès sont donc bien réels, mais limités. Il convient donc de poursuivre les efforts pour améliorer les compétences de ceux qui ont accès au numérique, mais aussi convaincre de l’intérêt du numérique ceux qui n’y voient actuellement aucun intérêt.
Au-delà de la numérisation, nous devons ainsi veiller à façonner la transformation numérique de manière inclusive. En cela, des initiatives telles que les écrivains publics et les Espaces publics numériques apportent une aide concrète et directe. De même, le maintien de guichets dans les administrations locales reste une nécessité, y compris pour permettre cette guidance.