Le refus de nouveaux patients par les médecins généralistes
- Session : 2022-2023
- Année : 2022
- N° : 10 (2022-2023) 1
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Question écrite du 19/09/2022
- de AHALLOUCH Fatima
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Début juillet, le quotidien De Standard publiait les résultats d'une enquête effectuée parmi les cercles flamands de médecins généralistes et révélait que 50 % des cabinets de MG flamands refusent de nouveaux patients.
Et du côté francophone ?
L'enquête menée en ligne par Medi-Sphere auprès des généralistes francophones à Bruxelles et en Wallonie nous apporte la réponse. Six généralistes francophones sur dix ne prennent plus de nouveaux patients, ressort-il de leur enquête menée en ligne auprès de 366 médecins.
En Région wallonne, ce sont les plus jeunes qui refusent le plus de nouveaux patients : 80 % d'entre eux appuient déjà sur le frein. Le pourcentage reste néanmoins élevé dans les autres tranches d'âge, avec des refus chez 70 % des répondants. C'est dans les maisons médicales et les pratiques de groupe qu'on rencontre la plus grande proportion de médecins qui refusent de nouveaux patients : 78 % et 73 %, respectivement.
Parmi les raisons invoquées figurent l'âge et la proximité de la retraite, les charges administratives, la qualité de vie, ou encore le niveau d'exigence des patients et la méchanceté de certaines personnes.
Madame la Ministre confirme-t-elle les chiffres de l'enquête ?
A-t-elle rencontré le secteur et si oui, quelles sont leurs demandes ?
Comment parvenir à les soutenir ?
Quelles sont ses réponses aux problèmes abordés ?
Comment soulager leur travail administratif, est-il possible de l'automatiser ?
D'autres actions sont-elles envisagées ?
Réponse du 30/09/2022
J’ai effectivement pris connaissance de cette enquête menée en ligne par Medi-Sphere auprès des généralistes francophones à Bruxelles et en Wallonie.
Selon celle-ci, en Wallonie, 57 % des médecins généralistes disent refuser de nouveaux patients. Comme l’indique l'honorable membre, ce sont les plus jeunes qui refusent en majorité de nouveaux patients (80 %) ; ce pourcentage est également élevé parmi les autres tranches d’âge (70 % de refus dans la tranche d’âge des 36-45 comme des 46-55 ans).
Ainsi, en Wallonie, c’est au sein des maisons médicales et des pratiques de groupe qu’est identifiée la plus grande proportion de refus de nouveaux patients (78 % et 73 %, respectivement). Le milieu urbain semblerait également inciter davantage au refus de nouveaux patients (deux médecins sur trois en ville contre un peu plus d’un sur deux en milieu rural).
Ces résultats sont, en effet, interpellants et nécessitent quelques précisions.
D’abord, il faudrait s’assurer que les 366 médecins généralistes de Bruxelles et de Wallonie qui ont répondu à l’enquête sur les plus de 3 000 qui exercent en Wallonie, ne sont pas ceux qui ont le plus de difficultés à accepter de nouveaux patients. Ensuite, il faudrait distinguer les médecins exerçant en maisons médicales de ceux exerçant en pratique de groupe non structurée. Sans cette précision, il n’est pas possible de cibler d’explications.
L’AViQ tient régulièrement des concertations avec le secteur des associations de santé intégrée (maisons médicales agréées par la Wallonie). La problématique de l’accueil de nouveaux patients n’y a pas été évoquée. C’est plutôt le besoin d’un assistant social qui a été mis en exergue et auquel j’ai pu donner une réponse.
Dans le cadre du Plan de Sortie de la précarité, une subvention va être octroyée de manière facultative, pour 2 périodes de 12 mois, afin d’engager un assistant social supplémentaire pour la charge de 1/2 ETP. C’est un budget de 1 600 000 euros qui a été dégagé chaque année pour la mise en œuvre de cette mesure. Cela permet de décharger les équipes soignantes de certaines tâches en lien avec les déterminants sociaux de la santé et leur permettre de libérer du temps pour apporter plus de soins médicaux à leur patientèle.
Bien consciente des enjeux et défis pour la première ligne, la Wallonie suit avec assiduité l’évolution de la situation de la médecine générale. Elle a été la première à produire un cadastre de la médecine générale, et ce, en étroite collaboration avec les cercles de médecine générale mettant en évidence les zones en pénurie en vue notamment de soutenir l’exercice de la médecine générale, via les mesures Impulseo.
Actuellement, je mène avec l’appui de l’AViQ un processus concernant l’organisation de la première ligne de soins, dans le cadre du projet Proxisanté. Ce projet dispose d’un portail sur lequel on trouvera les informations partagées dans le cadre de cette démarche participative :
https://www.proxisante.be/?lang=fr
Après avoir questionné nos professionnels de la première ligne d’aide et de soins, en mai 2022, ont été organisés des ateliers participatifs en juin, réunissant des acteurs de la première ligne de soins et de l’aide. La synthèse de ces travaux a été publiée sur le portail et les professionnels invités à en prendre connaissance, le tout accompagné d’un appel à réactions qui invite les personnes inscrites sur la plateforme à prendre position sous la forme de « je soutiens, je ne soutiens pas » et à commenter certaines propositions formulées par les participants aux ateliers de juin.
Dans le courant du mois de septembre, sera publiée sur la plateforme une série de documents ressources (le « New deal des médecins généralistes » proposé par mon collègue fédéral, le Ministre Franck Vandenbroucke, le rapport OCDE sur les soins intégrés, la note de la Plate-forme wallonne de la Première ligne, etc.) ainsi qu’une vidéo réalisée par l’AViQ et présentant l’organisation de la première ligne en Flandre. Cette dernière s’est entretenue avec des professionnels de terrain, mais aussi avec Dirk Dewolf, l’Administrateur général de l’Agence flamande Soins et Santé, ou encore le Prof. Jan De Maeseneer, expert auprès de l’OMS, spécialiste de l’organisation des soins de première ligne, mais aussi Professeur à l’Université de Gand.
Des ateliers sont en cours d’organisation sur la base de ces travaux et de réflexions menées par l’AViQ quant aux propositions qui peuvent être formulées à nos professionnels, en vue d’une journée qui se déroulera le 30 septembre, dans les murs de notre Parlement wallon, à l’instar de la rencontre qui avait été menée par ma prédécesseuse, Madame Eliane Tillieux, lorsqu’elle était Ministre régionale de la Santé.
Les invitations partiront dans les prochains jours.
La journée sera encore consacrée à l’élaboration de propositions, l’objectif étant de présenter une note d’orientation au Gouvernement wallon sur l’organisation de la première ligne, et ensuite un décret, au début de l’exercice 2023.
L’ensemble du processus vise à tenir compte des besoins des professionnels de la première ligne, dans le respect des compétences de la Wallonie et de l’Autorité fédérale. Il est certain que l’analyse et les propositions s’articuleront avec le projet du New Deal et celui relatif aux soins intégrés de mon Collègue Franck Vandenbroucke. Ainsi, le New Deal propose de soutenir les médecins généralistes en termes de charges administratives et Impulseo les soutient déjà. En effet, IMPULSEO II ET III visent plus spécifiquement des aides dans la gestion de la pratique administrative du médecin.
IMPULSEO II permet ainsi une intervention dans les coûts salariaux relatifs à l’engagement d’un travailleur salarié chargé de l’accueil et de la gestion de la pratique dans une pratique de médecine générale. Le dispositif IMPULSEO III permet, quant à lui, de bénéficier d’une intervention pour les frais de recours à des services, notamment via un système de télésecrétariat.
Les équipes fédérales et de l’AViQ s’entendent régulièrement quant à ces évolutions, toutes tenant à soutenir nos professionnels de soins face à leurs difficultés dans un dispositif cohérent.
L’accueil de nouveaux patients est lié à diverses appréciations liées à l’âge, la qualité de vie, les charges administratives… Il convient d’écouter nos médecins à ces sujets afin de construire une organisation qui réponde à leurs besoins : c’est bien là ma préoccupation majeure par la mise en place de Proxisanté.