La stratégie et le plan de Monsieur le Ministre relatif à l'attrait des investissements étrangers
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 358 (2022-2023) 1
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Question écrite du 31/01/2023
- de MUGEMANGANGO Germain
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
À la presse, Monsieur le Ministre a déclaré : « Un plan d'action va être mis en place avec l'AWEx pour soutenir l'attraction des investissements étrangers chez nous, avec une approche très structurée, avec un boost marketing, des campagnes ciblées, notamment à la suite du Brexit sur base du slogan Fix it pour bénéficier de la volonté d'un certain nombre d'entreprises d'avoir un siège au sein de l'Union européenne et au sein de l'Union européenne en Wallonie. Nous allons également lancer un axe boost spécialisation. Indépendamment de la promotion de notre territoire, nous avons des écosystèmes spécifiques qui doivent attirer des investisseurs. Nous devons pouvoir franchir un certain nombre de paliers, et nous devons nous donner comme objectif d'avoir une croissance des investissements étrangers chez nous de 20 % par an. Il nous faut un plan très structuré au niveau de l'AWEx, et se demander comment on peut tirer les leçons de ce qu'on fait aujourd'hui à l'international et comment on peut faire évoluer certaines choses dans le temps. »
Monsieur le Ministre peut-il détailler le plan d'action ou le projet de plan d'action qui va être lancé ?
Quand va-t-il être lancé ?
Concernant la croissance des investissements étrangers, comment l'objectif de 20 % par an a-t-il été fixé ?
Réponse du 21/02/2023
Depuis 2020, les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE) ont fortement chuté. Dans l’Union européenne, la pandémie a eu des répercussions encore plus graves par rapport à la moyenne mondiale et la Wallonie n’a hélas pas échappé à cette tendance. Un rebond de l’activité économique s’est fait ressentir en 2022, mais il n’a pas encore eu de répercussions sur l’ouverture internationale et la reprise de risques mesurés en termes de nouveaux investissements à l’étranger, notamment provenant d’en dehors de l’Union européenne vers les États membres.
Au contraire, 2022 a vu un retour au protectionnisme de plusieurs pays occidentaux ou émergents. L’Inflation Reduction Act (USA), doté d’un budget de plus de 400 milliards de dollars pour assurer une transition climatique résiliente aux États-Unis a déjà eu des répercussions au niveau de flux internes et externes sur le sol américain.
D’autre part, la politique zero-Covid de la Chine a empêché de nombreuses multinationales de poursuivre avec agilité leur « go west policy », que ce soit pour les centres de distributions de produits de consommation comme dans le développement de nouveaux canaux de distribution digitale (e-commerce) freinée par la pandémie. Au niveau technologique, la présence de sociétés chinoises en Europe est davantage scrutée, notamment au travers du programme européen de screening des investissements, implémenté en Belgique depuis fin 2022.
Enfin, les Plans de relance européens ont été assortis de premiers effets de relocalisation industrielle dans les pays d’origine, comme de nouvelles politiques d’attractivité d’industries étrangères dans les secteurs stratégiques.
En termes de concurrence, la fiscalité néerlandaise, le coût des salaires en Europe de l’Est et la dynamique entrepreneuriale flamande ont notamment été des freins à l’investissement en Wallonie. Le Royaume-Uni développe également, désormais, des politiques bilatérales de promotion des FDI, en concurrence souvent déloyale avec des principes adoptés par l’ensemble des États membres européens.
On constate toujours en 2022 un décalage dans la mise en œuvre des projets d’investissement, qui ont pris du retard, principalement dans les nouveaux projets industriels. La prolongation de la crise sanitaire en Chine, le rythme de mise en œuvre des Plans de relance national/régional tout comme les goulots d’étranglement au niveau de la main-d’œuvre et de la chaîne d’approvisionnement et les prix de l’énergie, restent d’importants facteurs d’incertitude pour les investisseurs étrangers.
Force est de constater que les feux économiques restent au rouge bien que la fin d’année 2022 nous ait apporté quelques investissements majeurs, portés par des entreprises établies en Wallonie de longue date, principalement dans le renouvellement de l’outil de production, l’augmentation des capacités ou encore l’ajout de nouvelles lignes de production.
Mais ne nous voilons pas la face, l’industrie est en danger en Wallonie. Plusieurs cris d’alarme me reviennent de capitaines d’industries, relayés par l’UWE ou AGORIA, relatifs au maintien de notre compétitivité internationale et du maintien d’activités à fort taux d’emploi dans notre Région. L’industrie historique est clairement en difficulté, et dans son sillage la multitude de sous-traitants et des écosystèmes entiers.
C’est dans ce contexte difficile que les résultats des annonces d’investissements en Wallonie peuvent être considérées comme importantes, et les équipes de l’AWEx reconnues dans leur maintien de la prospection et de la promotion de la Région, avec leurs partenaires tant publics que privés.
Les difficultés d’attractivité sont prégnantes. L’AWEx m’en fait régulièrement rapport sur la base de l’expérience de terrain. Le travail de l’AWEx consiste donc à essayer au mieux d’améliorer de prospection de nouveaux investissements doivent donc désormais être amplifiés, afin de maintenir l’attrait sur nos secteurs les plus en pointe.
Ce plan d’action (ambition 2025) s’articule en cinq phases :
Boost Marketing :
- finalisation de dossiers d’argumentaires de conviction : La constitution d’argumentaires de conviction dans les sous-secteurs attractifs pour des investissements étrangers, comme la thérapie génique, la médecine nucléaire ou encore le recyclage plastique ;
- campagne Invest Brexit sur le slogan « Brex Fix It » pour attirer sur le continent des entreprises UK ou basées en UK qui souhaitent rejoindre l’UE pour leurs futurs développements ;
- séminaires de conviction/lunch invest dans les grandes capitales, lors de forum/conventions internationales ou de missions d’importance du programme d’actions (Visite d’Etat, Missions princières, actions AWEX-WBI comme Casa Valonia Italie et cetera).
Boost Spécialisation :
- la spécialisation des prospections et des actions de promotion invest sur les DIS et les secteurs structurants. 80 % des dossiers invest suivis le sont dans les domaines des pôles de compétitivité ;
- mise en place du softlanding « start up technologiques » avec WSL pour faciliter l’implantation des entreprises étrangères spécialisées et de petite taille.
Boost Conviction :
- utilisation et montée en puissance des nouveaux binômes sectoriels (liées aux 6 pôles + digital) pour convaincre par des argumentaires techniques/technologiques et présenter les écosystèmes qui permettront aux investisseurs de trouver les meilleurs partenaires et ainsi booster leurs ventes en Europe ;
- via le réseau EEN et le NCP, mise en relation des investisseurs avec des partenaires européens pour monter ensemble des projets finançables par la Commission ;
- la mise en valeur des Chaînes de valeur structurantes en Wallonie dans les séminaires de prospection, notamment au travers de témoignages d’entreprises qui ont choisi la Wallonie pour leur écosystème (Telix, Takeda ou Kaneka, ou encore Envirolead).
Boost Structure :
- fusionner les fonctions d’Area Manager export et invest pour mutualiser les réseaux en Belgique, utiles pour l’accueil d’investisseurs ;
- dédier des agents dans le réseau international à des missions spécifiques invest, aux USA, au Japon, en UK ou en Chine dans un premier temps. Ces Agents en poste ont notamment les chevilles ouvrières des dossiers d’installations comme Aerospacelab ou Lego, ou des extensions japonaises, américaines ou australiennes en Wallonie ;
- agir par effet d’attraction globale, positionnant la Wallonie comme localisation idéale pour des groupes multinationaux, proche des institutions européennes (et de ses programmes de recherche & innovation).
Boost Lobbying :
- lobbying par le réseau ou lors de missions princières (event Suzuka au Japon) pour des rencontres au plus haut niveau pour sensibiliser les multinationales sur les atouts de la Wallonie ;
- service après-vente de proximité (dans les maisons-mères comme en Wallonie) pour finaliser les projets d’extension en Wallonie. Travail en tenaille en Wallonie et dans les grandes capitales pour forcer le go final ;
- mise en évidence de freins à l’investissement en termes de terrain, d’accueil administratif, de barrières salariales ou en termes de permis de séjour en Wallonie.
Ce programme sur deux années est ambitieux et, je l’espère, pourra voir s’inverser la tendance de baisse de montants investis et d’emplois consolidés par les entreprises étrangères en Wallonie.
J’ai proposé l’objectif de 20 % d’augmentation de ces montants. C’est un pari sur l’avenir et j’ai foi dans nos équipes commerciales, qui vendent la Wallonie à travers le monde et dans l’implication des acteurs économiques, publics ou privés, pour atteindre cet objectif. Il est peut-être ambitieux, mais il peut être atteint, si toutes les forces vives wallonnes, politiques administrations, communes, banques et entreprises partenaires, font le choix de l’ouverture de la Wallonie au monde.
J’espère pouvoir compter sur la mobilisation de tous pour atteindre cet objectif, compte tenu du fait que 80 % de la valeur ajoutée de la Wallonie dépend d’entreprises à capitaux étrangers. Ce constat est facteur de dynamique économique et d’expansion de notre savoir-faire.