La filière du mouton et l’élevage ovin en Wallonie
- Session : 2023-2024
- Année : 2024
- N° : 426 (2023-2024) 1
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Question écrite du 10/04/2024
- de CRUCKE Jean-Luc
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Un récent article de presse a mis en évidence la croissance de l'élevage ovin en Wallonie, avec un nombre croissant d'éleveurs professionnels, dont beaucoup sont jeunes.
Cette croissance s'explique par divers facteurs, notamment la rentabilité relativement rapide de l'élevage ovin par rapport au bovin, ainsi que les opportunités offertes par le marché de la viande d'agneau, en particulier pendant les fêtes religieuses.
Cependant, malgré cette expansion, la Wallonie reste largement dépendante des importations de viande ovine. Les défis incluent le manque d'abattoirs adaptés, la nécessité de former des professionnels de l'industrie et l'importance de valoriser les coproduits de l'élevage.
Quelles mesures le Gouvernement prévoit-il de prendre pour encourager davantage la production locale de viande ovine et réduire la dépendance aux importations ?
Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre concernant le développement de l'élevage ovin en Wallonie ?
Quels sont les chiffres dont il dispose en la matière ?
Comment compte-t-il aborder le problème du coût élevé de l'abattage des ovins en Wallonie, qui nuit à la compétitivité des producteurs locaux ?
Peut-il fournir des détails sur les initiatives en cours pour former et soutenir les nouveaux éleveurs ovins, notamment en termes de formations et de prêts de matériel ?
Quelles actions sont envisagées pour promouvoir une meilleure valorisation des coproduits de l'élevage ovin, telles que la laine, le cuir et les abats, afin d'augmenter les revenus des éleveurs ?
Comment le gouvernement entend-il encourager la diversification bovin-ovin dans les exploitations agricoles de la région ?
Quels sont les plans pour développer des abattoirs spécifiques aux petits ruminants en Wallonie, afin de répondre aux besoins de l'industrie ovine locale ?
Réponse du 08/05/2024
Le secteur ovin connait une évolution positive ces dernières années. D’après la Socopro, entre 2015 et 2022, on peut observer une augmentation des effectifs de 2554 femelles de production (brebis >6 mois) et de 25 élevages professionnels par an (élevages dont le nombre de femelles de plus de 6 mois est au moins de 30 individus), ainsi qu’une progression des abattages des petits ruminants (ovins et caprins) de 189 % entre 2016 et 2023.
L’autoapprovisionnement au niveau national a crû de 1,2 % en moyenne par an entre 2010 et 2022, en passant de 4,7 % (2010) à 14,8 % (2022), malgré une consommation de viande ovine par habitant stable d’année en année (environ 1 kg équivalant carcasse par habitant) [Source : Statbel].
Le développement actuel et futur de cette filière est notamment le résultat de plusieurs politiques mises en place par la Wallonie, dont le nouveau plan stratégique de la PAC.
Celui-ci se veut plus soutenant pour les agriculteurs détenteurs de moutons et participe au développement professionnel de la filière grâce :
* au soutien couplé ovin sur la base d’un référencement annuel (PAC 2023-2027), (et non historique comme c’était le cas dans la PAC 2015-2022), conduisant à une augmentation des aides versées :
en 2022 : 550 000 euros versés à 308 bénéficiaires ;
en 2023 : 800 000 euros versés à 324 bénéficiaires.
* à l’aide à la détention de races locales menacées ovines ;
* aux tournières enherbées uniquement pâturables par les ovins ;
* à l’écorégime « Couverture longue des sols » qui reprend toutes les prairies, les cultures d’hiver et les couverts végétaux d’interculture, c’est-à-dire des ressources fourragères particulièrement prisées par les éleveurs ovins.
À cela s’ajoute certains projets du Plan de relance, accessible à tous les éleveurs, qui apportent un soutien et un encadrement spécifique aux agriculteurs ayant un troupeau de petite taille pour atteindre un cheptel d’au moins 100 brebis, à travers :
* la mise en place en 2023 d’une formation sur le parage et la tonte et sur l’initiation élevage ovin et la reproduction caprine grâce à l’expertise d’organismes tels que la FJA, la FUGEA, le Collège des producteurs et le réseau ovins-caprin ;
* la location de matériel spécifique pour les soins des ovins par l’ARSIA,
D’autres projets de valorisation et de suivi de la filière sont également confiés au Collège des producteurs et à Wallonie Entreprendre, dans le cadre de ce plan.
En effet, l’accessibilité aux outils d’abattage de proximité est un problème structurel qui engendre des coûts supplémentaires aux éleveurs, liés aux distances à parcourir. De plus, les seules infrastructures qui traitent des petits ruminants en Wallonie sont publiques et souvent déficitaires. Face à cette situation, un AGW a été adopté le 15 février 2024 permettant les investissements dans les abattoirs publics. Ces investissements seront couverts à 50 % pour maximum 300 000 € de soutien régional. La modernisation des abattoirs fait l’objet d’un projet porté par la Wallonie dans le cadre du Plan de relance.
La valorisation des produits autres que la viande et le lait, afin d’améliorer la rentabilité économique du secteur, est souvent difficile, sauf dans le cas de marchés de niche très spécifiques. La laine (± 200 tonnes) est très peu valorisée par les éleveurs en raison de prix peu attractifs (de 0 à 0,1 €/kg). L’existence de filières locales permet une valorisation plus importante de 1 à 3 €/kg mais celles-ci n’absorbent qu’un faible volume. Un projet suivi par Valbiom sur la valorisation de la laine est en cours. Les cuirs ne sont pas valorisés en Wallonie. Les volumes d’abattages sont beaucoup trop faibles et les voies de valorisation sont à l’export (Chine et Turquie).
Pour la diversification « bovin-ovin », le nombre d’exploitations agricoles élevant à la fois des ovins (> 30 brebis) et des bovins (> 10 vaches) est passé de 224 à 333 entre 2015 et 2023. L’effectif moyen de ces troupeaux est passé de 130 à 152. Cette croissance s’explique par une volonté de diversification et une prise en compte du potentiel du secteur ovin, mais aussi par une meilleure connaissance du secteur par le biais de diverses initiatives : les ovinpiades, les cours dans les écoles agricoles, les formations (cours A) et les séances d’informations aux agriculteurs menées par le Collège des producteurs et par Elévéo. Cette pratique est aussi une voie pour favoriser l’installation des jeunes dans une exploitation existante et apporter une source de revenus supplémentaires.