La Belgique face aux défis de la mobilité électrique
- Session : 2010-2011
- Année : 2011
- N° : 339 (2010-2011) 1
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Question écrite du 18/02/2011
- de EERDEKENS Claude
- à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
Dans son édition du 22 janvier 2011, « L'Echo » faisait état de la présence des premiers véhicules au volt au Salon de l'auto mais que, malheureusement, notre pays n'est pas prêt à promouvoir une solution de masse.
Pour ma part, je suis convaincu que le véhicule électrique est le véhicule de l'avenir.
Malheureusement, cette vision ne semble pas être de mise en Belgique, à tout le moins pour l'instant.
Certes, les véhicules électriques ont trois grands défauts pour l'heure :
- leur coût supérieur aux autres véhicules;
- leur autonomie réduite;
- la gestion de la recharge d'électricité.
Les deux premiers handicaps du véhicule électrique seront résorbés à terme avec une diminution des coûts lorsqu'ils seront produits en masse et, d'autre part, les recherches en court, notamment chez Audi, mais aussi chez d'autres constructeurs, permettent d'envisager à terme des véhicules électriques qui auraient une autonomie de 800 à 900 km, soit une autonomie équivalente à celle des véhicules essence ou diesel.
Le handicap majeur de la Belgique reste manifestement l'absence de plan au niveau fédéral ou au niveau régional pour assurer la gestion de la recharge des véhicules électriques.
Or la France compte débloquer 1,5 milliard d'euros pour favoriser la percée de la mobilité électrique, notamment via le placement de 4 millions de bornes de recharge à domicile d'ici 2020.
Il est certain que le succès du véhicule électrique passe, non point par des lieux collectifs de recharge susceptibles de faire perdre un temps considérable aux automobilistes, mais par le placement de bornes électriques à domicile où des véhicules pourraient être rechargés durant la nuit, par exemple.
D'autre part, la volonté du Gouvernement wallon d'augmenter le prix de l'électricité en fonction de l'augmentation de la consommation des ménages va inévitablement contrarier le développement de l'usage des véhicules électriques avec recharge à domicile.
Paradoxalement, il faut être conscient que s'il y a développement massif de l'utilisation des véhicules électriques, il faudra plus d'électricité pour qu'ils puissent rouler et donc plus d'électricité produite par les centrales. L'usage de véhicules électriques souhaité par les défenseurs de l'environnement aboutira inévitablement à considérer comme indispensable le maintien de centrales à grande puissance de production comme les centrales nucléaires.
En effet, comment pouvoir faire fonctionner les véhicules électriques sans l'électricité produite préalablement.
Quelles sont les mesures prises, à ce jour, en Région wallonne pour :
- favoriser l'implantation de bornes de recharge à domicile à un rythme équivalent à celui décidé par le gouvernement français pour la France;
- éviter que les utilisateurs de véhicules électriques qui sont rechargés à domicile ne soient pénalisés par la volonté de certains membres du Gouvernement wallon de faire payer plus cher les kwatts additionnels consommés par les ménages wallons ?
Réponse du 14/03/2011
J'ai déjà eu l'occasion d'exprimer ma vision sur le développement des véhicules électriques. Je rappellerai qu'il faudra veiller à ce que le bilan sociétal global du développement d'un parc de véhicules électriques en Région wallonne démontre une valeur ajoutée réelle, aussi bien sur les plans économique, social qu'environnemental. Cela implique à la fois de soutenir certains contextes et axes de développement et d'en favoriser d'autres.
Je répondrai aux nouveaux éléments apportés par l'honorable membre.
De manière générale, l'honorable membre semble s'en tenir dans son analyse uniquement à la comparaison entre voiture individuelle électrique et voiture individuelle thermique. Or, la question de la promotion d'un mode de transport se pose dans le cadre plus large d'une concurrence entre modes de transports et dans le cadre général des enjeux de mobilité. Limiter l'analyse à un choix binaire de véhicule pour automobiliste est réducteur par rapport aux enjeux de la mobilité de demain. L'ensemble de ma réponse procède de cette différence dans la position requise pour analyser l'enjeu.
Dans ce contexte, le choix de la localisation des bornes devra être déterminant, par exemple pour encourager l'inter-modalité. La question de la localisation optimale des bornes électriques (espaces publics ou à domicile) ne peut être tranchée simplement. Tout le monde n'a pas le loisir de placer une borne de rechargement électrique à domicile, par exemple en l'absence de garage. Je suis étonné que l'honorable memebre ne considère aucunement ce genre de discrimination dans sa proposition. Il y a donc lieu d'approfondir la question de l'implantation de bornes de recharge avant d'engager des dépenses éventuelles importantes sur les budgets des pouvoirs publics.
De manière plus générale, il y a lieu d'évaluer également dans quelle mesure un marché qui se développe naturellement et est susceptible de générer des bénéfices important pour les acteurs privés impliqués, doit faire l'objet prioritairement d'investissement de deniers publics ou plutôt être soutenu et encadré par les pouvoirs publics.
Ensuite, l'honorable membre prétend que la volonté du Gouvernement wallon est d'augmenter le prix de l'électricité en fonction de l'augmentation de la consommation des ménages. Je suppose qu'il réfère à l'instauration d'une tarification progressive et solidaire prévue dans la déclaration de politique régionale. Le cas échéant, il est de fait important de préciser que l'augmentation de coût de l'électricité dans ce contexte pour certaines catégories de consommateurs au profit d'autres, resterait très faible en regard du coût des carburants fossile. Le différentiel n'est donc aucunement susceptible de cc contrarier le développement de véhicules électriques ».
L'honorable membre estime également que l'usage des véhicules électriques aboutira inévitablement à légitimer le maintien des centrales à grande puissance de production comme les centrales nucléaires. J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer plusieurs études qui montrent au contraire que l'évolution vers les réseaux intelligents permettra de faire correspondre davantage les moments de forte production d'électricité décentralisée, notamment renouvelable, avec l'activation de consommations sur le réseau, telles que les recharges de véhicules électriques. A cet égard, l'inflexibilité des centrales nucléaires existantes constitue au contraire un frein à cette évolution plutôt qu'une solution.
Je mentionnerai à cet égard que l'initiative REDI (Réseaux de disbribution intelligents) a été lancée en janvier 2011 et que les groupes de travail sont maintenant opérationnels. La question de l'impact des véhicules électriques sur les réseaux et l'évolution vers des réseaux intelligents prenant en compte les heures de recharge des futurs véhicules électriques figurent parmi les thèmes abordés.