Le système de suivi de la densité du grand gibier
- Session : 2014-2015
- Année : 2015
- N° : 109 (2014-2015) 1
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Question écrite du 17/02/2015
- de KNAEPEN Philippe
- à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région
Voilà un moment que les chasseurs demandent la création d’un nouvel outil de comptage pour autant que la méthode et son interprétation soient contradictoires, car si on en croit le Royal Saint-Hubert club, entre ce qui est observé et le résultat annoncé, l’administration applique un facteur multiplicateur de façon non contradictoire.
Il est très important de pouvoir objectiver les densités de gibier et la pression sur le milieu. La méthode actuelle consiste à établir le plan de tir de l’espèce cerf, une circulaire oblige à déterminer la densité d’animaux exprimée en nombre de bêtes par 1 000 hectares, le plan de tir est fixé sur base de ce nombre pour tendre vers une densité-objectif en tenant compte de la richesse du milieu et donc de sa capacité d’accueil. Or, à l’heure d’aujourd’hui, aucune méthode de comptage faisant référence n’est imposée. C’est ainsi que certains recensements reposent uniquement sur des observations de terrain (de jour, de nuit, lors de sorties de chasse, au moment du brame...), d’autres sur des mesures effectuées sur les animaux tués à la chasse, d’autres sur une combinaison de ces deux approches.
L’hétérogénéité des méthodes de quantification ne concourt pas à l’objectivité. Pourtant une nouvelle approche basée sur une vieille méthode tend à se généraliser, elle a été expérimentée en Wallonie.
Les comptages aux phares sont pratiqués depuis longtemps pour dénombrer le nombre de cerfs et biches.
La nouveauté réside premièrement dans la standardisation à outrance de cette technique : le même tracé est parcouru toujours de la même manière et dans les mêmes conditions. Trois répétitions au minimum permettent de calculer une moyenne annuelle de cerfs observés par km parcouru (indice nocturne d’abondance). Au bout de 3 années de recul, il est ensuite possible d’établir la tendance de l’évolution de la population sur pied de manière fiable.
Deuxième changement : comme ce résultat ne peut en aucun cas être traduit en termes de densité, il est utilisé à la lumière des données de mortalités collectées par la DNF qui rédige systématiquement un constat de tir ou de mortalité pour chaque cerf mort. L’analyse de l’évolution de l’indice et du prélèvement permet d’ajuster chaque année le plan de tir afin qu’il permette de prélever au moins l’accroissement de population.
Ce raisonnement, plus mathématique, donne apparemment des résultats plus proches de la réalité que ceux issus des méthodes “exhaustives” de recensement.
Monsieur le Ministre pourrait-il me dire s’il a eu des contacts avec les professionnels du secteur (association de chasseurs, DNF, … ) sur ce sujet ?
Compte-t-il avancer dans la mise en place d’un système contradictoire de suivi de la densité du grand gibier ?
Réponse du 12/03/2015
L’approche pour évaluer chaque année les populations de cerfs présentes en Wallonie repose effectivement sur des comptages nocturnes aux phares et sur une analyse des tableaux de chasse des trois dernières années.
Les comptages nocturnes aux phares sont réalisés sur des parcours prédéterminés qui couvrent le massif forestier à inventorier, en respectant un protocole d’exécution bien défini. Chaque année, les opérations sont répétées exactement dans les mêmes conditions. Ces comptages annuels se traduisent par la détermination d’un indice nocturne d’abondance annuel (nombre de cerfs aperçus par kilomètre), dont l’évolution au cours du temps fournit la tendance d’évolution pour la population de cerfs que l’on cherche à estimer. Un des grands avantages de ces comptages est qu’ils sont contradictoires, c’est-à-dire qu’ils associent l’administration forestière et les chasseurs.
Les tableaux de chasse permettent quant à eux de simuler comment la population de cerfs aurait théoriquement évolué en partant de différentes hypothèses de densité pour cette population trois ans auparavant. En Wallonie, on dispose d’un enregistrement fiable, année après année, de toutes les mortalités de l’espèce cerf, que celles-ci soient dues à la chasse ou à une autre cause. Tout animal tiré ou trouvé mort fait en effet l’objet d’un constat de tir/mortalité dressé par un agent de l’Autorité. Aucun autre pays ne bénéficie d’un suivi aussi fiable des mortalités. Étant donné que le taux d’accroissement d’une population de cerfs est pratiquement constant d’une année à l’autre, des simulations d’évolution de la population en partant de différentes hypothèses de densité peuvent être aisément calculées de façon tout à fait objective et fiable. L’hypothèse de densité qui s’avère finalement être la plus probable est celle pour laquelle la simulation de l’évolution de la population est la plus proche de celle montrée par l’évolution de l’indice nocturne d’abondance.
Cette méthode est aujourd’hui très largement appliquée par l’administration, puisqu’au total il y a actuellement quelque 225 parcours totalisant 5 860 km qui ont été définis.
Cette nouvelle approche a été exposée l’année dernière par le Département de la Nature et des Forêts à un panel de représentants du monde de la chasse réuni à l’initiative de mon prédécesseur.
J’estime donc que le débat aujourd’hui n’est plus tellement de savoir quelle est la densité actuelle de la population de cerfs sur un massif donné, mais de s’accorder sur les densités à ne pas dépasser en vue de préserver au mieux les intérêts des propriétaires forestiers et de la filière bois et de maintenir un maximum de biodiversité en forêt.