L'éclairage public intelligent
- Session : 2015-2016
- Année : 2016
- N° : 424 (2015-2016) 1
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Question écrite du 16/03/2016
- de BALTUS-MÖRES Jenny
- à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie
Lors du Salon des mandataires, j'ai pu suivre un débat intéressant sur le sujet de "smart city", lors duquel le modèle de "smart lighting" pour les villes et communes nous a été présenté. Avec l'aide d'un mécanisme de détecteur de mouvements, il est ainsi possible d’économiser certaines dépenses d'énergie pour l'éclairage public. La ville de Wavre peut, par exemple, être nommée comme référence.
Je pense que de tels projets ne peuvent laisser Monsieur le Ministre indifférent en tant que ministre de l’Énergie et des Pouvoirs locaux.
Dès lors, connaît-il ce projet et comment se positionne-t-il face à l’idée d’offrir des subsides aux communes désireuses d’investir dans ce modèle d'éclairage public intelligent ?
Réponse du 31/05/2016
Le lotissement « Village Expo » de la ville de Wavre a été effectivement entièrement équipé d’un nouvel éclairage public doté de la technologie « SmartNodes » qui est un système dynamique permettant l’adaptation de la luminosité selon l’utilisateur de la voirie. Les luminaires, interconnectés entre eux, créent ainsi une « bulle de lumière » autour de l’usager lors de son passage.
Ce système nécessite l’installation de luminaires neufs équipés de LED qui sont les seuls à avoir un temps de réaction quasi instantané permettant de moduler continuellement l’intensité des sources lumineuses en fonction du trafic.
Les avantages de ce système «intelligent» sont nombreux.
Il permet aux luminaires de «communiquer» entre eux. Il peut être facilement piloté à distance. Il est adaptable à tout fabricant de luminaire. Il permet une diminution de la pollution lumineuse. Il permet de fournir aux opérateurs toute une série d’informations sur l’état du système; par exemple établir des statistiques sur le fonctionnement du système, détecter les luminaires qui sont en panne, donner la consommation réelle (et plus estimée comme auparavant),…
En ce qui concerne temps de retour sur investissement, il faut relativiser les chiffres avancés par le fabricant de SmarNodes, car ils dépendent fortement de la puissance initiale du luminaire à remplacer. Celui-ci sera relativement court si la puissance du luminaire à remplacer est importante.
Par exemple pour le remplacement de luminaires de 250 W de puissance nominale installés sur les grands axes routiers, le TRI est d’environ 5 ans, mais il sera compris entre 10 et 20 ans pour le remplacement des nombreux luminaires de 36 W de puissance nominale installés en zone rurale.
Le réseau d’éclairage public communal wallon est équipé d’environ 600.000 luminaires dont 22 % sont arrivés en fin de vie (soit 132.000 luminaires qui ont plus de 25 ans) et dont 29 % (soit 174.000 luminaires) sont équipés d’une technologie qui ne sera plus suivie d’ici peu par les grands constructeurs (lampes à décharge de la famille des vapeurs de sodium basse pression).
Devant ce nombre important de luminaires à remplacer, leur rénovation devra être réfléchie et se faire étape par étape.
Tout d’abord il y a lieu de choisir la technologie LED qui est actuellement arrivée à maturité et qui procure des avantages indéniables par rapport à la technologie des lampes à décharge. Elle permettra de réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 50 à 60 %. Ensuite, si le but principal est de réaliser des économies d’énergie supplémentaires, un simple boitier préprogrammé par paliers horaires permettant de faire du dimming sera le plus économiquement intéressant (10 à 20 % d’économies supplémentaires). Enfin, si on s’inscrit dans une démarche de ville intelligente, la technologie Smart Nodes trouve tout son sens grâce aux avantages énumérés ci-dessus et cela malgré un investissement de départ fort important (on compte environ 600 euros par module «SmartNodes » et par luminaire pour un prix d’achat d’un luminaire LED de 300 à 400 euros). Elle permettra également de réaliser des économies d’énergie totales pouvant atteindre 80 %.
Ce système très intéressant est particulièrement adapté aux voiries où la vitesse et la fréquentation des véhicules sont peu élevées par exemple les zonings industriels, les pistes cyclables, les voiries piétonnes, les parcs,…
Cependant toutes les voiries n’en ont cependant pas forcément besoin. Ainsi, les axes très fréquentés ne doivent pas connaître des adaptations aussi performantes de l’éclairage, car le gain en termes économiques et en termes de sécurité ne justifie pas toujours de tels investissements.
Les économies d’énergie qui peuvent être réalisées dans l’éclairage public communal ont toujours fait partie de mes préoccupations.
Nous avons mené une politique volontariste depuis plus de 20 ans pour améliorer l’efficacité énergétique de l’éclairage public communal, grâce notamment aux programmes de subsides EPEE (de 1989 à 1998) et ensuite EPURE (à partir de 1999).
Par ailleurs le Gouvernement wallon, à mon initiative comme parlementaire à l’époque, a permis la reconnaissance de l'entretien des installations d'éclairage public en tant qu'obligation de service public à charge des GRD et a ainsi permis de décharger les communes de ce poste d'entretien (environ 50 % de la facture éclairage public) et du poids financier du remplacement de 30.000 luminaires obsolètes en mutualisant les frais sur l'ensemble des consommateurs.
Par ailleurs, afin d’aider les communes à financer le renouvellement de leurs installations d’éclairage public énergivores obsolètes, le Gouvernement wallon de la dernière législature a également mis en place un mécanisme financier qui ne va pas entraîner de surcoût pour les communes, car ce seront les GRD et la SOWAFINAL (filiale de la SRIW) qui financeront le remplacement de ces luminaires et qui se rembourseront sur les économies d’énergie engendrées après remplacement.
Je ne peux évidemment qu’encourager le remplacement des luminaires énergivores, mais j’insiste sur l’éventualité de devoir recourir à d’autres sources de financement que les subventions ou les OSP à charge du marché de l’électricité et in fine sur la facture électrique du consommateur.