Les chiffres des discriminations à l'embauche en Wallonie portant sur différentes catégories de population
- Session : 2015-2016
- Année : 2016
- N° : 240 (2015-2016) 1
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Question écrite du 25/04/2016
- de DOCK Magali
- à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation
Le huitième Baromètre du défenseur des droits et de l’organisation internationale du Travail révèle qu’en France la perception des discriminations à l’emploi la discrimination sur l’âge, et non pas celle sur les origines, serait la première discrimination à l’embauche.
Principalement ce sont les seniors de plus de 55 ans qui sont concernés par cette discrimination. Ce serait le critère le plus discriminant (88 %) avant la maternité (85 %), le handicap (77 %) et l'obésité (75 %).
Quant à l'origine, elle est considérée comme un facteur discriminant par « seulement » 66 % des personnes interrogées qui estiment qu'un nom à consonance étrangère peut être un frein pour trouver du travail et 62 % des sondés qui pensent que la couleur de peau peut être pénalisante. Également, un tiers des demandeurs d’emploi français se disent avoir déjà été victime de discrimination à l’embauche, et même 19 % d’entre eux de manière répétée.
Existe-t-il des baromètres similaires en Wallonie ? Si oui, quels en sont les résultats pour les thèmes que je viens d'évoquer ? Sinon, quand et comment ce type de baromètre sera-t-il mis en place pour pouvoir lutter plus efficacement contre ces discriminations ?
Les discriminations à l’embauche dénoncées chez nos voisins français restent également un phénomène préoccupant chez nous. En effet, en 2015, la dernière enquête eurobaromètre relative à la discrimination dans l’Union Européenne révélait que 59 % des citoyens belges interrogés (56 % dans l’UE28) estiment que les personnes âgées de plus de 55 ans sont discriminées à l’embauche. Il s’agirait du second critère le plus discriminant, juste derrière la couleur de peau ou l’origine ethnique (61 %, contre 46 % dans l’UE28).
Perception de la discrimination à l’embauche selon différents critères (voir annexe)
L’ensemble des résultats est accessible via l’adresse électronique suivante :
http://ec.europa.eu/COMMFrontOffice/PublicOpinion/index.cfm/Survey/getSurveyDetail/instruments/SPECIAL/surveyKy/2077
Par ailleurs, en 2012, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (maintenant appelé « Unia ») a également publié un 1er baromètre sur la diversité au niveau de l’emploi au niveau belge. La publication du 2e est prévue pour 2018, avec une actualisation des données étudiées.
Ce 1er baromètre est accessible via le lien suivant :
http://unia.be/fr/publications-et-statistiques/publications/barometre-de-la-diversite-emploi
Ce baromètre étudie et présente les motifs de discrimination à l’embauche, tels que l’âge, l’origine, le handicap et l’orientation sexuelle. L’impact de la crise y a également été analysé au regard de ces critères.
Ici aussi, le critère de l’âge est largement présenté et décrit comme un facteur de discrimination important et dominant. Ce baromètre révèle notamment que:
* le risque de discrimination des personnes de plus de 45 ans est considérable dès les premières étapes de la sélection : les candidats de plus de 45 ans subiraient un "désavantage discriminatoire" de 7 à 8 % par rapport à un candidat de 35 ans au moment de la convocation à un entretien ;
* près de la moitié des responsables des ressources humaines déclarent que l'âge d'un candidat exerce une influence sur la sélection initiale ;
* 15 % des responsables de la sélection affirment que les candidats âgés doivent davantage faire leurs preuves que les jeunes. ;
* 12 % des travailleurs interrogés ont été témoins de discrimination fondée sur l'âge et 6 % en ont été les victimes, au cours des deux dernières années ;
* seule une organisation sur trois déclare investir dans la formation des personnes de plus de 45 ans ;
* un Belge sur trois pense qu'une entreprise qui occupe principalement des travailleurs "âgés" sera moins performante.
Par ailleurs, le Centre pour l’égalité des chances insiste sur le fait que:
* un travailleur de plus de 55 ans peut être un investissement plus sûr qu'une personne de 25 ans (risque de changer d'emploi dans les 5 ans) ;
* les qualités reconnues aux travailleurs plus âgés sont loin d'être négligeables : plus d'expérience (90 % en plus) et plus de fiabilité (67 % en plus) ;
* les travailleurs de plus de 55 ans prennent plus facilement des décisions et trouvent plus rapidement des solutions aux problèmes.
Quant au taux d’emploi des travailleurs âgés, bien qu’inférieur au taux d’emploi des 20-64 ans (61,5 % en Wallonie en 2015, contre 67,2 % en Belgique), le taux d’emploi des 55-64 ans n’a cessé de croître ces dernières années, passant de 24,3 % en 1999 à 40,8 % en 2015 en Wallonie (24,6 % à 44,0 % en Belgique) (Source : SPF Economie, Enquête sur les Forces de Travail, 2015).
Enfin, une nouvelle publication du baromètre de la diversité au niveau de l’emploi est prévue pour 2018. Les résultats nous permettront d’objectiver l’évolution des discriminations et d’optimiser les mesures de lutte contre celles-ci.
Entretemps, la lutte contre les discriminations et son pendant positif et préventif, la sensibilisation à la gestion de la diversité des ressources humaines comme valeur ajoutée dans les entreprises et les organisations doivent rester une priorité, à tous les niveaux, dont celui des politiques de l’emploi. C’est la raison de mon soutien à la dynamique développée dans ce cadre.