L'implication du pôle de compétitivité MecaTech au niveau de la remédiation des problèmes du béton absorbant
- Session : 2015-2016
- Année : 2016
- N° : 386 (2015-2016) 1
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Question écrite du 14/06/2016
- de DOCK Magali
- à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique
Alors que nous avons récemment connu des inondations dans certaines parties du pays, des innovations intéressantes concernant le « béton absorbant » sont récemment apparues et ont été développées par quelques entreprises européennes, mais aucune en Belgique. Or, on a le pôle de compétitivité MecaTech qui a notamment comme axe stratégique de penser aux matériaux et surfaces du futur.
Ce béton absorbe 1 000 litres d’eau par minute et par mètre carré. Un système de drainage se trouve dans la confection de ce béton. À la surface, une première couche perméable est composée de cailloux suffisamment espacés pour permettre l'évacuation de l'eau de manière quasi instantanée. En dessous, une seconde couche dite « d’atténuation » redirige l'eau dans un système de drainage communicant avec les réservoirs d’eau souterraine de la ville, afin de la recycler. Il peut aussi éliminer des polluants comme l’huile moteur.
Selon le directeur commercial de Tarmac, l’entreprise qui commercialise ce béton, le prix est similaire à d’autres types de béton. Il peut être utilisé sur les routes, les parkings, les pistes cyclables, les allées, entre autres car il résiste au poids des différents véhicules. Le gros problème est que ce dispositif est complètement inefficace, et même contre-productif si la température descend en dessous de 0 °C, ce qui arrive en Région wallonne. L’eau gèlerait, gonflerait et détruirait le système d'évacuation.
Le Pôle de compétitivité MecaTech a-t-il soutenu des programmes de recherches visant à remédier à ce défaut majeur ?
Des entreprises wallonnes investiguent-elles le sujet ?
Réponse du 14/09/2016
L’urbanisation, et la forte augmentation des surfaces revêtues qui l’accompagne, ont pour conséquence que les eaux de pluie ne peuvent plus pénétrer naturellement dans le sol. De grandes quantités d’eau doivent dès lors être évacuées via les réseaux d’égouttage vers les cours d’eau. Lors de fortes chutes de pluie, ces réseaux d’évacuation sont parfois saturés, ce qui peut provoquer une inondation.
Dans ce contexte, le fabricant britannique de matériaux de construction « Tarmac » a mis au point une nouvelle forme de revêtement, dénommé « Topmix Permeable », qui est capable d’absorber des centaines de litres d’eau en quelques secondes. Celui-ci fonctionne grâce à un système de drainage intégré dans la confection du béton qui redirige l’eau vers un réservoir souterrain permettant son recyclage.
Il présente l’avantage de pouvoir être utilisé sur les routes, les parkings, les pistes cyclables et les allées. Il ne peut cependant être installé dans un pays où la température passe en dessous de zéro, car l'eau gèlerait, gonflerait et détruirait le système d'évacuation. C’est donc fort intéressant, mais cela limite fortement son utilisation en Europe du Nord.
Il existe une alternative à ce type de béton : le revêtement en pavé de béton drainant. Les pavages drainants permettent l’infiltration des eaux dans le sol. L’eau est stockée provisoirement dans les fondations puis évacuée dans le sol. Ceci permet non seulement de soulager les égouts, mais aussi de rétablir le niveau des nappes phréatiques.
Le Centre de Recherches routières effectue depuis plusieurs années un travail de validation de ces solutions, notamment sur le plan du traitement biologique des eaux par des micro-organismes incorporés dans ces structures. Deux projets de recherche sont financés dans ce cadre : le projet « Dépollution des eaux de ruissellement au moyen de structures routières drainantes » et le projet « Dépollution durable des eaux de ruissèlement au moyen de structures routières drainantes », le second étant la suite du premier.
Ces deux projets sont menés par les mêmes porteurs : la division « Routes en béton et pavages – Environnement – Géotechnique » du Centre de Recherches Routières ; le Centre d’Etudes Wallon d’Assemblage et du Contrôle des Matériaux ; le CELABOR et le Centre wallon de Biologie industrielle de l’Université de Liège. Le premier a été mené du 1er octobre 2012 jusqu’au 31 décembre 2014 et porte sur un montant de 1.105.564 euros, dont 875.173 euros de financement public. Le second a été mené du 1er janvier 2015 et se terminera le 31 décembre 2016. Il porte sur un montant de 939.511 euros, dont 743.733 euros de financement public. Les deux projets ont le même objet : la détermination de l’ensemble des paramètres permettant aux structures routières drainantes d’agir comme élément dépolluant des eaux de ruissèlement.
Le projet est en cours de réalisation. Une demande a été introduite auprès du Service public Wallonie pour qu’un responsable du groupe de rédaction du cahier des charges type « Qualiroutes » intègre le Comité de Pilotage Industriel. Le SPW a répondu positivement et suit les résultats du projet. Le programme impose qu’un comité de pilotage industriel soit mis en place pour suivre la recherche et, éventuellement, l’orienter.
Le cahier des charges type « CCT Qualiroutes » du SPW prévoit en un chapitre relatif aux prescriptions pour la réalisation d’un revêtement drainant en béton ou en enrobé bitumineux. Lorsque les conditions sont remplies, un tel ouvrage est envisageable en Wallonie avec la technologie et la maîtrise wallonne.
Le pôle Mecatech est moins concerné par ce type de projet que le pôle Greenwin puisqu’il revient à ce dernier de mener des projets dans le domaine des matériaux durables, Mecatech travaillant quant à lui sur la question des matériaux dans le champ plus spécifique du génie mécanique.