Les conclusions d’Itinera sur l’intégration des réfugiés en matière d’emploi et de formation
- Session : 2016-2017
- Année : 2016
- N° : 88 (2016-2017) 1
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Question écrite du 15/12/2016
- de KNAEPEN Philippe
- à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation
Itinera est une cellule de réflexion qui étudie d’importantes questions sociales en toute objectivité et dans une totale indépendance, en vue d’une amélioration de la politique.
Cette cellule d’experts s’est penchée plus attentivement sur le cas des réfugiés en matière d’accès à l’emploi. Les conclusions d’Itinera ont été relayées par voie de presse via la voix de son directeur, Marc De Vos. Et ces conclusions sont plutôt alarmantes.
Selon Marc De Vos, la Belgique risque de faire face à une crise de demandeurs d’emploi, consécutive à la crise des réfugiés de 2015. Toujours selon le directeur, « la Belgique n'a pas de monitoring correct. On ne connaît pas précisément le niveau de formation des réfugiés. On ne sait pas dire s'ils sont bien inscrits comme demandeurs
d'emploi et suivre leur parcours. En la matière, seul Actiris tient des statistiques distinctes pour les réfugiés. Le FOREm en Wallonie et le VDAB en Flandre ne le font pas encore ».
Madame la Ministre confirme-t-elle ces données ? Comment explique-t-elle cette absence de données, ce manque de traçabilité et ce manque de précision quant au niveau de formation de ces primo-arrivants ?
Dans sa réponse à une question parlementaire, Madame la Ministre indiquait qu’ « un plan wallon a été développé pour l'emploi des primo-arrivants. Fin juin 2016, le FOREm comptabilisait, parmi les principales nationalités concernées des publics s'étant adressés à lui, 953 personnes effectivement inscrites comme demandeuses d'emploi, 283 personnes supplémentaires faisant l'objet d'une inscription limitée dans l'attente d'obtenir leur permis de travail. ». En outre, Madame la Ministre donnait la répartition de ces demandeurs par nationalité et le top 5 des emplois recherchés ; ces emplois étant tous des métiers sans compétence spécifique requise.
Selon les données glanées par Marc De Vos, et malgré de nombreux effets d’annonce sur le potentiel de ceux-ci, il semble que « trois quarts des réfugiés arrivant en Belgique n'ont pas suivi de formation supérieure et près d'un sur cinq est analphabète. » De plus, à titre d’exemple, sur les 5.660 demandeurs d'asile qui résidaient en centre d'accueil Fedasil à la mi-2016, 54 % pouvaient travailler. Mais seulement 111 l'avaient déjà fait, soit à peine 3,5 %. C’est pourquoi Itinera évoque un risque de "perte totale" pour le marché du travail.
Dans les chiffres que Madame la Ministre évoque en termes de primo-arrivants inscrits comme demandeurs d’emploi, combien ont effectivement trouvé un travail cette année ? Quel pourcentage les demandeurs d’emploi représentent-ils par rapport au nombre total de réfugiés en Wallonie ? Des mesures spécifiques et concrètes sont-elles envisagées pour éviter cette perte totale évoquée par Itinera ?
Par ailleurs, le nombre croissant de demandeurs d’emplois, au-delà des graves problèmes sociaux et d’intégration qu’il induit, pèsera financièrement lourd pour la Wallonie. Des mesures d’aide à l’emploi préventives ne seraient-elles pas plus pertinentes ? Des pistes de réflexion sont-elles déjà sur la table du Gouvernement ? Quelles sont-elles ?
Réponse du 22/02/2017
Les constats du think tank « Institut Itinéria » sont principalement les suivants :
- la nécessité d’une évaluation rapide des connaissances et compétences des migrants,
- la nécessité de données cohérentes sur les profils,
- les difficultés de maîtrise de la langue et la nécessité d’intégrer les cours de FLE dès le début du parcours d’intégration pendant la phase de demande d’asile, sous peine de retarder l’entrée sur le marché du travail.
Il convient de nuancer quelque peu ces constats. Selon le FOREm, la réalité des primo-arrivants qui s’inscrivent comme demandeurs d’emploi est constituée essentiellement de profils peu qualifiés (manutentionnaires, réassortisseurs, plongeurs dans les restos, …) alors que l’on annonçait des publics qualifiés.
Pour ce qui concerne le volet parcours d’intégration relevant de mon collègue en charge de l’Action sociale, les dispositions ont été prises en concertation avec mon département pour que les modules de citoyenneté et de FLE soient entamés dès l’entrée dans le parcours d’intégration.
Par ailleurs, le FOREm a mis en place avec les CRI une convention de partenariat de nature à fluidifier les parcours et à les rentre plus efficients (capitalisation des acquis, raccourcissement des parcours,…) et favoriser l’intégration des primo-arrivants sur le marché du travail. Un projet de convention a été validé par le bureau exécutif le 22 novembre dernier. Il doit être avalisé en concertation avec mon Collègue Maxime Prévot.
En ce qui concerne les actions concrètes menées :
* 2.010 primo-arrivants sont inscrits comme demandeur d’emploi au FOREm. Le FOREm a rencontré chacun de ces DE et leur a proposé son offre de services.
* D’ores et déjà 364 d’entre eux bénéficient ou ont bénéficié d’un accompagnement individualisé, d’actions d’orientation ou d’une formation professionnelle (axée métiers).
* Par ailleurs, chacun a été encouragé à suivre ou poursuivre des modules de FLE et la plupart d’entre eux suivent cette formation soit au FOREm, soit en promotion sociale ou encore dans un CISP (principalement Lire et Ecrire). Ces formations FLE sont notamment suivies en parallèle des formations professionnalisantes ou intégrées dans une formation métier.
Un monitoring affiné des chiffres en termes d’insertion et de participation des primo-arrivants aux actions de formation portées par les partenaires du FOREm vient d’être finalisé.