L'emploi des femmes dans le secteur du numérique
- Session : 2016-2017
- Année : 2017
- N° : 178 (2016-2017) 1
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Question écrite du 23/02/2017
- de LECOMTE Carine
- à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation
Selon le Baromètre 2016 de la société de l’information du SPF Economie , les femmes sont sous-représentées dans la profession de spécialiste des TIC en Belgique. En effet, cette profession ne compte que 16,4% de femmes, alors qu’elles représentent 46,6% de l’emploi total.
Par ailleurs, seulement 13,7 % des start-up créées en Belgique le sont par des femmes. Tout un contraste lorsque l’on sait que les utilisateurs des réseaux sociaux sont majoritairement des femmes: elles sont des utilisatrices confirmées dans la plupart des activités où elles sont présentes. Le véritable problème semble se situer au niveau des métiers des TIC proprement dits, précise Loubna Azghoud, gestionnaire du projet Entrepreneuriat Féminin pour impulse.brussels.
En effet, partout en Europe, la proportion de femmes occupées dans ces métiers est très faible et, par conséquent, la proportion de femmes dans les cursus scolaires formant à ces métiers. Les femmes sont donc largement absentes des lieux où se conçoivent et se maîtrisent les enjeux des TIC.
Cependant, accroître la présence des femmes dans le secteur de l'économie numérique de l'UE permettrait d'augmenter de 9 milliards d’euros le PIB annuel, selon une étude de l’Union européenne.
En outre, d'ici 4 ans, le PIB belge pourrait lui augmenter de 45 milliards d' euros grâce à l'économie numérique, ceci via l'automatisation des procédés de production, le développement du commerce électronique et l'instauration d'un digital single market européen, indique un rapport du Boston Consulting Group (BCG) de 2016. De plus, toujours selon le BCG, grâce à l'économie numérique, on pourrait aboutir à la création de 275.000 à 385.000 emplois net à l'horizon 2020.
J'en viens à mes questions.
Qu'en est-il de l'emploi des femmes dans le secteur numérique en Région wallonne (pourcentage de femmes présentes dans ce secteur, évolution de ce pourcentage, ...) ?
Quelles sont les actions entreprises par le département de Madame la Ministre afin de renforcer, auprès des femmes, l'attractivité de ce secteur ?
Quelles sont les formations en lien avec le domaine numérique proposées par le FOREM ? Parmi celles-ci, quel est le pourcentage de femmes qui les suivent ?
Réponse du 15/03/2017
Le Baromètre 2016 de la société de l’information publié par le SPF Économie présente l’emploi dans les TIC en se focalisant sur les métiers de « spécialistes des TIC » ou « ICT SPECIALIST », c’est-à-dire des « travailleurs ayant la capacité de développer, faire fonctionner et assurer la maintenance de systèmes TIC, et pour qui les TIC constituent la partie principale de leur emploi » (Eurostat, Reference Metadata, ICT specialists in employment (isoc_skslf)). Une distinction importante doit cependant être faite entre deux grands types de profils : « Spécialistes TIC » et « compétences numériques ».
En ce qui concerne les « Spécialistes TIC », on observe une baisse du volume d’emploi pour le volet exploitation (réseaux) entraînant une augmentation du niveau d'exigence en qualifications. Il s’agit de la spécialité où les femmes sont les plus sous-représentées et cela pèse négativement sur la proportion de femmes présentes dans les 2 autres volets que sont le développement et surtout l’analyse/gestion de projets. Il faut savoir que la Wallonie représente environ 15 % de l’emploi TIC en Belgique et compte peu de grandes sociétés dans le secteur numérique alors que celles-ci emploient 91 % de spécialistes TIC (Eurostat 2016).
Si l’évolution du nombre de femmes dans les filières d’enseignement « TIC » n’évolue pas favorablement, davantage de femmes s’inscrivent dans cette filière en cours de carrière (formation professionnelle).
Sur la base d’une analyse des chiffres Eurostat 2014 (année de référence du Baromètre), on constate que 26 % de femmes étaient actives dans ce secteur en Belgique pour 21 % en Wallonie. Tenant compte des chiffres de 2015, si les chiffres globaux sont restés stables, la proportion wallonne a augmenté de 2 %. Le différentiel semble donc être en voie de résorption.
À côté des entreprises au cœur du numérique se sont développées des entreprises qui ont pu émerger grâce aux TIC (e-commerce, services en ligne, …), de même que celles qui ont gagné en productivité grâce aux TIC (administrations, …). Au-delà d’une branche de l’économie classique, le numérique a gagné de multiples domaines et le concept d’« économie numérique », souvent confondu avec les secteurs qui comptent des activités de commerce de détail en ligne et de marketing, se propage de secteur en secteur, jusqu’aux activités manufacturières, agricoles, de la santé ou énergétiques. Ainsi, c’est l’économie dans son ensemble qui devient « numérique ». C’est dans ce contexte que les « Compétences numériques » (DIGITAL SKILLS) définissent des profils aux compétences plus transversales (analystes et chefs de projets cumulant culture d'entreprise, expertise d'autres filières métiers, culture projet et culture ICT et numérique). Les analyses montrent que ces profils vont subir une forte demande liée à l’évolution numérique de tous les métiers, mais également aux actions permettant d’éviter toute forme d’exclusion liée à l’économie numérique (fracture numérique) et d’augmenter les compétences de tous les citoyens et particulièrement des demandeurs d’emploi.
Le FOREm a effectué l’analyse de la transition numérique par secteur :
https://www.leFOREm.be/chiffres-et-analyses/metiers-d-avenir-transition-numerique.html
Pour les compétences numériques, la proportion de femmes est similaire à celle des hommes et même supérieure pour certaines catégories d’activités (réseaux sociaux, e-commerce, …) ou certaines tranches d’âges (25-54 ans). L’évolution numérique de tous les métiers constitue donc une opportunité pour les femmes dans la mesure ou les organismes comme le FOREm et ses partenaires permettent leur valorisation sur base du C.V. Europass, du référentiel européen Digcomp et des tests de positionnement numérique.
La Wallonie dispose d’un programme ambitieux au travers du Plan Marshall 4.0 et du Plan du Numérique. Dans ce contexte, le FOREm s’associe à de nombreuses initiatives wallonnes qui visent ou participent à augmenter la place des femmes dans les TIC ou le numérique :
* Interface 3, Microsoft, Hautes écoles, … projet « Genre&tic » (capsules et fiches métiers à destination des jeunes et des femmes), projet « Evolutic » (participation active en 2014 et 2016)
* AdN
* Projet Wallcode lancé au parlement wallon le 16/11/2016
* Proximus, Centres de compétence
* Projet Digitalent
* Futurocité, IBM, CETIC … hackathon “citizensofwallonia”
* PMTIC …
La plupart de ces projets enregistrent un taux de participation féminine plus élevé que leur représentation dans le secteur. Dans le même principe, il a été constaté que la formule « Online learning » ou les MOOCs sont particulièrement appréciés par les femmes. Combiné à l’utilisation du référentiel Digcomp, le FOREm peut mettre en perspective les opportunités de carrière et ainsi contribuer à augmenter la représentation des femmes dans le secteur.
En termes de fréquentation des formations « Spécialistes TIC », en s’appuyant sur la même période de référence que le « Baromètre 2016 » de l’ADN, on constate que la proportion de femmes dans les différents Centres de compétence est la suivante :
* Technifutur : 23,6 %
* Technofutur TIC :44,7 %
* Technobel : 20 %
* Technocité : 26 %
* Cepegra : 50,4 %
Concernant l’offre liée aux compétences digitales, la proportion de femmes est importante : de 55 % en 2014, elle monte à 61 % en 2015.
Si cette proportion tient compte de l’ensemble des éléments décrits précédemment, il faut signaler également que, pour une partie importante des formations, en lien avec des métiers liés au secrétariat ou à l’activité de bureau. En cohérence avec les tendances identifiées par les travaux de l’AMEF et les tables rondes des Domaines d’Activités stratégiques, le FOREm veille à faire évoluer cette offre vers le cadre plus large des compétences numériques et donc, par ce biais, à renforcer une représentation cohérente des femmes dans le secteur du numérique.