L'agriculture connectée en Wallonie
- Session : 2016-2017
- Année : 2017
- N° : 423 (2016-2017) 1
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Question écrite du 27/04/2017
- de KAPOMPOLE Joëlle
- à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région
En effectuant une revue de presse, j’apprenais que des chercheurs, ingénieurs polytechniciens et agronomes, mettaient au point des vaches connectées permettant au fermier de vérifier l’état de santé des vaches, leur déplacement et même la hauteur de l’herbe des pâtures dans lesquelles elles évoluent...
Ceci n’est ni un gadget, ni anodin, dès lors que certaines parcelles sont fort grandes et que le nombre de bêtes est parfois conséquent
Intriguées par le concept je découvrais qu’en France, les technologies nouvelles avaient fait leur entrée dans le monde de l’agriculture : vaches connectées ou utilisation de drones…(http://www.europe1.fr/technologies/agriculture-connectee-un-drone-pour-etablir-un-bilan-de-sante-des-plantes-2994017)
La Wallonie semble très en retard par rapport à ces technologies innovantes et utiles.
Que pense Monsieur le Ministre de ces avancées ?
Où en sont les fermages wallons ?
Quelles synergies pourrait-il mettre avec son homologue wallon en charge de l’Industrie et des Technologies nouvelles, Jean-Claude Marcourt ?
Réponse du 19/05/2017
L'impression de l'honorable membre que la Wallonie est en retard en matière d’agriculture connectée n’est pas juste ! Il est nécessaire de distinguer les perspectives de recherche de ce qui est utilisé et rentables dans nos exploitations.
En Wallonie, cela fait déjà plusieurs années que des équipes universitaires des facultés d’agronomie et de la faculté de médecine vétérinaire, ainsi que du centre wallon de recherches agronomiques mènent des expériences tant en matière d’élevage qu’en conduite des cultures, en faisant appel à de la géolocalisation pour apporter avec plus de précision les intrants, à des programmes de gestion de troupeau pour assurer un suivi sanitaire, etc.
Ainsi, le CRA-W mène des expériences d’agriculture de précision en se basant sur des images satellitaires et sur l’usage de drones et de tracteurs avec de l’électronique embarquée. Il en ressort des économies de carburant et d’intrants avec une plus grande précision dans les apports d’engrais et de produits de protection des cultures, en ne ciblant que les endroits où il faut intervenir. De plus, lors de la récolte, les rendements sont mesurés et une cartographie de précision est enregistrée et sera utilisée lors des travaux futurs. De plus en plus d’agriculteurs sont équipés de ce type de matériel. La Wallonie soutient financièrement aussi un projet de l’ULg (projet ERANET) mené en collaboration avec des équipes universitaires européennes, dont l’objectif est de suivre des troupeaux de vaches laitières en production biologique, en vue de mieux connaître leur comportement et pouvoir assurer plus de bien-être à ces vaches laitières.
Enfin, de nombreuses exploitations utilisent des logiciels de gestions de troupeau basés sur la salle de traite, voire le robot de traite. Les animaux identifiés par un collier ou des boucles électroniques voient leur consommation d’aliments, leur production et la qualité de celle-ci mesurées. Il en ressort un suivi sanitaire plus performant, une meilleure maîtrise des intervalles de vêlage (suivi des chaleurs), une sélection génétique des vaches les plus productrices, etc.
Il faut cependant être conscient que ces solutions demandent des investissements importants et que leur rentabilité n’est atteinte qu’à partir d’un certain volume de production ou d’une superficie importante des exploitations. C’est donc à une agriculture plus « industrielle » que ces solutions s’imposent. Pour les plus petites exploitations aux troupeaux plus modestes, aux parcelles plus petites, et elles sont la majorité en Wallonie, l’usage de ces techniques ne peut se faire qu’en les mettant en commun. C’est ce que font des associations comme l’Association wallonne de l’élevage ou des centres pilotes largement soutenus par la Wallonie et qui apportent des réponses en utilisant ces outils d’aide à la décision et en mettant les résultats à la disposition de leurs membres.
Je tiens à renforcer ces services plus qu’à encourager des agriculteurs à investir individuellement dans des techniques qui sont appelées à encore évoluer.