La qualité de l'air dans les écoles
- Session : 2017-2018
- Année : 2018
- N° : 925 (2017-2018) 1
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Question écrite du 20/03/2018
- de WAROUX Véronique
- à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
Monsieur le Ministre a récemment présenté un guide de bonnes pratiques à destination des écoles concernant la qualité de l’air à l’intérieur des classes.
Comme il l’a signalé, l’air ambiant intérieur est contaminé par de nombreux polluants chimiques émanant des matériaux de construction, du mobilier, des produits d’entretien, des gaz d’échappement…
Dans le même temps, ce 13 mars, à Grâce-Hollogne une école a suspendu ses cours pour cause de détection d’un trop haut taux d’amiante dans l’air, au regard des normes OMS.
Par ailleurs, une étude « Mon air, mon école » sur la qualité de l’air vient d’être réalisée à l’initiative de Greenpeace en partenariat notamment avec la Ligue des familles, des Associations de parents, des mouvements citoyens, etc.
222 écoles ont mesuré durant quatre semaines, entre novembre et décembre 2017, les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) à différents endroits (la porte d’entrée de l’établissement scolaire, la cour de récréation et la classe). Les résultats sont interpellant : par exemple, la qualité de l’air est jugée médiocre, préoccupante ou mauvaise dans 61 % des cas à l’extérieur. L’impact pour la santé des élèves peut être très négatif.
Enfin, faute de places suffisantes, beaucoup d’écoles sont contraintes de donner des cours dans des « classes-conteneurs ». Or, ces infrastructures dégagent souvent une odeur caractéristique de plastiques, potentiellement repris dans la catégorie « perturbateurs endocriniens », responsables notamment de la baisse de QI.
Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de cette étude réalisée à l’initiative de Greenpeace ?
En Région wallonne, des analyses de la qualité de l’air générale des écoles ont-elles été faites, d’une part en zone rurale et d’autre part en zone urbanisée ?
Peut-il nous en donner les résultats ?
Un focus particulier est-il fait sur les perturbateurs endocriniens dans ces différentes études ?
Une attention particulière est-elle portée sur les classes-conteneurs ?
La qualité de l’air y est-elle plus mauvaise que dans d’autres classes ?
Réponse du 17/04/2018
La question de la qualité de l’air dans et aux abords des écoles est une question qui a toujours été au cœur des préoccupations en Wallonie.
Par rapport à cette étude, il faut tout de même souligner que seules 19 % des 222 écoles participantes étaient localisées en Wallonie. Greenpeace a d’ailleurs soulevé ce manque potentiel de représentativité. Si ces résultats sont intéressants et pour certains préoccupants, il convient donc de ne pas les généraliser à tous les établissements scolaires de Wallonie.
Plusieurs actions ont déjà été entreprises.
Ainsi, une campagne de mesure de la qualité de l’air à l’école de Wépion, réalisée par l’ISSeP en collaboration avec l’AWAC, a permis de poser un regard objectif sur la pollution engendrée par les émissions des voitures des parents d’écoliers. Une augmentation des concentrations en oxydes d’azote a clairement été identifiée en début et en fin de journée scolaire devant l’établissement. Une diffusion largement atténuée à l’intérieur des locaux est également mesurée.
Cette campagne de plusieurs mois n’a cependant pas donné lieu à des extrapolations sur base annuelle afin de comparer les valeurs estimées aux valeurs limites européennes. Il semble que cela soit le cas dans l’étude de Greenpeace après quatre semaines de mesures réalisées à l’aide de tubes passifs.
En outre, le SPF Santé a édité en septembre 2017 un état des lieux sur la qualité de l’air intérieur en Belgique. Ce rapport synthétise les résultats de campagnes de mesure et d’enquêtes menés dans le pays depuis 2005. Ainsi depuis cette date, on constate qu’une grande variété de polluants a été mesurée dans au moins 788 bâtiments dont principalement des écoles, des crèches et des habitations. Les mesures se sont focalisées sur les polluants ayant un impact sanitaire avéré (cancers, effets neurologiques, irritation des voies respiratoires, dommages rénaux/hépatiques), et sur les techniques d’analyse actuellement disponibles.
Par exemple, nous avons pu acquérir d’importantes connaissances sur les sources d’émissions et les gammes de concentrations dans l’air intérieur en Composés Organiques Volatils (Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène, Formaldéhyde, Acétaldéhyde, Trichloroéthylène, Tetrachloroéthylène, pinène, limonèn), mais aussi en particules fines, mono/dioxyde de carbone et radon. Ces connaissances constituent un précieux outil pour la prévention des risques liés à la qualité de l’air intérieur.
Les polluants agissant comme perturbateurs endocriniens peuvent être issus de sources d’émission variées comme les pesticides et fongicides, les retardateurs de flamme, les détergents ou les parfums d’intérieurs par exemple. Présents majoritairement à l’état de traces dans l’environnement, leur mesure requiert des techniques d’échantillonnage et d’analyse particulières. Les actions menées afin d’agir sur les sources émettrices de polluants auront un impact positif sur les concentrations en perturbateurs endocriniens.
Sur le plan législatif, deux décrets qui peuvent impacter favorablement ce domaine sont en cours d’adoption, à savoir le décret relatif à la qualité de l’air intérieur et le décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique.
Le premier vise à fournir une base légale afin de maintenir ou d’améliorer la qualité de l’air intérieur, et ce, en priorité dans les écoles et les crèches. Dans ce cadre, des guides de bonnes pratiques seront développés et mis à disposition des établissements visés. Concernant les écoles, un guide a déjà été rédigé par l’ASBL Hygiène Publique en Hainaut en collaboration avec la Cellule permanente Environnement-Santé du SPW, l’Agence wallonne de l’Air et du Climat et le Service de Toxicologie de l’Université de Liège. Ce document comprend une liste de vingt polluants prioritaires et leurs valeurs de référence dont celle du Benzo(a)pyrène qui est un polluant cancérigène et considéré comme perturbateur endocrinien. Ce guide de bonnes pratiques sera prochainement envoyé à l’ensemble des établissements scolaires, avec le soutien de Madame Marie-Martine SCHYNS, Ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les recommandations de ce guide sont tout aussi valables pour les « classes-conteneurs » qui n’ont pas vocation à accueillir indéfiniment les enfants.
Ainsi, la Wallonie travaille déjà sur la mise en œuvre d’une série de mesures importantes dont certaines sont parfaitement en phase avec les recommandations de Greenpeace.
Il faut souligner également la campagne nommée « autoFF » qui visait à diminuer le nombre d’automobilistes laissant tourner leur moteur à l’arrêt aux abords des écoles. Cette campagne de sensibilisation a été développée de mars à juin 2016 et généralisée lors de la semaine de la Mobilité en septembre 2016.