Les mesures de sauvegarde des bourdons
- Session : 2017-2018
- Année : 2018
- N° : 434 (2017-2018) 1
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Question écrite du 02/05/2018
- de WAROUX Véronique
- à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Moins médiatisé que l’abeille domestique, le bourdon connait lui aussi une dramatique diminution dans nos contrées. De 31 espèces qui y vivaient il y a cent ans, entre cinq et huit à peine se rencontrent encore couramment de nos jours. Une chercheuse en biologie de l’UMons a présenté ses conclusions récemment et tire la sonnette d’alarme.
En plus du changement climatique, ce sont l’urbanisation et les pratiques agricoles qui sont pointées du doigt pour avoir privé les insectes de leur habitat et de leur nourriture. La réduction des populations de fleurs sauvages notamment, a eu un impact très lourd.
Or, le bourdon est un pollinisateur de fruits et légumes particulièrement efficace, plus encore que les abeilles domestiques.
Une mesure qui pourrait inverser la tendance serait de revoir la disposition du Code rural de 1881, la loi sur l’échardonnage, qui oblige les agriculteurs de traquer ces plantes, non seulement dans leurs champs, mais aussi sur les bas-côtés, dans les jardins et même les réserves naturelles. Or, les scientifiques seraient unanimes sur le fait que ces dispositions reposent sur des fantasmes sans fondement. Mais l’AFSCA a récemment rendu un avis visant à réactiver la répression de l’absence d’échardonnage. Les milieux naturalistes dénoncent l’influence du « lobby agro-industriel ».
Monsieur le Ministre confirme-t-il l’importance de sauvegarder les bourdons, notamment pour leur rôle de pollinisateur ?
Quelles sont les mesures prises en Région wallonne pour favoriser la multiplication de bourdons et de leurs habitats naturels ?
A-t-il une concertation avec son homologue du Gouvernement fédéral en charge de l’AFSCA concernant la répression de l’absence d’échardonnage ?
Sur quels fondements l’Agence se base-t-elle pour rendre un tel avis ?
Quelle est sa position par rapport à l’échardonnage obligatoire ?
Une évolution de la législation au niveau fédéral est-elle envisagée afin de permettre, sous certaines conditions, de préserver dans certains espaces des chardons ?
A-t-il une concertation avec son homologue en charge de l’Environnement à ce sujet ?
Réponse du 24/05/2018
La disparition des bourdons et des pollinisateurs en général est une réalité inquiétante dont je suis particulièrement conscient. Ce problème est largement documenté partout en Europe et fait l’objet de nombreuses publications et actions. En Wallonie, le Plan Maya est mis en œuvre depuis 2011 afin d’attirer l’attention sur la disparition générale des ressources florales et l’importance de les redéployer.
Les études et les avis des scientifiques montrent bien le rôle important des chardons pour l'entomofaune sauvage. Ici, il est question de bourdons, mais il y a aussi tous les autres insectes floricoles qui dépendent de ces fleurs (papillons, syrphes, coléoptères, …) et dont les populations sont fragilisées par le manque de ressources florales dans l'environnement. Les chardons sont donc importants pour un grand nombre d'espèces floricoles.
La législation sur l’échardonnage, initialement liée à la protection des travailleurs lors de la récolte manuelle, notamment du foin et du lin, a évolué vers une législation plus générale de « lutte contre les organismes nuisibles en agriculture » qui fait toujours partie des compétences agricoles fédérales. Nous sommes convaincus qu’il convient de revoir cette législation et, au minimum, d’en exclure les trois espèces de chardons bisannuelles, pour ne garder qu’éventuellement le cirse des champs, qui est quasi pérenne grâce à ses stolons et qui est le seul à poser des problèmes majeurs dans l’espace agricole.
Comme d’autres espèces problématiques en agriculture, tels les grands rumex ou les chénopodes, ne font l’objet d’aucune obligation de destruction, on peut se poser la question de la pertinence d’une obligation de destruction systématique. Nous rappellerons cette question déjà maintes fois évoquées lors des dernières années à notre collègue fédéral de l’agriculture.
Au niveau des compétences régionales, en concertation avec mon homologue en charge de l’environnement, nous avons d’ores et déjà limité à la seule lutte contre le cirse des champs, les dérogations à l’interdiction d’usage de pesticides prévues en Natura 2000, en mesures agroenvironnementales ou encore dans le plan wallon de réduction des pesticides.