Les pertes d'emploi dans le secteur de l'HORECA
- Session : 2019-2020
- Année : 2020
- N° : 229 (2019-2020) 1
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Question écrite du 13/07/2020
- de MUGEMANGANGO Germain
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
La crise du coronavirus aura eu un impact sans précédent sur l'économie de la Wallonie. Le secteur de l'HORECA a été particulièrement touché, plusieurs aides sont disponibles pour soutenir les établissements touchés. Néanmoins, les risques de faillites restent très importants.
Le cabinet de Madame la Ministre a-t-il évalué l'impact sur l'emploi ?
A combien évalue-t-il les pertes d'emploi dans le secteur ?
Réponse du 01/09/2020
Il est encore un peu prématuré de chiffrer les pertes d’emploi dans le secteur de l’HORECA. En effet, le chômage temporaire spécifique à la Covid-19 et le moratoire sur les faillites jusqu’au 17 juin ont permis d’atténuer les effets de la crise sanitaire sur l’emploi dans le secteur et la réalité à venir pourrait être différente de ce que laissent paraître actuellement les statistiques.
Néanmoins, plusieurs indicateurs permettent de déjà dégager certaines tendances. Ces tendances tendent à montrer que le secteur de l’HORECA pourrait être durement touché par les pertes d’emploi dans les mois à venir.
Au cours des six premiers mois de 2020, le FOREm a diffusé 4 141 opportunités d’emploi émanant du secteur de l’HORECA (celles des autres SPE non comprises), ce qui représente une diminution de 32 % par rapport aux six premiers mois de 2019 (- 22 % si on considère les opportunités émanant de tous les secteurs). Au niveau mensuel, les opportunités d’emploi ont diminué de plus de 40 % chaque mois entre le mois de mars et le mois de mai pour atteindre le faible nombre de 203 en mai 2020. Toutefois, la réouverture des établissements le 8 juin a marqué la reprise des opportunités d’emploi avec une progression de 188 % pour le mois de juin.
La diminution des opportunités d’emploi concerne tous les métiers du secteur, à l’exception des métiers du secteur hôtelier où des métiers liés à l’entretien (employé d’étages ou employé du hall) ont vu leur nombre doubler en 2020, comme le concierge d’hôtel. L’organisation d’un hôtel et la désinfection des chambres pendant la pandémie ont créé des besoins en personnel supplémentaire pour ces établissements.
Le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés inscrits au FOREm mentionnant leur dernière expérience professionnelle dans le secteur de l’HORECA s’élevait à 11 664 fin juin 2020, ce qui représente une hausse de 13,7 % à un an d’écart (+ 7,8 % pour l’ensemble des secteurs). La hausse de la demande d’emploi provient en grande partie du fait qu’une série de personnes avec des contrats d’emploi temporaires, revenus dans la demande d’emploi, n’ont pas eu de nouvelles occasions de retourner à l’emploi (intérim, CDD).
L’impact de la crise sanitaire sur le chiffre d’affaires des entreprises a été mesuré par des enquêtes hebdomadaires de la Banque Nationale de Belgique de fin mars à fin juin. Il y apparaît que l’HORECA a été le secteur le plus touché par la crise de la Covid-19, devant le commerce de détail, le commerce de gros et la construction
Fin mars, les entreprises interrogées indiquaient une chute de 93 % de leur chiffre d’affaires. Ce chiffre dépasse les 80 % jusque fin mai contre 29 % pour l’ensemble des entreprises interrogées. Toutefois, la réouverture des établissements permet de limiter les effets de la crise. Fin juin, l’impact est évalué à 50 % du chiffre d’affaires.
Par ailleurs, le secteur de l’hébergement et de la restauration est considéré comme étant un des secteurs qui a eu le plus recours au chômage temporaire avec 19 791 paiements effectués en mai 2020, soit 8 % du total. Selon les dernières données de l’ONEM du 29 juin dernier, en Wallonie (hors Communauté germanophone), une déclaration de chômage temporaire dû au coronavirus a été introduite pour 20 286 travailleurs du secteur de l’HORECA en mai 2020 et concerne 5 241 employeurs.
D’autre part et selon le SPF Économie, le secteur de l’hébergement et de la restauration comptabilise 112 faillites de mars à juin pour un total de 212 pertes d’emploi. Ces résultats sont nettement plus faibles qu’en 2019 et sont imputables au moratoire sur les faillites qui a protégé les entreprises pendant le confinement jusqu’au 18 juin. Une vague de faillites est cependant attendue pour les mois de septembre et d’octobre.
Les licenciements collectifs ont d’ailleurs repris au mois de juin. Pour l’HORECA, 741 pertes d’emploi sont prévues pour l’ensemble du pays. La majeure partie de ces pertes d’emploi est liée à la société Compass (catering) qui a supprimé 550 postes à Bruxelles. Cette décision aura des répercussions également en Wallonie.
Selon l’IWEPS, « le PIB wallon se contracterait selon un rythme de -8,6 % en 2020 pour ne se redresser en 2021 qu’à un taux de +6,0 %. Cette évolution s’accompagnerait, en moyenne annuelle, d’une baisse de l’emploi de l’ordre de
-0,6 % (soit -7 000 emplois) cette année et de -1,3 % en 2021 (-17 000 emplois). »
Le Bureau fédéral du Plan prévoit 27 000 pertes d’emploi dans le secteur de l’HORECA pour l’ensemble de la Belgique pour la période 2020-2022. La Wallonie compte 22 % des travailleurs salariés de ce secteur, les pertes d’emploi pourraient se situer entre 5 000 et 6 000 pour cette même période.