La lutte contre le bruit routier et l'abaissement de la vitesse sur les autoroutes
- Session : 2019-2020
- Année : 2020
- N° : 212 (2019-2020) 1
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Question écrite du 14/07/2020
- de de COSTER-BAUCHAU Sybille
- à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
La pollution par le bruit constitue un problème de santé publique à l'échelle mondiale. C'est la raison pour laquelle un premier plan d'actions de lutte contre le bruit routier a été adopté par le Gouvernement wallon. La mise en place d'un tel dispositif doit permettre la réduction de l'exposition aux nuisances sonores en provenance de la route afin d'améliorer le quotidien des riverains et de réduire l'impact du bruit sur la santé. De nouveaux écrans antibruit seront placés durant les six prochaines années. Des écrans acoustiques déjà installés sur le réseau seront réhabilités si nécessaire. Ce premier plan de lutte contre le bruit routier se base sur une mise à jour de la cartographie du bruit routier sur les axes où circulent plus de 3 millions de véhicules par an.
Dans ce cadre, le conseil communal de Wavre a voté une motion pour demander l'abaissement de la vitesse de l'E411 à 90 km/h sur la portion qui traverse la commune, c'est-à-dire entre les sorties n°5 (Bierges) et 8 (échangeur E411/N25). Il est aussi demandé d'améliorer l'efficacité des panneaux antibruit existants.
La proximité de cette autoroute très fréquentée avec le noyau urbain de Wavre cause un bourdonnement continu que l'on entend tant depuis le bas que le haut de la cuvette qu'est le territoire wavrien. Cette situation agace les riverains qui accueillent positivement cette proposition de réduction de vitesse. Cette motion devrait être soumise à Madame la Ministre prochainement, ainsi qu'à son collègue en charge de la Mobilité.
Que pense-t-elle de cette demande qui paraît légitime au vu de l'augmentation du trafic sur l'E411 et de la proximité des habitations ?
Pourrait-elle être mise en application ?
Dans l'affirmative, comment compterait-elle procéder ?
Les panneaux antibruit seront-ils remplacés ?
Réponse du 10/08/2020
La problématique du choix des limites de vitesse, notamment sur les autoroutes et routes rapides, est délicate.
Se positionner sur un choix d’aménagement nécessite une analyse au préalable de l’ensemble des éléments du dossier, et une comparaison des avantages/inconvénients de chaque option possible.
Pour ce faire, j’ai sollicité un avis expérimenté du SPW sur ce dossier précis lié à l’abaissement de la vitesse à 90 km/h sur la portion de l’autoroute à hauteur de Wavre pour laquelle une motion a été votée par le conseil communal.
Dans l’attente de ce dernier, je peux apporter quelques considérations générales ainsi que ma perception sur la question de la réduction de la vitesse.
On peut a priori imaginer qu’un abaissement de la limite de vitesse sur l’autoroute réduise le risque de conflits entre usagers - et leurs conséquences - aux heures de pointe, sans toutefois les supprimer.
Néanmoins, il faut également garder à l’esprit que de telles mesures pourraient être perçues comme étant non crédibles par les usagers, en particulier aux heures creuses lorsque le trafic est réduit.
Si la limite est jugée non crédible, elle pourrait être peu respectée par les usagers. Dans ce cas nous risquons d’accroître le risque en créant une différentielle de vitesse entre les usagers sur l’autoroute.
Cela aurait un effet contraire en termes de sécurité routière.
Ainsi, en cas d’abaissement de limite de vitesse, il faudrait impérativement que la mesure soit accompagnée des dispositifs de contrôle.
Le radar fixe déjà présent pourrait s’avérer insuffisant pour inciter les usagers à ralentir sur un long tronçon.
Des moyens supplémentaires seraient donc nécessaires pour parvenir à imposer le respect de cette mesure permanente.
On peut songer à un radar-tronçon par exemple.
Une solution alternative intéressante que j’estime néanmoins préférable pour parvenir aux objectifs de mobilité et sécurité serait que la modulation dynamique de la limite de vitesse et la signalisation soient adaptées en fonction des conditions de trafic ou des conditions météorologiques.
Cette mesure gagnerait en crédibilité auprès des usagers et serait plus aisée à faire respecter.
De cette manière, les automobilistes prêtent davantage attention à la signalisation et adoptent un comportement plus prudent.
Cela rejoint les éléments de la DPR et fait partie intégrante du plan stratégique ITS pour une gestion optimale du trafic sur les routes wallonnes.
Cela nécessite évidemment l’installation des panneaux de signalisation dynamiques, plus coûteux.
Ouverte aux propositions et solutions préconisées, je ne manquerai pas donc d’examiner l’analyse de l’administration concernant l’impact en matière de sécurité routière quant à cette motion, dès réception.
Effectivement, comme le souligne l’honorable membre, la lutte contre le bruit constitue une priorité pour ce Gouvernement comme pour les précédents d’ailleurs. Le bruit routier n’en est qu’une des composantes, mais pas la moindre loin s’en faut.
L’impact du bruit sur la santé n’est plus à prouver. Nous avons d’ailleurs pu, collectivement, pendant le confinement, prendre réellement conscience de sa place dans nos vies et apprécier une vie sans lui ou à une nettement plus faible intensité.
Dans la situation qui nous occupe, selon les éléments issus du SPW MI, une diminution de la vitesse n’engendrerait pas une diminution importante de la nuisance sonore.
Suivant les graphiques qui m’ont été soumis, cela entraînerait seulement une réduction de 1 à 1.4 dB largement inférieure donc aux 2 dB mentionnés dans la motion.
Sur ce point précis, l’amélioration des panneaux antibruit et/ou l’ajout de dispositifs complémentaires sembleraient donc plus efficaces qu’une réduction de la vitesse.
J’estime que tout doit être mis en œuvre (structurellement) pour diminuer le bruit avant d’imaginer de mettre un radar pour réduire les nuisances sonores. Un radar n’est pas un dispositif antibruit. C’est un élément de sécurité routière. Il faudra, à l’aune des travaux du Plan Bruit, une redéfinition des dispositifs pour rendre cohérent et complémentaire l’approche sur les trois dimensions sécurité routière, mobilité, environnement/bruit.
Néanmoins, cette matière relève des attributions de mon collègue, Philippe Henry. J’invite dès lors l’honorable membre à l’interroger concernant le plan d’action de lutte contre le bruit, les chantiers en perspectives, et la vision quant au remplacement des panneaux antibruit.