à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine
L’incident survenu au barrage le plus élevé des États-Unis à Oroville en Californie a fait craindre une grande catastrophe.
La Wallonie compte dix barrages. Sept d’entre eux sont publics, et trois, privés sont gérés par Engis.
Même s’il s’agit d’une situation tout à fait exceptionnelle, l’accident d’Oroville est symptomatique de la relative fragilité de tous les barrages du monde.
Les dix barrages wallons sont de tailles bien plus raisonnables. Le plus impressionnant d’entre eux est celui de la Plate Taille à Cerfontaine.
Le changement climatique entraîne des précipitations plus importantes en amont, les barrages sont donc davantage sollicités. Par ailleurs, la plupart des barrages ont 50 ans ou plus en Europe et utilisent des déversoirs dont la capacité a été calculée à l’époque de leur construction.
À cet effet, la France redimensionne massivement la taille des déversoirs de ses barrages.
Quelle est la situation en Wallonie ?
Les barrages wallons sont-ils en bon état général ?
Des travaux ont-ils été réalisés sur ces 10 dernières années sur ces ouvrages ?
Quels sont les ouvrages qui nécessitent des réfections ?
Quels ont été et quels sont les budgets dégagés à cet effet ?
Enfin, la Wallonie envisage-t-elle de redimensionner la taille des déversoirs des barrages ?
Réponse du 22/03/2017
de PREVOT Maxime
Il faut préciser que les barrages évoqués dans la question constituent ce qu’il est convenu d’appeler les « grands barrages » de retenue d’eau. Ce sont des ouvrages conçus et destinés à la constitution d’une importante réserve d’eau, dans le but de produire de l’eau potable, de retenir des crues, de produire de l’hydroélectricité, de réguler le débit des rivières, notamment.
En suivant la liste dressée par le Comité international des Grands Barrages, la Belgique compte 15 ouvrages répondant à la définition de « grands barrages ». Tous ces ouvrages sont situés en Wallonie.
Neuf d’entre eux sont gérés par mon administration, la DGO2 du Service public de Wallonie (SPW), en particulier la Direction de l’exploitation des barrages : - les 5 ouvrages de l’Eau d’Heure à Froidchapelle et Cerfontaine (la Plate-Taille, l’Eau d’Heure,Féronval, Falemprise et le Ry Jaune) ; - le barrage du Ry de Rome (Couvin) ; - le barrage de Nisramont (Houffalize) ; - le barrage de la Vesdre (Eupen) ; - le barrage de la Gileppe (Jalhay).
Les 6 autres ouvrages sont gérés par la société privée Engie (ex-Electrabel) : - le barrage de Bütgenbach ; - le barrage de Robertville ; - le barrage de la Vierre ; - les trois ouvrages du complexe de pompage-turbinage à Coo (2 bassins supérieurs et le bassin inférieur)
Les informations sur la gestion des ouvrages privés doivent être sollicitées auprès de la société Engie.
En ce qui concerne les ouvrages publics, gérés par le SPW, ils font l’objet de différentes mesures de suivi et d’aménagements.
D’une part, les ouvrages sont suivis en permanence par du personnel sur site, ainsi que par une instrumentation adaptée à leurs caractéristiques, et conformément aux recommandations internationales en la matière.
D’autre part, les réserves d’eau font également l’objet d’un suivi particulier, de manière à respecter les objectifs hydrauliques assignés à l’ouvrage, et afin de garantir sa sécurité.
Pour les ouvrages gérés par le SPW, la gestion des réserves d’eau se traduit par l’établissement et le respect de « courbes de manutention des eaux ». Ces consignes permettent de s’assurer que le lac ne déborde pas, en fonction des différentes circonstances. En cas d’épisode pluvieux particulièrement sévère, le gestionnaire veille à respecter scrupuleusement ces consignes. Il est aidé en ce sens par la Direction de la Gestion hydrologique intégrée du SPW. Ce service fournit les prévisions hydrologiques nécessaires à l’anticipation des manœuvres de restitution de l’eau en aval des ouvrages, de manière à ce que ces derniers jouent un rôle de diminution des crues en aval.
Il résulte des dispositions précitées en matière d’inspection et de suivi que l’état général des barrages relevant du SPW est tout à fait correct.
Plusieurs travaux d’entretien extraordinaires ou d’investissement ont été entrepris ces dernières années, et d’autres sont planifiés à court et moyen termes.
Les travaux les plus significatifs, de 2009 à 2016, concernant tous la sécurité générale des installations (hors entretien ordinaire) ont représenté un budget total de 14 millions d’euros.
L’ensemble de ces aménagements va être prochainement complété par d’autres dossiers, encore à l’étude. Parmi les plus importants, citons : - le renforcement de la sécurisation des accès aux barrages ; - l’équipement d’un dispositif de vidange au barrage de Nisramont ; - la sécurisation de conduites forcées du barrage de la Plate-Taille ; - la rénovation des installations électriques des galeries des barrages de la Plate-Taille et de l’Eau d’Heure ; - l’entretien extraordinaire des barrages de l’Est.
L’ensemble de ces aménagements participe à maintenir un haut niveau de sécurité dans les ouvrages publics.
Pour ce qui concerne la question relative aux évacuateurs de crue, la situation française n’est pas transposable directement aux ouvrages wallons.
Les études des évacuateurs des ouvrages wallons se sont basées sur des hypothèses très sécuritaires. Le débit de dimensionnement des évacuateurs a été choisi sur base d’une période de retour de 1.000 ans. Il s’agit donc du débit qui a une chance sur mille d’être dépassé chaque année. Cette hypothèse est très sécuritaire.
D’autre part, le retour de l’expérience de terrain, depuis la construction des barrages, montre que les hypothèses hydrologiques utilisées pour fixer le débit de crue ont été également très sécuritaires. Les réservoirs disposent d’une marge de sécurité importante.
En conclusion, on peut donc être très serein quant à l’état de nos barrages wallons.