/

L'exportation de bois wallon

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 201 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/01/2021
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Un article de presse, paru ce lundi 11 janvier 2021 dans le quotidien La Libre Belgique, relate l'abattage d'arbres centenaires dans la forêt de Soignes, dont la majeure partie sont destinés au marché asiatique.

    Parallèlement à cela, nous importons du bois afin de satisfaire la demande en constante évolution ces dernières années.

    Qu'en est-il en Wallonie ?

    Le bois abattu est-il aussi exporté massivement en Asie ?

    Quelles sont les pistes que Monsieur le Ministre compte mettre en oeuvre pour éviter cela, dans une optique d'économie circulaire ?
  • Réponse du 08/02/2021
    • de BORSUS Willy
    Les bois abattus en forêt de Soignes sont majoritairement des hêtres. Cette essence, autrefois très prisée chez nous en tranchage, déroulage et sciage, n’a malheureusement plus la cote et n’est plus transformée que très marginalement en Belgique pour le moment. Son exportation reste souvent la meilleure piste de valorisation. Les bois de la forêt de Soignes sont de haute futaie et plus propices au tranchage et au déroulage qu’au sciage car beaucoup plus nerveux, alors que le hêtre l’est déjà fortement par nature. Le tranchage et le déroulage ayant disparu de chez nous, et moins de 10 % des grumes récoltées étant sciées sur le territoire wallon, il ne reste donc guère d’autre possibilité que l’exportation dans l’état actuel des choses.

    La production de la forêt belge (essentiellement wallonne) est insuffisante pour couvrir nos besoins en bois. Nous sommes autosuffisants à concurrence d’environ 60 %. L’importation de bois est donc indispensable pour couvrir nos besoins. Nous importons essentiellement des résineux (pin et épicéa) à destination de la construction, surtout pour la Flandre.

    Nous importons également des essences exotiques, mais dans des quantités plus limitées. À noter qu’une partie non négligeable des bois importés en Belgique sont réexportés vers les pays limitrophes.

    En ce qui concerne spécifiquement la Wallonie, la récolte annuelle moyenne de bois y est de ± 3 910 000 m³ se répartissant en 3 035 000 m³ de résineux et 875 000 m³ de bois feuillus.

    La production de résineux de la forêt wallonne est insuffisante pour assurer les besoins des transformateurs, d’où la nécessité d’importer des grumes pour compenser ce déficit. Notons qu’actuellement, du fait de la crise des scolytes qui décime les peuplements d’épicéa à l’échelle européenne et de la Covid dans une certaine mesure, une partie importante de ces arbres scolytés, donc de moindre qualité, sont exportés vers l’Asie. Ce phénomène ne sera cependant que passager, car, une fois la crise passée, les volumes disponibles se réduiront fortement et on se retrouvera face à la situation de carence initiale.

    La production de feuillus est également globalement insuffisante pour assurer les besoins des entreprises wallonnes, quoique la situation varie d’un secteur à l’autre. Si la production de résineux se compose essentiellement d’épicéa, celle des feuillus est beaucoup plus diversifiée en termes d’essences et de qualité. Les scieries wallonnes transforment quasi exclusivement du chêne local de bonne qualité (60 à 70 000 m³/an), mais le plus gros consommateur de bois feuillus est Burgo Ardennes. Ce producteur de pâte à papier et de papier consomme 1 500 000 m³ de bois feuillus de qualité industrielle (très basse qualité) dont 90 % sont importés essentiellement de France. On enregistre également une consommation importante de bois de chauffage (de l’ordre de 600 000 m³), en grande partie d’origine locale. Restent les hêtres et frênes de bonne qualité dont la valorisation passe par l’exportation à défaut de transformation locale. Les volumes exportés sont d’environ 100 à 150 000 m³ de hêtre et quelques dizaines de milliers de m³ de frêne.

    Sachant que l’Europe, à l’instigation notamment des pays nordiques, ne veut pas prendre de mesures protectionnistes pour freiner l’exportation des bois vers l’Asie, quelles seraient dès lors les pistes pour favoriser actuellement une économie plus circulaire dans la filière bois en Wallonie ?

    À l’échelle wallonne, l’industrie de transformation des bois résineux en place est bien développée, et a la capacité de mobiliser l’entièreté de la production wallonne : chantiers de découpe, scieries, industrie du panneau (Unilin), paletteries, construction bois … Seul l’afflux des épicéas scolytés perturbe momentanément cette situation.

    L’effort doit donc se concentrer sur les bois feuillus de bonne qualité insuffisamment valorisés en Wallonie : hêtre (la première essence wallonne en termes de volume récolté) et frêne essentiellement.

    À cet égard, l’Office économique wallon du bois, créé par le Gouvernement wallon en vue de stimuler le développement économique de la filière bois wallonne, a fait de la valorisation des feuillus locaux un de ces principaux chevaux de bataille. Diverses actions ont ainsi été menées : organisation de ventes de gré à gré en vue de favoriser l’approvisionnement (fondamentalement en chêne) des scieries de bois feuillus, développement de projets visant à intégrer le bois feuillu dans la construction, développement de produits, techniques et traitements permettant la valorisation des bois feuillus locaux (bois de terrasse, bardage, châssis, traitement thermique, densification…), campagne de sensibilisation « Bois local Notre Savoir-Faire » … Nous réfléchissons par ailleurs avec l'Office à la meilleure façon d’encourager l’usage de bois local dans les marchés publics.