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L'incident impliquant une péniche ayant heurté un pont à Tournai

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 230 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 09/02/2021
    • de CORNILLIE Hervé
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La presse nous apprend que le jeudi 21 janvier 2021, vers 10h30, une péniche s'est encastrée dans le pont des Roulages, le pont de chemin de fer situé près des quais Donat Casterman et des Vicinaux, sur l'Escaut à Tournai. La cabine a été véritablement broyée, faisant un blessé léger, en l'occurrence un matelot. Le batelier et sa famille étaient eux sous le choc.

    C'est un incident technique qui serait à l'origine de l'accident. Abaissée pour passer sous le pont, la cabine se serait relevée. Hors d'usage, le bateau a dû être remorqué, ce qui suppose une interruption de la circulation sur l'Escaut.

    Une inspection du pont par Infrabel devait confirmer que le pont n'avait a priori pas de dégâts. La circulation des trains n'a d'ailleurs pas été arrêtée.

    Quels sont les résultats des diverses enquêtes menées dans ce cadre ?

    Sous l'angle régional, que retenir de cet incident ?

    Si d'importants travaux ont été menés sur le gabarit de l'Escaut, faut-il craindre l'augmentation du volume en transit ?

    Y a-t-il toujours des difficultés techniques qu'il convient de régler ?

    Si oui, lesquelles et selon quel calendrier ?
  • Réponse du 10/03/2021
    • de HENRY Philippe
    Les investigations entreprises sur cet incident ont rapidement conclu qu’il s’agissait d’une avarie technique - par chance, sans conséquences graves autres que matérielles -, dont les causes sont tout à fait indépendantes de l’état et du dimensionnement des infrastructures gérées par le SPW Mobilité & Infrastructures.

    Je tiens à rappeler qu’en comparaison avec le transport de fret par voie routière en termes de statistiques d’accidentologie, le transport fluvial s’avère 100 à 300 fois plus sûr ! Donc pour spectaculaires qu’ils soient, ces incidents demeurent très rares, et fort heureusement, pour les personnes, les marchandises transportées et les affréteurs. Cette sécurité joue d’ailleurs grandement -avec l’encombrement chronique des autoroutes et routes- dans les choix posés par les affréteurs.

    Les travaux de modernisation de la traversée de Tournai mis en œuvre par mon administration depuis 2017 sont justement réalisés dans un objectif de sécurité de la navigation des péniches. La massification implique en effet un renouvellement de la flotte et donc une augmentation graduelle du nombre péniches de classe CEMT Va sur nos voies d’eau wallonnes, et singulièrement sur le Haut-Escaut.

    Les travaux qui ont été réalisés et inaugurés en janvier 2020 en phase 1 du chantier, le long du quai Saint-Brice et au niveau du pont-à-Ponts, en sont exemplatifs. Outre l’élargissement du fleuve de 19 à 27 mètres dans une courbe en centre-ville, le tablier du pont-à-Ponts a été remplacé par une version métallique autoportante, très fine, permettant justement d’optimiser la hauteur libre à cet endroit.

    Un peu plus en aval de la traversée de Tournai, la modification actuellement apportée à l’arche centrale du Pont des Trous a été voulue également dans un objectif de minimiser les risques de heurts et d’avarie : les péniches de classe IV ou hors catégorie qui franchissaient autrefois la porte d’eau frôlaient déjà les deux piles avec un écartement parfois de l’ordre de 30 centimètres. Des chocs ont déjà été déplorés, avec les conséquences qu’on devine pour l’intégrité de la coque de la péniche comme pour la stabilité des pierres de l’ouvrage.

    Voilà pourquoi la solution d’un élargissement de l’arche au gabarit permettant le passage des bateaux CEMT Va était nécessaire, avec, dans l’esquisse médiévale finalement retenue pour la reconstruction, la pose de lisses de guidage. Celles-ci vont, comme leur nom l’indique, guider les navires au centre du chenal de navigation sous le Pont des Trous, sans risque aucun de collision.

    Par ailleurs, pour concilier la sécurité des bateliers et les impératifs d’avancement des travaux encore en cours à hauteur du pont des Trous, des opérations vont être réalisées durant le mois de mars avec une coupure complète de la navigation pendant 4 semaines. Il s’agit de la réalisation de pieux et de la pose sur ceux-ci desdites lisses de guidage. Ces dispositifs permettront ensuite de maintenir en toute sécurité un passage des péniches sous la structure de coffrage qui servira à ces travaux de reconstruction des arches.

    Aussi, en ce qui concerne l’augmentation attendue du volume de péniches en transit dans Tournai, je m’en réfère à l’étude des retombées socio-économique qui avait sous-tendu le dépôt du projet MTT, en 2011. Celle-ci tablait sur une augmentation du tonnage transporté annuellement sur le Haut-Escaut de 2,1 millions de tonnes après la fin du chantier, et de 5 millions en 2050. Cette augmentation de tonnage doit être vue au regard du phénomène de massification : le nombre de péniches de classe Va qui transporteront ces flux est en effet moindre que s’il s’agissait de péniches de classe IV (1350T). L’augmentation attendue du nombre de bateaux traversant Tournai chaque jour est donc proportionnellement moindre, de l’ordre de 1 à 6 bateaux supplémentaires à la situation connue avant travaux.