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Les progrès de la digitalisation des PME wallonnes

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 283 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/02/2021
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'entreprise belge « Sortlist » a réalisé une enquête auprès de 500 dirigeants et managers de PME de conq pays européens (Belgique, France, Allemagne, Espagne et Pays-Bas) afin de savoir si elles ont pu tirer profit de la pandémie de Covid-19 et des périodes de confinement pour accélérer leur digitalisation.

    En Belgique, 42,9 % des PME ont connu une accélération de leur digitalisation suite à la pandémie. À l'inverse, 36,7 % des PME belges interrogées ont fait face à un ralentissement de leur digitalisation, alors que rien n'a changé pour 17,3 % d'entre elles.

    La Wallonie mise beaucoup sur le numérique et les nouvelles technologies comme nouveau levier économique régional, et on connaît le travail et les actions menées via Digital Wallonia et l'Agence du numérique.

    À ce jour, les PME wallonnes ont-elles pu mettre à profit la pandémie pour accélérer leur digitalisation ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il des derniers chiffres précis ? Ceux-ci correspondent-ils aux résultats de l'enquête ? Dans la négative, quelles mesures compte-il renforcer pour accompagner ces PME, afin qu'elles n'accumulent pas un retard trop conséquent par rapport à leurs concurrents européens et notamment l'Espagne où 67 % des PME ont accéléré leur digitalisation pendant cette crise sanitaire ?

    Dispose-t-il d'informations complémentaires ?

    Quel est l'état de la question et quelles sont les perspectives à court et moyen termes ?
  • Réponse du 19/03/2021 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    En première analyse, les conclusions du baromètre Sortlist sont justes, mais peuvent être nuancées et surtout, complétées par d’autres résultats qui nous sont fournis par l’Agence du Numérique. En effet, dans le cadre de la préparation du baromètre de maturité numérique 2020 des entreprises wallonnes, l'AdN a interrogé en février dernier près de 3000 entreprises wallonnes. Cette enquête s'est clôturée au moment précis où la crise sanitaire du Coronavirus commençait à frapper nos sociétés de plein fouet, et notamment l'économie. Comme dans le reste du monde, les entreprises wallonnes ont été confrontées à un scénario de confinement complètement inédit.

    Les technologies numériques ont rapidement et massivement été identifiées comme une des solutions pour permettre aux entreprises, comme à tous les autres secteurs de la société, non seulement d'assurer la poursuite de leurs activités, mais aussi, pour beaucoup d'entre elles, de les réorganiser de manière significative.

    L'AdN a donc décidé de réaliser une seconde série d'observations auprès de nos entreprises pour mesurer les évolutions et décisions induites par la crise sanitaire dans le domaine des technologies numériques. Dans le courant du mois de juin, l'AdN a ainsi recontacté les organisations ayant participé à la première enquête afin de comprendre comment elles ont pu traverser la crise et quelles en ont été les conséquences sur leur transformation numérique. Près de 1 300 entreprises ont accepté de participer à cette seconde enquête. Pour rappel, les baromètres de maturité numérique de l'AdN couvrent de manière statistique l'ensemble des 270 000 entreprises wallonnes, en ce compris les indépendants.

    L'analyse détaillée de ces résultats a été publiée dans le cadre du baromètre de maturité numérique 2020 en novembre, mais l'AdN a souhaité partager immédiatement quelques observations clés susceptibles d'éclairer les travaux des groupes de travail mis en oeuvre par le Gouvernement wallon dans le cadre du plan de relance "Get Up Wallonia !", singulièrement quant à l'importance du numérique dans les 3 phases prévues : l'urgence, la relance et le redéploiement.

    En voici les principaux éléments.

    Entre arrêt et augmentation, l'évolution des activités des entreprises a été différente selon les secteurs d’activités :

    Les entreprises qui étaient déjà engagées dans un processus de transformation numérique ont beaucoup mieux géré et traversé la crise :

    - 40 % ont dû cesser leurs activités ;

    - 29 % ont poursuivi des activités réduites ou fortement réduits ;

    - 26 % ont poursuivi des activités normales ou faiblement réduites ;

    - 5 % ont vu leurs activités augmenter.

    Au total, 60 % des entreprises ont donc maintenu une activité durant le confinement.

    Les secteurs les plus touchés par la fermeture sont :

    - l'HORECA (88 %) ;

    - les garages (74 %).

    À l'inverse, les secteurs au sein desquels on trouve le plus d'entreprises ayant augmenté leurs activités sont :

    - la distribution (10 %) ;

    - l'agriculture (8 %).

    Des activités maintenues, mais souvent modifiées :

    Pour les entreprises ayant poursuivi une activité (60 % des entreprises), la nature des productions ou des services a souvent été modifiée :

    - par l'arrêt de certaines productions (14 %) ;

    - par l’introduction de produits nouveaux (3 %) ;

    - par la mise en place de services nouveaux ou significativement modifiés (8 %).

    Ces derniers concernent particulièrement les secteurs de l'immobilier, des garages, du commerce ou du numérique.

    Nouvelles pratiques de travail :

    Toujours parmi les entreprises restées opérationnelles, les modalités de travail ont souvent été modifiées :

    - 17% ont introduit ou renforcé le télétravail (40% dans les entreprises employant 10 personnes ou plus) ;

    - 14 % ont adapté les horaires (20 % dans les 10+) ;

    - 7 % ont restructuré leurs équipes de travail (15 % dans les 10+) ;

    - 26 % ont utilisé de façon systématique les outils de collaboration en ligne (Teams, Zoom, Skype, ...), tandis que 12 % l'on fait de manière occasionnelle (respectivement 40 % et 17 % dans les 10+).

    Ces évolutions dans les modalités de travail et le recours aux applications numériques concernent toutes les tailles d'entreprises, mais se renforcent encore avec l'augmentation du personnel occupé. Elles sont également légèrement plus importantes pour les entreprises actives dans le "Business to Business", sans pour autant exclure les autres secteurs.

    Enfin, 18 % des entreprises indiquent leur volonté de maintenir structurellement les possibilités élargies de télétravail.

    Vente en ligne :

    Le confinement a évidemment accéléré le recours à l'e-commerce.

    Au niveau de la Wallonie, l'AdN constate que la vente en ligne a été introduite ou renforcée dans 5 % des entreprises restées ouvertes, principalement dans le secteur de l'HORECA (46 %). De même, les modalités de livraison ont été modifiées par 4 % des entreprises ouvertes, notamment dans la distribution, l'industrie, le commerce ou le numérique.

    Enfin, de nouveaux moyens de paiement ont été adoptés par 3 % des entreprises actives, particulièrement dans les secteurs de la culture et des médias, et des transports.

    Une connectivité plus performante est nécessaire :

    Pour affronter et surmonter cette crise, de nombreuses entreprises en appellent à différentes aides, notamment en matière de connectivité. Les entreprises attendent particulièrement :

    - une réduction des coûts des connectivités fixes et mobiles (22 % de toutes les entreprises) ;

    - un accès plus large à une connectivité fixe (13 %) ou mobile (8 %) à très haut débit.

    Par ailleurs, je dirai aussi que le niveau de maturité numérique des entreprises antérieur à la crise et la faculté d’innovation des organisations ont été déterminants quant à leur faculté de surmonter voire de tirer profit de cette crise.

    En ce qui en ce qui concerne les chèques « maturité numérique » qui soutiennent activement la digitalisation des entreprises régionales, le succès est au rendez-vous et la progression constante d’année en année :

    - depuis 2017, ce sont plus de 1271 demandes de chèques « maturité numérique » qui ont été déposées par 890 entreprises wallonnes distinctes. Ce faisant, ces entreprises ont fait appel aux services de 136 prestataires labellisés ;

    - le montant total engagé par la région (à concurrence de 75 % du montant de la prestation) s’élève à plus de 9,6 millions d’euros, sachant que le montant moyen d’une intervention couverte par ces chèques est de 10 400 euros environ ;

    - à eux seuls, les chèques « maturité numérique » couvrent environ 20 % du chiffre d’affaires global des « chèques-entreprises » ;

    - la progression annuelle est constante puisque nous sommes passés de 25 dossiers en 2017, à 136 en 2018, 272 en 2019 et 417 en 2020. Malgré la pandémie Covid-19, 2021 a bien débuté puisque 87 demandes de chèques ont déjà été enregistrées ;

    - un rapide examen de l’évolution mensuelle des demandes de chèques « maturité numérique » montre que la crise Covid-19 a eu plutôt comme effet d’inciter les entreprises à recourir à ces prestations pour amplifier leur transformation numérique, notamment pendant le 1er confinement et lors du dernier trimestre de 2020 : voir graphique en annexe ;

    - à ce bilan positif, on pourrait ajouter celui des chèques « Cybersécurité » qui relèvent également de la transformation numérique : soit 136 dossiers introduits depuis 2017 par 119 entreprises bénéficiaires distinctes qui ont fait appel aux services de 31 prestataires labellisés pour un montant global de plus de 750 000 euros investis par la Région, sur la seule année 2020.

    Dans le cas des « chèques technologiques », il est moins aisé d’identifier les prestations relevant stricto sensu de la transformation numérique : les chèques technologiques couvrent en effet des prestations très variées qui sont prises en charge par l’un des 19 centres de recherche agréés en Wallonie ou par un centre de recherche d’une Haute-Ecole ; sciences de matériaux, biotechnologie, construction, aéronautique …

    - globalement, depuis 2017, ce sont 558 dossiers « chèques technologiques » qui ont fait l’objet d’un cofinancement Région/FEDER pour un montant total d’environ 4,7 millions d’euros. Pour rappel, les 365 PME bénéficiaires ne s’acquittent que de 25 % du montant de la prestation ;

    - si l’on se limite aux deux centres de recherche agréés dont le core business se situe dans les technologies de l’information, 66 de ces dossiers (10 en 2020) sont à mettre au crédit du CETIC et Multitel. Les prestations réalisées sont diverses, avec un caractère innovant qui induit bien évidemment une transformation numérique chez l’entreprise bénéficiaire : Analyse des données, internet des objets, architectures embarquées, déploiement d’infrastructures cloud, sécurité des réseaux, vision par ordinateur …

    - au-delà de ces deux centres de recherche, il conviendrait d’y adjoindre une partie des prestations « chèques-technologiques » réalisées par d’autres centres de recherche qui proposent leur expertise en transformation numérique, notamment SIRRIS ou encore CENAERO, pour un total de 140 dossiers depuis 2017 (36 en 2020).

    En conclusion, les chèques entreprises « maturité numérique » constituent un dispositif apprécié par les entreprises pour accélérer leur transformation numérique. Leur utilisation a continué de croître pendant cette période Covid-19. Combinés aux chèques « cybersécurité » et aux « chèques technologiques » proposés par les centres de recherche spécialisés en technologie de l’information, leur impact pourrait être encore amplifié en développant/optimisant l’offre des prestataires labellisés en fonction des besoins des entreprises, en utilisant notamment les conclusions du baromètre 2020 de maturité des entreprises publié par l’AdN, et les pistes que je viens de présenter dans cette réponse.