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La lutte contre le déclin des insectes et des papillons par la restauration des habitats

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 235 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/02/2021
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    C'est un fait constaté depuis maintenant plusieurs années, la situation des insectes, tout comme celle des papillons, est mauvaise. Les causes de cette situation sont partout connues : destruction et dégradation des habitats, utilisation de pesticides et réchauffement climatique.

    Populaires et visibles, les papillons sont parmi les plus étudiés et leur sort illustre bien l'évolution de la situation pour d'autres espèces d'insectes.

    En Europe, l'indicateur des papillons de prairies annonce un déclin de 39 % depuis 1990 et selon la liste rouge des espèces menacées, 38 des 482 espèces de papillons sont en voie d'extinction et 44 sur le point de l'être. En Wallonie, en 2007, l'atlas relatif au déclin des papillons indiquait alors qu'une espèce sur deux de papillons était menacée.

    Récemment, la revue scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) affirme que des chercheurs se sont penchés sur l'efficacité d'actions de conservation des habitats des papillons et notamment d'un programme Life visant 3 espèces de papillons, mené dans notre région entre 2009 et 2014, qui semble avoir donné de bons résultats.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur la situation en Wallonie ?

    L'atlas relatif au déclin des papillons va-t-il ou fait-il l'objet d'une actualisation ?

    Quels sont les enseignements tirés du projet Life ? Des projets similaires basés sur la restauration des habitats des papillons et insectes sont-ils à l'étude ou en cours ?
  • Réponse du 18/03/2021
    • de TELLIER Céline
    La situation des papillons de jour est suivie en Wallonie depuis trois décennies par le Département de l’étude du milieu naturel et agricole (DEMNA) du SPW-ARNE, en collaboration avec le réseau d’observateurs du Groupe de Travail Lycaena.

    La révision de la Liste Rouge des espèces menacées est en préparation. Sans disposer des résultats définitifs, il semble que la situation de plusieurs espèces se soit améliorée depuis la publication de l’atlas de 2007.

    Une analyse des tendances pour 78 espèces parmi les 99 présentes en Wallonie a été réalisée dans le cadre de l’élaboration du Living Planet Index sous la coordination du WWF, auquel le DEMNA a participé. Cette analyse a montré que la distribution de près de la moitié des espèces étudiées (49 %) s’est étendue au cours des 30 dernières années sur notre territoire, alors que cette distribution a décliné significativement pour près d’un cinquième d’entre elles (18 %) et qu’elle est restée plus ou moins stable pour le tiers restant (33 %).

    Ces progressions s’expliquent majoritairement par le réchauffement du climat. Ainsi, ce réchauffement a, d’une part, favorisé la colonisation des vallées et plateaux ardennais par diverses espèces auparavant cantonnées à des régions plus basses et, d’autre part, ce réchauffement a favorisé l’arrivée en Wallonie d’espèces à répartition méridionale qui se sont étendues vers le nord, telles que le Nacré de la ronce et l’Azuré du trèfle.

    Cependant, parallèlement, depuis la période couverte par l’atlas de 2007, un certain nombre d’espèces déclinent, plus particulièrement celles inféodées aux milieux semi-naturels ouverts non enrichis. Quelques espèces se trouvent ainsi au bord de l’extinction en Wallonie, tandis que trois espèces, qui n’ont plus été retrouvées depuis 10 ans au moins, sont considérées comme disparues du territoire.

    L’article paru dans la revue scientifique PNAS met en évidence des exemples d’actions opérées à des échelles plus locales (à l’échelle des paysages) qui ont d’ores et déjà donné des résultats probants concernant les populations de papillons.

    Parmi ces exemples de réussite figurent les travaux de restauration menés dans le cadre du projet Life « Papillons » piloté par l’ASBL Natagora en collaboration avec le SPW (DEMNA et DNF), qui s’est clôturé en 2014. Ce projet a permis de restaurer un réseau de plus de 600 hectares d’habitats favorables dans lesquels l’abondance et la diversité des papillons ont nettement augmenté, atteignant des valeurs similaires à celles des meilleurs sites de Wallonie.

    Ce projet a démontré ainsi que le déclin des papillons et des insectes en général n’est pas une fatalité inéluctable et que des résultats positifs sur les populations peuvent déjà être obtenus après trois à quatre ans. Ces résultats sont subordonnés à la présence de populations résiduelles, à la reconstitution de réseaux de milieux favorables et à leur gestion par des techniques d’entretien appropriées.

    Depuis lors, d’autres projets Life ont permis de compléter les acquis de ce LIFE, en particulier les projets Life « Herbages », « Nardus » et « Connexions » qui visent notamment certaines espèces de papillons. Il en est de même ailleurs en Europe, en particulier au Grand-Duché de Luxembourg, aux Pays-Bas et en Allemagne.

    Le dernier projet en date démarre dans l’Eifel allemand et prévoit la réintroduction d’une espèce, le Damier de la Succise, à partir notamment des populations qui se sont redéveloppées en Wallonie à la suite des travaux menés par le Life « Papillons ».

    Pour finir, ces actions seront complétées et renforcées via de nouveaux projets LIFE, ainsi qu’au travers des mesures transversales visant à améliorer la capacité d’accueil dans différents milieux dont les principaux sont les espaces agricoles, les espaces forestiers, les voiries et espaces verts, les zonings industriels et le milieu urbain.