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Les constats de l'enquête du magazine Trends-Tendances sur les aéroports wallons

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 120 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 29/03/2021
    • de CORNILLIE Hervé
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Le magazine Trends a récemment publié dans sa rubrique «Tendances» une enquête sur les coûts et perspectives des aéroports wallons. Les constats émis au sein de cette dernière sont intéressants et j'aimerai recueillir l'avis de Monsieur le Ministre sur ces derniers.

    Comment expliquer que nos aéroports soient toujours aussi dépendants du subside public et que, selon les calculs de Trends, un emploi au sein de ces aéroports couterait presque 5 000 euros de l'année à la Région ?

    Monsieur le Ministre a mentionné dans l'article Trends vouloir renforcer les synergies entre les deux aéroports. Quid de l'idée d'un « système d'aéroports », comme cela se fait aux Pays-Bas ? Serait-ce une bonne chose pour les aéroports wallons ? Est-ce faisable ?

    Le groupe de travail pour la relance de BSCA, mis en place à son initiative, a-t-il déjà accouché de pistes sérieuses ? Des idées sont-elles d'ores et déjà retenues ?

    Quels sont les obstacles au renouvellement du permis d'environnement de Liege Airport pour 2023 ?

    Quelle est la stratégie de la Région vis-à-vis du renouvellement de permis ?

    L'Autorité indépendante chargée du suivi et du contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNAW) doit-elle voir ses moyens renforcés afin de devenir une réelle autorité indépendante pour la mesure objective des nuisances sonores ?

    Cela permettrait-il d'améliorer nos relations avec les riverains concernant les aéroports ?
  • Réponse du 27/04/2021
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Depuis maintenant plus de 20 ans, la politique du Gouvernement wallon a consisté à faire des aéroports régionaux des pôles de développement économique et de création d’emplois pour la Wallonie, dans un cadre réfléchi tout en préservant la qualité de vie des riverains.
     
    Cette politique a en effet un coût important pour la Région et la composante environnementale de ces coûts est loin d’être négligeable.
     
    Cependant, comme je l’ai précisé dans l’article du Trends -Tendance auquel il est fait référence, je défends les choix qui ont été faits par mes prédécesseurs et je n’ose imaginer ce qui aurait été dit si la dynamique instaurée par nos aéroports et les emplois créés s’étaient développés en dehors de nos frontières, à quelques kilomètres de Liège ou de Charleroi.
    Les différentes études menées font ainsi clairement ressortir que les bénéfices apportés à l’économie wallonne par nos deux aéroports ne sont plus à démontrer, et ce aussi bien pour Liège que pour Charleroi.
     
    C’est ainsi que l’étude réalisée par le SEGEFA de l’Université de Liège en juillet 2020 à la demande de Liege Airport et de l’AWEx, montre que Liege Airport a généré 9100 emplois directs et indirects.
     
    La création de ces 9100 emplois à Liège concerne 9100 familles dont 80 % sont issues de la Province de Liège et ce sont également plus de 120 entreprises qui sont installées sur le site de Liege Airport.
     
    L’étude éclaire également le rôle de « catalyseur » économique de l’aéroport, qui dynamise les échanges commerciaux. Parmi les travailleurs, 97 % d’entre eux disposent d’un contrat à durée indéterminée et 93 % d’entre eux travaillent à temps plein.
     
    Quant aux entreprises occupant ces travailleurs, elles génèrent une valeur ajoutée brute estimée à plus de 267 millions d’euros en 2018 selon BelFirst.
     
    En dehors de ces considérations, les activités développées à Liege Airport ont également permis de situer Liège sur la carte du monde, ce qui est loin d’être négligeable en termes d’image et de rayonnement de la Région.
     
    Au niveau de l’aéroport de Charleroi, BSCA a soutenu un doctorant de l’Université de Mons Hainaut qui a réalisé en 2020 une étude relative à l’amélioration de la compréhension du rôle économique joué par l’aéroport de Charleroi au niveau national.
     
    Les analyses attestent de l’importance de l’aéroport de Charleroi comme soutien de l’économie non seulement régionale, mais surtout nationale.
     
    Ainsi, en 2018, l’empreinte économique de l’aéroport de Charleroi est estimée à 6 984 emplois, à plus de 315 millions d’euros de frais de personnel et à plus de 701 millions d’euros de valeur ajoutée en Belgique.
     
    En Wallonie, les effets s’élèvent à 4 009 emplois, à plus de 177 millions d’euros de frais de personnel et plus de 367 millions d’euros de valeur ajoutée.
    En 2015, l’étude de la BNB montrait que 1 543 emplois directs avaient été créés à BSCA et que 122 millions d’euros de valeur ajoutée avaient été générés. Je laisse donc juge de l’évolution constatée et de l’impact positif des investissements et des efforts qui ont été consentis en vue de faire de l’aéroport de Charleroi un acteur important de sa région.
     
    C’est ainsi que :
    - Plus de 300 emplois ont été créés en 13 ans à BSCA ;
    - BSCA se hisse parmi le top 25 des employeurs de Charleroi (11e place en 2018) ;
    - BSCA génère des opportunités d’emplois et de revenus dans différents secteurs d’activités (sécurité, contrôle aérien, compagnies aériennes, transport terrestre, restauration/vente au détail, maintenance, nettoyage, autres administrations) ;
    - Plus de 50 % de l’emploi localisé sur le site de l’aéroport est lié à la société de gestion et aux compagnies aériennes ;
    - L’aéroport exerce un rôle d’attraction économique en facilitant l’accessibilité du territoire et en améliorant la connectivité avec des pays extérieurs. L’aéroport est susceptible d’influencer différents aspects de l’économie tels que : le commerce, la productivité, les investissements (étrangers), le tourisme.
     
    Si l’article du Trends-Tendances pointe les coûts engendrés par la politique aéroportuaire wallonne, il néglige quelque peu les effets bénéfiques engendrés par les aéroports sur le développement économique de la Région.
     
    Il ne mesure pas non plus l’augmentation de qualité de vie des familles dont l’un des membres a trouvé un emploi grâce au développement des aéroports ou les interventions de la Wallonie afin de veiller à la qualité de vie des riverains.
     
    Il est également à noter que les subventions versées aux aéroports le sont pour couvrir le coût d’activités régaliennes déléguées aux sociétés de gestion. On n’est donc pas face à un subside, mais à la compensation d’un coût qui revient naturellement à l’autorité publique. Ces différentes subventions ont d’ailleurs été acceptées par la Commission européenne qui ne les considère pas comme des aides d’État illégales.
     
    Il ne faut cependant pas faire preuve d’un optimisme béat et la crise actuelle a mis en exergue les faiblesses du modèle de l’aéroport de Charleroi en particulier.
     
    Le groupe de travail que j’ai initié a, en collaboration avec l’actionnaire privé et le management de BSCA, mené un grand travail de réflexion afin de revoir l’ensemble de la stratégie de développement de BSCA.
     
    Dans cette optique, le conseil d’administration a adopté en date du 18 mars 2021 un nouveau plan stratégique.
     
    Ce plan stratégique comprend un plan de mesures structurelles qui doivent être accompagnées d’une stratégie innovante articulée autour du « green deal » et du « digital » afin de rendre à BSCA son blason d’outil économique régional à dimension humaine.
     
    Dans le cadre de ce plan stratégique, BSCA évoque comme piste d’économie à étudier, la mise en place d’une collaboration avec Liege Airport.
     
    Des synergies seraient en effet possibles sur les aspects suivants :
    Handling : BSCA effectue elle-même le handling au sein de l’aéroport de Charleroi et dispose d’une solide expérience dans ce domaine.
    Marchés publics : des marchés publics pourraient avantageusement être organisés conjointement pour les deux aéroports, notamment les marchés relatifs à la sûreté, au nettoyage, à l’entretien des espaces verts, aux vêtements de travail, aux assurances…
     
    Concernant le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport de Liège, les contraintes éventuelles seront connues une fois l’étude d’incidences terminée puisque l’aéroport devra proposer, sur base des conclusions de l’étude, les moyens d’atténuer les nuisances décelées.
     
    Ensuite, il appartiendra à l’administration wallonne d’examiner la demande de permis et d’éventuellement fixer des normes plus contraignantes. Il est donc impossible de répondre plus avant à cette question à ce stade.
     
    Concernant l’ACNAW, celle-ci est le garant indépendant auprès du Gouvernement du respect des normes de bruit. Elle a le devoir, notamment, d’alerter les autorités compétentes en cas de manquement aux règles fixées pour la maîtrise des nuisances sonores. Elle n’est pas chargée jusqu’ici de la mesure des nuisances sonores.
     
    Cette compétence relève ainsi des missions attribuées à la SOWAER depuis 2001, et plus précisément de la cellule DIAPASON (Dispositif d’Information et d’Analyse des Procédures Aéronautiques et SONores).
     
    Par le biais de ses 33 sonomètres, cette cellule contrôle, 7 jours sur 7, 24h sur 24 et de manière tout à fait objective, le respect des trajectoires et des normes de bruit.
     
    Pour rappel, DIAPASON est un logiciel spécifique géré par la SOWAER qui permet de visualiser les trajectoires des avions, de les localiser par rapport au PEB et au PDLT et d’identifier les émissions sonores de chaque vol au départ ou à l’arrivée des aéroports de Charleroi et de Liège. Cet outil est essentiel pour le contrôle de la conformité des activités aériennes par rapport aux procédures définies par le Gouvernement wallon en accord avec Skeyes (contrôle aérien) et les principales compagnies aériennes actives sur les deux aéroports. Les données fournies par DIAPASON sont également à la disposition des riverains via le guichet unique de la SOWAER.
     
    En ce qui concerne l’amélioration des relations avec les riverains, la SOWAER a mis de nouveaux outils en place afin de diffuser une information totalement objective à leur égard.
     
    Le logiciel DIAPASON est à présent en ligne via le site internet de la SOWAER. Il est désormais possible de visualiser en temps réel le trafic aérien autour des aéroports de Liège et Charleroi, ainsi que le bruit associé seconde par seconde. L’ensemble des données demeurent également accessibles durant 30 jours en replay via le site de la SOWAER.
     
    Un portail permet en effet d’accéder à des informations statistiques détaillées directement en ligne comme, par exemple la possibilité de calculer la distance entre une habitation et un appareil particulier. Ce système permettant l’accès en temps réel est précurseur, va au-delà de ce qui est actuellement accessible dans les aéroports voisins et montre la totale transparence de la SOWAER et de la Région.
     
    De plus, par le biais de séances d’informations aux communes, la SOWAER met tout en œuvre afin d’optimiser les relations avec les riverains, en collaboration avec la société de gestion de l’aéroport, mais également de l’ACNAW.  Des visites sont également organisées pour les mandataires locaux. De même, par l’intermédiaire du comité d’accompagnement de l’aéroport de Liège, la SOWAER transmet bon nombre d’informations aux représentants des communes du PDLT.
     
    De nombreux outils sont déjà en place et sont, comme on peut le constater, en amélioration constante. Il convient de continuer à informer sur le rôle de chacune des entités.
     
    Dans ce cadre je ne suis pas opposé à augmenter le champ d’action de l’ACNAW ni à renforcer ses moyens.
     
    En plus du projet de réforme en cours, j’ai ainsi chargé mon cabinet de mener une réflexion à ce sujet. Il convient ainsi de pouvoir démontrer au regard du cadre actuel qu’un tel projet pourrait être bénéfique pour la Wallonie, ses aéroports et les riverains qui cohabitent avec ces derniers.
     
    Une nouvelle fois, ma volonté est de trouver le juste équilibre entre le développement des aéroports et le bien-être des citoyens.