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Les habitations imprimées en 3D

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 285 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 07/05/2021
    • de FONTAINE Eddy
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans notre monde. Grâce à celles-ci, de nouveaux débouchés apparaissent et la construction de logement en fait partie. Ainsi récemment, la presse a relayé qu'« aux Pays-Bas, un couple vient d'emménager dans la toute première maison construite à l'aide d'une imprimante 3D. Une technique de construction plus durable et surtout plus rapide ».

    Selon Théo Salet, professeur de structures en béton de l'Université d'Eindhoven, plus de polyvalence, de caractère durable et écologique à la construction, sont apportés grâce à la technologie. Ce genre de maisons est, paraît-il, plutôt avare en énergie puisque le système d'isolation est efficace. De plus, le prix est plus abordable, la construction plus rapide et cela évite le gaspillage de béton.

    Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre par rapport à cette technologie ?

    Pourrait-il nous dire si des SLSP envisagent de faire appel à cette nouvelle forme de construction ?

    La promotion de cette technique de construction constitue-t-elle une piste pour la Wallonie ? Peut-il confirmer tous ces aspects avantageux des habitations imprimées en 3D ?

    Enfin, cette solution pourrait-elle être envisagée pour répondre aux besoins de logements en Wallonie et pense-t-il que ces habitations prendront, à l'avenir, une place importante dans le paysage wallon ?
  • Réponse du 31/05/2021
    • de COLLIGNON Christophe
    La réalisation néerlandaise évoquée par l'honorable membre n’est pas la première du genre. La technique — en effet innovante — est régulièrement évoquée dans les médias, au travers de projets pilotes réalisés aux quatre coins du monde.
     
    Développée autour de différentes matières, telles que le béton polymère, la boue, le béton classique ou encore la mousse isolante, elle met en avant des avantages écologiques qui parlent aux préoccupations environnementales contemporaines. Ces arguments vont de l’économie de matière, à la réduction des déchets générés sur chantier en passant par le recyclage de matière première provenant de déconstruction d’immeubles. Le gain de temps, la qualité des réalisations ou encore la préservation de la santé physique des travailleurs sont également avancés.
     
    S’il est incontestable que la technique démontre à nouveau la très grande capacité d’inventivité et du génie humain, il convient toutefois d’être prudent dans sa réelle capacité à apporter une réponse significative et surtout durable aux besoins de logements en Wallonie. En effet, dans tous les cas, la technique consiste toujours en un dépôt par couches successives de matières dont les qualités environnementales sont loin d’être démontrées.
     
    Au niveau même des capacités thermiques ou de résistance, les matières de base ne s’autosuffisent absolument pas et requièrent d’être complétées soit par des isolants qui, à ce stade, sont tous réalisés en matériaux pétrosourcés, soit par du béton coulé, dans le cas d’une structure en isolant imprimé.
     
    La perspirance des parois, c’est-à-dire leur capacité à respirer, est également un des points faibles de cette technique. Compte tenu de la réglementation récente en matière de qualité de l’air intérieur, ces techniques imposeraient de prévoir des systèmes de renouvellement d’air très performants.
     
    Les procédés ne concernent par ailleurs qu’une partie de la construction : le gros œuvre. D’autres composantes importantes comme les abords, les fondations et la chape, les techniques et les équipements, et les finitions ne sont pas concernées.
     
    À la lecture de la documentation disponible sur l’expérience néerlandaise, je ne dispose d’aucun chiffre permettant de vérifier la hauteur de l’économie globale et l’intérêt du processus par exemple par rapport à de la préfabrication en atelier. Une expérience française menée en 2019 pour trois logements, à l’initiative de la société de logements de Nantes, indique une réalisation de 200 000 euros hors frais et hors terrain pour un logement à une chambre. Ni l’une ni l’autre ne considère l’analyse et le coût du cycle de vie du bâtiment.
     
    D’autres aspects non négligeables posent également question comme le caractère ultra-manufacturé ou transformé des matières de base pour en assurer la qualité, la compatibilité avec des matériaux biosourcés ou encore la difficulté de gérer les techniques spéciales.
     
    En l’état actuel de la technologie, il semble que celle-ci ait un véritable rôle à jouer en matière de production d’éléments préfabriqués. S’agissant de l’avenir de cette technique en matière de création de logements, l’intérêt est actuellement moins évident comparé à d’autres systèmes plus écoresponsables. Je suis toutefois convaincu que la technique évoluera encore et que son efficience lui permettra de trouver sa juste place dans le secteur.