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Le nouveau modèle de la foire agricole à Libramont

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 602 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Foire agricole de Libramont a mis à profit la période très compliquée du Covid pour repenser son modèle. La Directrice, Natacha Perat en a brossé les grandes lignes (qui devront être validées en AG le 27 avril) avec comme fil rouge : « Ici commence un monde durable ».

    Sa présentation à la presse se voulait sans ambiguïté : « L'agriculture de demain ne sera que si elle est durable. » De son propre aveu, la foire présente (ou présentait) « du machinisme coûteux, et notre Mecanic Show montre des outils impayables pour beaucoup d'agriculteurs ».

    Cette ouverture de la foire agricole par le biais d'une coopérative et la nouvelle orientation vers la durabilité et la résilience de l'agriculture sont une avancée importante, que nous saluons sur le principe, mais dont nous souhaitons mesurer la concrétisation.

    Comment Monsieur le Ministre a-t-il accompagné et validé cette ouverture de la foire agricole et sa nouvelle orientation ?

    Quelles sont les garanties qu’il a établies pour que cette orientation soit concrète et cohérente ?

    Les espaces d'exhibition seront-ils réorientés ? Comment la donne climatique sera-t-elle prise en compte à la mesure du défi (tant dans ses impacts sur l'agriculture que l'enjeu de l'atténuation) ?

    Les sponsors "fossiles" seront-ils terminés ? Quelle position sur la question des agrocarburants ? L'autonomie fourragère sera-t-elle davantage mise en avant ? La place des vendeurs de produits phyto sera-t-elle réduite ?

    La Région wallonne fera-t-elle partie des coopérateurs institutionnels ? Je n'imagine pas qu'après avoir sorti le LEC de la faillite et financé la foire depuis tant d'années, la Région n'ait pas son mot à dire sur les orientations de la foire.

    Ma dernière question se concentrera sur la SA LEC (détenue majoritairement par la Région) et sa situation financière actuelle. Est-elle financièrement assainie ? La Région court-elle encore le risque de devoir effacer des ardoises à l'avenir ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de BORSUS Willy
    La Foire de Libramont a pour vocation de s’organiser et de développer des thématiques en intégrant les réalités du monde agricole et de la société en général, mais aussi, chaque fois que c’est possible, d’en anticiper les évolutions.

    C’est ainsi que d’année en année les thématiques abordées cheminent au gré des virages à négocier pour demeurer en phase avec les bonnes pratiques relatives au fonctionnement du monde agricole.

    Si le virage lié à cette constante évolution semble avoir plus particulièrement attiré l’attention de l’honorable membre cette année, il s’inscrit pourtant tout simplement dans la logique évolutive et continue décrite ci-avant.

    Cette évolution est réfléchie tant par les académiques que par la commission agricole de la Foire qui est l’organe réunissant l’ensemble des parties prenantes chargées de nourrir les organisateurs quant aux bonnes thématiques à mettre en œuvre pour que la Foire puisse conserver son statut de source d’inspiration exemplative pour ses visiteurs tant professionnels que privés.

    Ce principe de fonctionnement qui assure une indépendance pluraliste de l’organisation de la Foire entraîne de facto une évolution des surfaces dédiées aux différentes filières ainsi que de celles dédiées à la mécanisation du secteur.

    Je ne peux que me réjouir d’un fonctionnement qui a opté pour une approche participative de l’ensemble des parties prenantes et qui se veut résolument tournée vers demain.

    De manière systématique, après chaque Foire, une évaluation scrupuleuse est faite par l’Administration sur la base de la qualité des pièces justificatives. Un rapport d’activité est également fourni pour liquider la dernière tranche du subside, après que celui-ci ait été bien évidemment analysé par l’Administration.

    Vu l’annulation des éditions 2020 et 2021, il n’y a pas eu d’évaluation.

    Cette Foire est un événement majeur qui réunit près de 200 000 visiteurs sur un week-end. Son organisation se prépare durant toute l’année précédente (généralement à partir du 15 août jusqu’aux derniers préparatifs). Chaque année, c’est une équipe professionnelle qui travaille d’arrache-pied pour fournir de nouveaux concepts et améliorer la visite du professionnel ou de la famille à la (re)découverte du monde agricole.

    En 2020, nous avons octroyé un subside de 852 800 euros à la Société royale du cheval de trait ardennais (aujourd’hui Libramont Coopéralia) vu l’arrêté du Gouvernement wallon autorisant le financement de tous les événements où des frais avaient été engagés en vue de leur organisation.

    En 2021, le Gouvernement de Wallonie a décidé d’octroyer une subvention réduite à hauteur de 652 800 euros vu que les locaux ont été utilisés pour organiser un centre de vaccination et que cette occupation a généré un revenu.

    Pour ce qui concerne les autres subsides, des soutiens financiers à des participants à la Foire sont possibles pour assurer leur présence. Ceux-ci ne dépendent pas uniquement de mon département.

    Notons qu’en 2020, la Région wallonne est devenue actionnaire du LEC de Libramont à hauteur de 75 %, au travers de son outil financier la SOGEPA et en est donc désormais copropriétaire.

    Ce soutien est primordial pour assurer une structure stable au LEC, mais surtout, pour garantir la pérennité de la Foire agricole et qui génère des retombées économiques pour tout le secteur agricole wallon. Il faut rappeler que ce sont plus de 20 000 personnes qui travaillent en agriculture et que le secteur alimentaire wallon représente quant à lui 23 710 emplois et génère un chiffre d’affaires de 8.3 milliards d’euros.

    Avec plus de 800 exposants, ce sont tous les acteurs du monde rural et de l’agriculture qui y sont représentés.

    Rappelons-le, l’Agriculture wallonne en 2020, ce sont 12.710 exploitations qui couvrent 739 361 hectares, soit 44 % de la superficie totale de la Wallonie. C’est dire toute son importance au vu de la dimension qu’elle prend encore aujourd’hui.

    L'image de l'Agriculture wallonne qui est véhiculée à Libramont est celle d'une Agriculture moderne, durable, innovante et consciente des enjeux majeurs actuels (agriculture nourricière, pôle digital, projets coopératifs, etc.), à taille humaine (de nombreux très beaux projets familiaux : remise des « Agriculteurs de Valeurs », Agri-innovation, Libramont-on-Tour, et cetera), bénéficiant de centres de recherches et d'enseignement de référence et appuyée par des organismes d'encadrement et des réseaux de professionnels de qualité.

    C’est aussi notre agriculture riche et diversifiée qui comprend plusieurs modes de production (conventionnel, bio, circuits courts, qualité différenciée, et cetera) qui y est présentée.

    En Wallonie, c’est la première fois depuis la création de la Région wallonne qu’un même Ministre est à la fois compétent pour l’Économie, la Recherche et l’Agriculture. J’y vois une opportunité inédite d’aborder le secteur agricole comme un secteur économique à part entière, qui contribue au développement de notre pays. L’agriculture pèse économiquement et il faut la considérer comme tel.

    La très dramatique guerre en Ukraine est aussi un signal d'alarme pour l'Union européenne. Il est désormais clair pour nous, Européens, que nous devons améliorer notre souveraineté alimentaire et cela se fera notamment et de façon importante grâce aux agricultrices et aux agriculteurs.

    Une fois de plus, les défis auxquels nous sommes actuellement confrontés démontrent que nos agriculteurs jouent un rôle majeur et essentiel dans notre système alimentaire. C’est pourquoi la visibilité de notre monde agricole est indispensable.

    C’est pour toutes ces raisons qu’il me parait primordial de garantir l’organisation de la Foire de Libramont. À travers cette représentation, c’est tout mon soutien à celles et ceux qui travaillent la terre au quotidien que je réitère.

    Tout subside est octroyé avec des contraintes et des exigences. Rappelons qu’une convention-cadre qui lie la Wallonie et les organisateurs de la Foire existe depuis plusieurs années. La dernière révision date de mai 2019 et est d’application jusqu’en 2029. La convention-cadre définit les postes de dépenses et l’arrêté du Gouvernement wallon d’exécution de cette subvention arrête les dépenses éligibles.