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L'absence de suite donnée aux recours contre l'implantation de six éoliennes à Warsage

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 697 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/06/2022
    • de NIKOLIC Diana
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En janvier dernier, Engie a obtenu un permis unique pour construire six éoliennes à Warsage à la limite avec Fourons.

    Des recours avaient été introduits par les communes de Dalhem et de Fourons, mais aussi par l'Université de Liège. En effet, ce projet de parc éolien compromet sa candidature au projet européen « télescope Einstein ».

    Le site est idéal et offre des conditions parfaites pour mesurer des ondes gravitationnelles via un réseau de tunnels. En 2035, la région pourrait ainsi accueillir trois tunnels de 10 kilomètres de long, enfouis à 250 mètres de profondeur, préservant ainsi la nature. Grâce à cette infrastructure, il est possible pour la première fois d'explorer les frontières et les origines de l'univers.

    En concurrence avec d'autres sites européens, on devrait savoir en 2025 lequel sera retenu. Un projet qui, s'il voyait le jour dès 2030, aurait donc un retentissement mondial et mettrait également en valeur la Wallonie et ses scientifiques.

    Malheureusement, aucune suite aux recours n'a été donnée par le Gouvernement, ce qui induit la confirmation du permis et compromet le projet de l'Université de Liège et de l'EUREGIO.

    Quels ont été les arguments de Madame la Ministre pour trancher en faveur de 6 éoliennes contre un projet d'envergure mondiale susceptible de faire progresser la science ?

    Envisage-t-elle d'apporter des éléments de justification auprès des parties concernées ?

    Quelles pistes alternatives identifie-t-elle pour ne pas mettre à mal la candidature de l'Université de Liège et de l'EUREGIO ?

    Par ailleurs, les communes de Plombières, de Dalhem et de Aubel ont été invitées en 2021 à l'initiative de la Commune de Fourons à participer à une réunion de travail relative au développement d'un parc paysager transfrontalier baptisé « Bocage sans frontière ». Avec l'implantation de six éoliennes, quelles suites pourront être données à ce projet ?
  • Réponse du 13/10/2022
    • de TELLIER Céline
    Tout d’abord, le fait qu’il n’y ait pas eu d’accord entre le Ministre Borsus et moi-même sur les recours introduits contre le permis unique octroyé en première instance pour les éoliennes de Warsage, dites aussi éoliennes de Dalhem, a effectivement pour conséquence de confirmer l’octroi de ce permis.

    Comme l’honorable membre le sait, l’analyse des ministres sur recours se base sur un rapport de synthèse élaboré par les experts de l’administration.

    Dans le cas présent, le rapport des fonctionnaires techniques et délégués compétents sur recours comportait un avis défavorable, mais motivé uniquement par des raisons urbanistiques. Sur le plan environnemental, les signaux étaient au vert pour ce projet éolien. Par ailleurs, sur le plan légal, l’analyse des fonctionnaires a relevé plusieurs arrêts du Conseil d’État indiquant que des projets futurs et incertains, comme c’est précisément le cas pour le télescope Einstein, ne devaient pas être pris en compte pour l’évaluation des incidences et des impacts potentiels.

    Indépendamment de ce dossier, elle imagine l’insécurité juridique que cela créerait de baser une décision pour un projet sur un hypothétique autre projet. Pour rappel, la décision relative au site retenu pour les projets de télescope ne devrait pas intervenir avant début 2025, au mieux. La construction même du télescope ne pourrait s’envisager avant 2035, voire 2040. Il n’est bien sûr pas envisageable de mettre en place un moratoire complet du développement éolien dans un périmètre de 10 kilomètres autour du site du potentiel futur télescope, alors même qu’il existe déjà des éoliennes dans ce périmètre.

    Au regard des enjeux du réchauffement climatique, notamment le dernier rapport du GIEC, du développement des énergies renouvelables, bien nécessaires pour non seulement décarboner nos sociétés, mais aussi accroître notre indépendance énergétique, des objectifs que s’est fixée la Wallonie en la matière, de l’avis favorable du fonctionnaire technique sur recours, et compte tenu du contexte géopolitique et de ses conséquences sur le prix de l’énergie, il m’a semblé nécessaire de soutenir la décision favorable prise par les fonctionnaires techniques et délégués en première instance.

    Néanmoins, il va de soi que la Wallonie poursuit son soutien au projet de télescope, comme j’ai eu l’occasion de l’indiquer à M. le Recteur de l’ULg. Rien n’indique, à ce stade, que le projet éolien soit incompatible avec le projet de télescope. En effet, l’analyse des fonctionnaires relevait également que les vibrations parasites jugées rédhibitoires pour le télescope sont en fait issues de mesures faites sur des éoliennes d’ancienne génération. Or, de gros progrès ont été faits en cette matière sur les éoliennes actuelles. Cette analyse relevait également le fait que des conceptions particulières pour les fondations des éoliennes sont possibles et permettent de ne pas répercuter dans le sol, en profondeur, les vibrations engendrées par le fonctionnement des éoliennes.

    Cette même analyse précisait enfin que les possibles interactions entre ces deux projets font l’objet de travaux d’étude au sein de l’Université de Liège. Un groupe interdisciplinaire y a été spécifiquement créé, et du groupe Engie, avec Electrabel, Tractebel ou Laborelec, afin d’essayer de dégager des solutions pour permettre la compatibilité des deux projets.

    Des contacts ont été pris avec les différents acteurs afin de les encourager à poursuivre dans cette voie.

    Par ailleurs, dans l’attente d’une solution et afin de permettre un dialogue serein entre les acteurs, j’ai sollicité et obtenu un accord écrit d’Engie-Electrabel, qui s’engagent à ne poser aucun acte de construction des éoliennes tant qu’un recours administratif est en cours devant le Conseil d’État. Cela permet de facto de dégager du temps de discussion pour des modalités techniques entre les différentes parties.

    Il n’y a donc, à ce stade, aucun élément permettant d’affirmer que l’implantation des éoliennes empêchera celle éventuelle – à nouveau, le site n’a pas encore été choisi – du futur télescope dans la région frontalière de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne.

    Pour le reste, concernant les projets spécifiques liés au paysage, je l’invite à questionner mon collègue en charge de l’Aménagement du territoire.