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Les espèces invasives

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 102 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le chômage de la Haute-Meuse ne permet pas seulement l'entretien des infrastructures, elle est aussi l'occasion d'étudier la faune et la flore, de mieux la comprendre et de mieux la conserver.

    Les équipes du DNF semblent se satisfaire des quantités de poissons et de leur diversité. Toutefois, la présence de gobies et de moules zébrées inquiète.

    Les espèces invasives ont inévitablement un impact sur la biodiversité de la Wallonie, faisant reculer la présence d'espèces indigènes. J'évoquais là des animaux aquatiques, mais on pourrait citer aussi la berce du Caucase, la renouée du Japon, le frelon asiatique, le ragondin ou la tortue de Floride.

    Comment ces espèces sont-elles recensées ?

    Comment sont étudiées la présence de celles-ci et les étendues géographiques concernées ?

    Que fait-on pour tenter d'en limiter la prolifération, voire de s'en débarrasser ?

    Est-on déjà venu à bout de certaines espèces ou peut-on espérer y arriver ?

    Existe-t-il des outils de communication à destination du citoyen pour le mettre en garde ou l'aider à participer à l'élimination des espèces invasives ? Lesquels ?

    Le DNF a-t-il des projets dans ce sens ?
  • Réponse du 05/01/2023
    • de TELLIER Céline
    Les espèces exotiques envahissantes (EEE) ont un impact inévitable sur la biodiversité, qu’il nous appartient de limiter pour protéger les espèces indigènes. Des mesures de recensement, de prévention, de gestion et de sensibilisation sont mises en œuvre pour répondre à cette problématique importante et complexe.

    Les (EEE) sont recensées en Wallonie au travers des sciences citoyennes, des programmes de surveillance de la biodiversité mis en place dans le cadre de la Directive Habitats et de la Directive Cadre sur l’Eau et du monitoring réalisé par les Contrats de rivière de Wallonie le long des cours d’eau. Je prévois d’ailleurs d’augmenter les moyens humains de ces derniers au travers d’une convention de coopération horizontale afin de renforcer leur capacité à inventorier les EEE sur le terrain.

    Les données d’observation ainsi récoltées sont ensuite enregistrées au travers de différents outils d’encodage et sont rendues publiques sur le portail d’information du « Global Biodiversity Information Facility ». Des cartes de distribution et des aires d’occupation sont définies par le SPW-ARNE pour les différentes espèces grâce à l’exploitation de ces données.

    Afin de limiter l’impact négatif de ces espèces, en septembre 2022, sur ma proposition, le Gouvernement wallon a adopté un arrêté permettant d’opérationnaliser la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Celui-ci travaille notamment la prévention, la détection et la gestion précoce de ces espèces. L’anticipation est essentielle, car il est souvent impossible d’éradiquer des espèces déjà bien implantées sur notre territoire. Il est donc nécessaire d’agir rapidement dès leur introduction. Cet arrêté nous donne également des outils pour élaborer et mettre en œuvre des plans de gestion des espèces déjà répandues sur le territoire.

    Des actions de gestion sont menées par mon administration :
    - la Berce du Caucase fait l’objet d’un plan de gestion ambitieux actif depuis 2011. Plus de 2 600 populations ont été éradiquées, ce qui représente 60 % de l’ensemble des populations recensées depuis 2010 ;
    - le rat musqué fait déjà l’objet de campagnes de piégeage, menées en interne par les piégeurs du Département des cours d’eau non navigables ;
    - le frelon asiatique fait également l’objet d’une gestion attentive depuis plusieurs années. Un marché public de services visant la destruction des nids de frelons asiatiques préalablement renseignés a été conclu en 2021 et a été relancé cette année ;
    - des plantes aquatiques ou rivulaires (Lagarosiphon major, Hydrocotyle ranunculoides, Ludwigia grandiflora, L. peploides, Myriophyllum aquaticum et M. heterophyllum) ont également fait l’objet de mesures de gestion afin de lutter contre leur développement. Un marché de service est également en cours d’élaboration. Il vise la réalisation de plans de gestion détaillés, sur la base d’analyses de faisabilité, en fonction des coûts et des niveaux d’invasion afin d’intensifier la lutte contre ces espèces. En ce qui concerne les renouées du Japon plus précisément, en 2021, j’ai initié un marché de service visant l’arrachage des boutures dispersées lors des inondations de juillet 2021. Cette action permettra d’empêcher une forte augmentation des populations de cette plante dans les zones sinistrées.

    Je prévois également d’intensifier la lutte contre plusieurs espèces largement répandues, notamment à l’aide de marchés de services en préparation. Des mesures de gestion pourront ainsi être prises pour d’autres espèces, comme le xénope lisse, le muntjac de Chine, le raton laveur, le ragondin, ainsi que la Balsamine de l’Himalaya.

    La sensibilisation de la population constitue également un levier important pour répondre à la problématique des EEE. Des canaux de communication sont développés afin d’informer les citoyens, notamment sur le portail biodiversité (http://biodiversite.wallonie.be/invasives), incluant la présentation des bonnes pratiques pour gérer chaque EEE et la mise à disposition de dépliants et autres supports téléchargeables gratuitement.

    Certaines espèces, comme le frelon asiatique ou le raton laveur, semblent désormais bien établies en Wallonie. La gestion sera donc réalisée de manière à limiter les dégâts liés à ces espèces, avec lesquelles nous devrons apprendre à vivre.