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Les critiques de Canopea sur le plan sécheresse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 112 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 26/10/2022
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Canopea a publié un article reprenant plusieurs critiques de la Stratégie Intégrale Sécheresse de Madame la Ministre. Celui-ci pose plusieurs questions.

    L'article pointe que Madame la Ministre fait la part belle à l'eau bleue alors que le cycle de l'eau verte est également problématique. Comment va-t-elle répondre à ce problème ?

    L'association note qu'« il est étonnant de remarquer le peu de place qui est donné à la résilience du système agricole dans cette stratégie ». Elle pointe qu'il n'y a ni mesure pour favoriser des cultures moins consommatrices d'eau ni pour augmenter les surfaces ombragées des champs.

    Qu'a-t-elle entrepris avec son collègue Ministre de l'Agriculture à ce sujet ?

    Comment va-t-elle faire évoluer la stratégie intégrale sécheresse dans ce sens ?

    Canopea s'inquiète de ce que signifie : « la création de « génie rural » permettant le stockage d'eau ». Et particulièrement de savoir si la construction de bassines comme il en existe en France est possible. Pourrait-elle donc préciser les constructions envisagées ?

    La Fédération estime que la « Stratégie intégrale sécheresse » doit exprimer plus clairement l'urgence du maintien de surfaces non urbanisées en tous lieux du territoire en vue de rendre ce dernier plus résilient.

    Pourrait-elle m'indiquer les mesures qu'elle compte prendre dans ce sens ?

    Une discussion existe-t-elle avec son collègue Ministre de l'Aménagement pour avancer la fin de l'artificialisation du sol avant 2050 ?
  • Réponse du 11/01/2023
    • de TELLIER Céline
    La stratégie intégrale sécheresse reprend un certain nombre de mesures et objectifs adressés au secteur agricole. Dans le premier pilier de la stratégie, le Schéma régional des ressources en eau (SRRE 2.0), un groupe de travail s’intéresse à l’évolution de la demande en eau dans les années à venir à la suite des effets du dérèglement climatique.

    En ce qui concerne l’autre pilier de la stratégie, à savoir le dispositif du SPW ARNE, celui-ci fait également la part belle au secteur agricole. Je renverrai vers ce document qui compte 12 mesures, soit près d’un quart du total, qui s’adressent directement au secteur agricole.

    Lors de son audition par la Commission environnement du Parlement du 6 octobre dernier, mon administration a rappelé les différents projets du Plan de relance qui ont un impact direct sur la résilience de l’agriculture : conseil et encadrement du secteur, mise à disposition d’informations sur l’adaptation aux sécheresses notamment sur la possibilité d’implantations de cultures plus résilientes, amélioration de la teneur en carbone des sols, soutien à la mise en place de haies via le programme « Yes We Plant », le Plan Bio 2030, le soutien à la recherche et au développement des filières alimentaires, le soutien de la transition environnementale du secteur agricole vers l’agroécologie et bien sûr le projet 104 intitulé «Améliorer l'infrastructure agro-environnementale et mettre en œuvre des structures de stockage d'eau et d'irrigation via l'aménagement foncier».

    L’objectif général de ce projet est d’offrir des ressources alternatives en eau au secteur agricole permettant de compenser les déficits et de suppléer à l'avenir aux déséquilibres générés par le changement climatique.

    Les objectifs opérationnels recherchés par le projet 104 sont les suivants :

    1) Maximiser le stockage de l’eau dans le sol :

    Au niveau de l’exploitation et de la parcelle agricole, cela passe en premier par une adaptation des pratiques agricoles (choix variétaux et d’espèces, itinéraires culturaux, gestion du travail du sol et des apports de matière organique, gestion du troupeau…).

    De façon plus globale, au niveau du territoire, il s’agit aussi d’améliorer « l’infiltrabilité » par la rétention de l’eau dans les écosystèmes adjacents notamment les espaces interstitiels (haies, talus, fossés) ainsi que dans les zones humides et les cours d’eau.

    Les aménagements de type « génie écologique » ou « solutions fondées sur la nature » contribuent à maximiser le stockage d’eau via la protection, la gestion ou la restauration des éléments naturels que sont :
    • les haies ;
    • les prairies permanentes ;
    • les bandes enherbées ;
    • les fossés, les fossés à redents ;
    • les noues ;
    • les mares ;
    • les zones humides ;
    • les méandres ;
    • les dispositifs agroforestiers.

    À fonctions égales, les « solutions fondées sur la nature » sont moins coûteuses à mettre en place et entretenir que des solutions de génie civil. Elles sont multifonctionnelles et permettent également de lutter contre l’érosion des sols agricoles et les inondations ainsi que développer la biodiversité.

    2) Optimiser l’utilisation de l’eau non retenue dans le sol :

    Il s’agira d’améliorer le pilotage de l’irrigation, d’optimiser le matériel et en dernier lieu de créer de nouvelles réserves dans une logique de répartition équitable de la ressource en eau et de limitation des conflits d’usage. Les systèmes de stockage d’eau peuvent aussi avoir d’autres fonctions dont l’accueil de la biodiversité, un volet paysager et récréatif ce qui facilite aussi l’acceptation sociale des projets (ex. : de la ZIT de Willemeau). Une complémentarité sera donc recherchée avec les projets en cours de réutilisation d’eau (d’exhaure ou de démergent…).

    Dans le cadre des aménagements de type génie rural ou génie écologique, les aspects de gestion de l’eau et de maintien et de développement de la biodiversité sont donc parfaitement compatibles et complémentaires. La recherche de multifonctionnalité des ouvrages s’inscrit dans le cadre des politiques d’adaptation au changement climatique et de zéro artificialisation. Cela permet entre autres d’optimiser l’espace, d’assurer une cohérence des interventions publiques et de limiter les financements.

    En matière de sensibilisation, l’administration porte une attention particulière au message sur le changement climatique et à son impact sur la pratique agricole.

    Pour les accompagner dans ce changement, la Région wallonne a mis en place plusieurs outils. Un de ces outils est constitué par les subventions octroyées à des producteurs qui souhaitent expérimenter de nouvelles pratiques culturales liées notamment aux problèmes de sécheresse. Il s’agit entre autres des essais démonstratifs qui testent des plantes fourragères moins consommatrices d’eau comme le sorgho. La subvention octroyée vise à indemniser le producteur pour la mise en place de l’expérimentation, la mise à disponibilité des surfaces de parcelles nécessaires et du temps consacré à la réalisation de l’expérimentation.

    Les résultats sont communiqués largement via les centres pilotes techniques qui encadrent les producteurs, mais également via un site web mis en place par l’administration pour diffuser au mieux les informations leur permettant de s’adapter aux sécheresses répétitives.