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Les perspectives des relations économiques entre la Région wallonne et l’Iran, suite aux contestations populaires contre le régime

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 40 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 26/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    La mort de Mahsa Amini a indigné les citoyens de tout l'Iran, déclenchant une vague de protestation. Leur colère et leur ras-le-bol face aux restrictions de liberté et la répression de la police des mœurs se sont transformés en contestation sociale et politique.

    Se sont rajoutées aux manifestations, les grèves dans différents secteurs dont l'important secteur pétrolier. Les protestations se sont aussi élargies au niveau des écoles et des universités. Cette nouvelle vague de manifestations est assez unique, tant en termes de portée que d'idéologie.

    Quelles que soient les mesures prises par le gouvernement, elles ne suffiront probablement pas à apaiser les griefs des manifestants.

    Des sanctions économiques ont été prises à l'égard du régime et de la police des mœurs de la part du Canada et de l'Union européenne (UE). La question d'un nouveau train de sanctions se pose déjà alors que Téhéran est soupçonné de livrer à la Russie des drones de combats utilisés contre les populations civiles en Ukraine.

    Selon les chiffres du site de l'AWEx, les exportations vers ce marché s'élevaient en 2019 à 8,1 millions d'euros. Sur le plan sectoriel, la Wallonie exportait surtout en 2019 des produits des industries chimiques (et pharmaceutiques), des ouvrages en pierre, des machines et équipements mécaniques, ainsi que des graisses, huiles et cires.

    L'Iran représente le 89e client de la Wallonie, entre la Zambie et le Salvador.

    Monsieur le Ministre-Président soutient-il les protestations qui ont lieu actuellement en Iran ?

    Est-il au courant des nouvelles sanctions décidées par l'Union européenne ?

    S'agirait-il de recalibrer nos relations commerciales avec la République islamique ?
  • Réponse du 02/02/2023
    • de DI RUPO Elio
    Comme l’honorable membre le sait, les droits humains sont une thématique qui tient particulièrement à cœur à la Wallonie. Dès lors, il est certain que la violente répression du mouvement de contestation populaire que l’on observe actuellement en Iran par le régime de Téhéran suscite une réelle inquiétude. Cette inquiétude est d’autant plus vive que notre compatriote, Olivier Vandecasteele, est détenu dans une prison iranienne dans des conditions épouvantables et tout à fait inacceptables.

    D’une manière générale, nous suivons l’évolution des sanctions de l’Union européenne à l’encontre de l’Iran. La Wallonie, à l’instar de la Belgique et des autres États membres de l’Union européenne, se conforme strictement aux mesures de sanctions européennes appliquées à la République islamique.

    Nous nous conformerons à toute nouvelle mesure imposée par l’Union européenne après l’ajout le 23 janvier dernier de 18 personnes et 19 entités sur la liste des personnes et entités faisant l'objet de mesures restrictives dans le cadre du régime de sanctions à l'encontre de l'Iran.

    Les 20 octobre et 12 décembre 2022, des personnes et entités iraniennes avaient déjà été inscrites sur la liste en raison de leur rôle dans la mise au point et la livraison de véhicules aériens sans pilote (UAV) utilisés par la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.

    En ce qui concerne les entreprises, soulignons que depuis plusieurs années, et surtout à la suite du retrait unilatéral des États-Unis de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA), bon nombre d’entre elles avaient déjà décidé de se désengager du marché iranien.

    Ce choix s’expliquait par différents facteurs. Ainsi, s’il est indéniable que le risque de sanctions américaines représente une réelle épée de Damoclès sur l’activité de certaines de nos entreprises, ce n’était pas la seule raison qui les incitait à la plus grande prudence.

    Les difficultés bancaires ne sont pas étrangères au désengagement de nos entreprises. À cet égard, la décision prise en 2018 par Credendo Group, notre assureur-crédit, de ne plus couvrir d’opérations en Iran a été à la fois le reflet de ces difficultés de financement et un signal donné à nos entreprises.

    Une autre difficulté rencontrée est l’avis de voyage négatif des Affaires étrangères sur l’Iran ; message relayé à toutes les entreprises ayant un intérêt pour ce marché.

    Il faut toutefois relativiser nos échanges commerciaux. La Wallonie n’ayant qu’un faible poids dans les exportations mondiales vers l’Iran, si l’on compare les montants de nos exportations et les milliards d’euros exportés en 2022 vers ce marché par la Chine, les Émirats arabes unis, ou encore par des pays européens comme l’Allemagne. L’effet de levier de la Wallonie est donc extrêmement limité dans le contexte mondial.