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Le lancement de la stratégie fédérale en matière d’hydrogène

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 206 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le Gouvernement fédéral a acté en mars dernier de revoir la stratégie pour l'hydrogène et de renforcer sa mise en œuvre. L'objectif est de faire de la Belgique un carrefour de l'énergie décarbonée. Le lancement officiel de la stratégie a été donné le 18 octobre à Anvers.

    « Pour devenir un carrefour de l'hydrogène, la collaboration est essentielle », a affirmé Alexander De Croo. « Les autorités européennes doivent créer des conditions de concurrence équitables pour que nous puissions garder nos industries ici. »

    La nouveauté est la création d'un conseil fédéral de l'hydrogène et que le port d'Anvers-Bruges affiche ses ambitions de devenir un acteur essentiel dans l'importation et la production d'hydrogène vert. Il deviendrait « la porte européenne de l'hydrogène ». Pour y parvenir, il y aura plusieurs défis à surmonter.

    Il s'agit d'une stratégie fédérale, mais la compétence énergie étant partagée avec les régions et puisque le Premier Ministre souligne l'importance des collaborations, la Wallonie a-t-elle été associée à la réflexion ou à la mise en place de cette stratégie et de quelle manière ?

    Lors du lancement à Anvers, Thomas Dermine a rappelé que les entreprises belges ont le potentiel pour devenir les championnes du monde en matière d'hydrogène vert. Aux dernières nouvelles, quand on parle de la Belgique, on englobe les trois régions. Ceci dit, le pôle stratégique semble s'établir en Flandre, grâce à son ouverture sur la mer du Nord.

    Est-ce dire que la Wallonie ne sera pas du tout impliquée ?
  • Réponse du 09/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Le lancement de la stratégie fédérale s’est fait de manière quasi autonome. Le volet stratégique en tant que tel n’a fait l’objet d’aucun échange préalable ni même d’information et a été constitué sur la seule vision stratégique de FLUXYS en la matière.

    Nous sommes bien en contact avec FLUXYS qui nous a présenté sa vision globale issue d’échanges avec le monde industriel.

    Bien entendu, établir un plan n’aura aucun impact si les investissements ne suivent pas. Cela vaut aussi pour le CO² où nous disposons, là, de plus de certitudes.

    L’essentiel des débats institutionnels l’a été sur la répartition des compétences entre entités. Je constate à ce titre que construire une stratégie sans s’être préalablement assuré de la répartition des compétences était probablement un pari risqué. Nous avons évidemment collaboré activement pour finalement se retrouver dans une impasse avec la Région flamande.

    Aujourd’hui, la discussion se prolonge dans la future Loi gaz qui sera proposée au menu d’un prochain CODECO.

    J’attire l’attention sur plusieurs éléments qui sont de nature à poser un risque majeur dans le futur.

    1) Transporter de l’hydrogène est extrêmement compliqué. Bien plus que du gaz. Je parle ici d’un hub d’importation, pas sous forme de canalisations, ce qui ne pose guère de problème en soi. Je reste persuadé que le développement de la filière sera essentiellement local sur le court terme et plus global sur le long terme. Cela s’est toujours vérifié historiquement, qu’il s’agisse de routes, de voies de chemin de fer, de réseau d’électricité ou de gaz.
    Ici, on semblerait inverser la tendance, ce qui me semblerait assez étrange.

    2) La question des vecteurs hydrogénés a toujours été écartée et c’est un risque majeur à la stratégie. En effet, face à la difficulté du transport d’hydrogène liquide, relever de vecteurs hydrogénés devient un enjeu intéressant. Je parle ici d’ammoniac. Facile à liquéfier, facile à transporter et facile à stocker. La Flandre mise sur l’ammoniac et, lorsque nous regardons le profil des clients en hydrogène wallon, cela semblerait assez intéressant de nous y pencher aussi.

    3) La Belgique dispose d’un opérateur de réseau historique en Air Liquide. Même si son réseau n’est actuellement pas public, les ignorer serait une erreur stratégique.

    Je pense que repenser et recentrer le débat de manière plus stratégique (et le repositionnement dans la stratégie commerciale du GRT n’est probablement pas un bon angle d’attaque) permettrait à tous de sortir vainqueurs de la transition sur le long terme.