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Les conséquences sur la mobilité des difficultés des entreprises à établir une flotte de véhicules totalement verte en 2026

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 217 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Un sondage d'AON et Fleet du 11 mai dernier révèle que plus d'un tiers des entreprises ne saura établir une flotte de véhicule 100 % verte d'ici 2026.

    Les principales raisons sont avancées : il s'agit de la non-installation de bornes en suffisance, des longs délais de livraison des véhicules électriques et de la crainte des travailleurs quant à l'autonomie. Ce dernier élément se trouve être une conséquence directe, me semble-t-il, du manque de bornes actuel.

    En plus de ces proportions, 68,9 % des entreprises sondées éprouvent des difficultés d'infrastructure, se questionnent sur celles-ci et s'inquiètent de la gestion des risques d'incendie qui concerne l'électrification de leur flotte de véhicules.

    Alors que l'investissement dans l'installation de bornes est actuellement déductible à 200 % et que l'achat de voitures électriques l'est à 100 %, les difficultés liées à l'électrification des flottes de véhicules sont bien présentes.

    Les sociétés de leasing ne pourront pourtant plus proposer que des véhicules à zéro émission de carbone à partir de 2026. Cela signifie donc l'obligation d'accélérer le verdissement d'environ 600 000 véhicules en Belgique et pour ce faire, de rassurer ces entreprises wallonnes quant à l'élaboration d'actions traitant les points d'inquiétude qui gravitent autour de ce passage à la mobilité électrique.

    Il existe donc une difficulté à implanter les flottes vertes dans les entreprises.

    Monsieur le Ministre a-t-il déjà identifié les conséquences de ces difficultés d'implantation de flottes électriques dans les entreprises ? Dans la positive, quelles solutions va-t-il mettre en œuvre ?

    Face aux difficultés d'approvisionnement des véhicules électriques, propose-t-il un report de la date d'entrée en vigueur ?

    Face à la crainte de voir émerger des vitesses de « mises au vert » des flottes des particuliers et des entreprises trop différentes, que fait-il ?

    Quels contacts, collaborations et initiatives prend-il avec le Fédéral sur ce sujet précis ?
  • Réponse du 10/01/2023
    • de HENRY Philippe
    Je relève quatre interrogations dans la question de l’honorable membre.
    1) la non-installation de bornes en suffisance ;
    2) les longs délais de livraison ;
    3) l’autonomie des véhicules ;
    4) le risque d’incendie.

    Je vais considérer les questions 1 et 3 comme étant liées. Je l’ai déjà signalé à plusieurs reprises, les véhicules électriques ne sont technologiquement pas murs pour faire de longues distances. Si tel avait été le cas, leur autonomie serait satisfaisante pour faire 800 km et le temps de chargement n’excèderait pas 15 minutes. Nous en sommes loin du compte or, tous les constructeurs semblent s’orienter vers le créneau des grandes routières pour lequel l’électromobilité n’est justement pas adaptée.

    Les voitures électriques sont et restent intéressantes pour ce qui est un usage classique, à savoir, 40 kilomètres par jour, soit un besoin ponctuel de 8kWh. Mais le public ne semble voir que les distances qu’ils ne parcourent que 4 ou5 fois par an. C’est évidemment un biais qui grève la bonne qualité de ce genre d’étude.

    Je ne dis pas que la question des infrastructures est à minimiser, elle est essentielle pour tous ceux qui n’ont pas de solution de stationnement privatif. Mais pour ce qui est de la longue distance, les infrastructures rapides s’avèrent plus essentielles avec des obligations qui seront définies par l’Europe dans un Règlement et que nous serons en mesure d’anticiper avec la SOFICO.

    Mais, je le rappelle, l’essentiel du modèle de l’électromobilité repose sur une autre équation que ce qui a prévalu historiquement avec les voitures thermiques, c’est cela le grand enjeu de l’électromobilité. On ne peut pas demander aux secteurs de faire des miracles si les détenteurs de ces véhicules ne sont pas, eux-mêmes, disposés à modifier certaines de leurs habitudes. Cela doit rester un concept donnant/donnant, sinon, il ne fonctionnera pas ou nécessitera des investissements inacceptables, non seulement du pouvoir public, mais également des utilisateurs de véhicules électriques qui devraient notamment payer des recharges à des prix exorbitants.

    Pour ce qui est de l’offre en véhicules et des délais de livraison, je laisse chacun juge de la situation. Avec des délais de livraison parfois de plus de deux ans, je pense qu’il aurait été plus sage de revoir le passage au tout électrique à une échéance plus lointaine en diversifiant l’offre en carburants de substitution. Cependant, à la question de savoir si je suis prêt à envisager un report dans le temps de l’obligation pour les raisons invoquées, je répondrais que ce n’est pas moi qu’il faut convaincre, mais le Gouvernement fédéral et plus particulièrement Vincent Van Peteghem, ministre des Finances. Il s’agit en effet d’une compétence exclusivement fédérale qui touche majoritairement des véhicules immatriculés hors de Wallonie.

    Certaines voix commencent à se préoccuper de l’approvisionnement en nouvelles ressources stratégiques et force est de constater qu’il y a une vraie inquiétude en ce qui concerne la disponibilité en lithium face à la demande croissante.

    En ce qui concerne le risque d’incendie, nous sommes là, face à la gestion de risque. Je vais retourner la question, que doit-on privilégier, le risque zéro ou le risque acceptable. Je rappelle que, historiquement, les véhicules au LPG sont interdits en sous-sol pour des raisons de sécurité. Ce à quoi nous faisons face, c’est bien à un problème similaire. La Ministre de l’Intérieur essaye de trouver une solution pragmatique à une situation qui, si elle n’est pas réglée, signerait la mort probable d’un parc à 100 % électrique dans les villes. Je ne le souhaite pas, mais ce qui semble devenir une évidence, c’est que les règles en termes d’urbanisme devront être adaptées à ce nouveau paradigme.

    Les Régions ne sont pas directement invitées aux discussions fiscales. Nous n’avons que très épisodiquement l’occasion de faire valoir nos approches comme dans le cas de négociations de Directives ou Règlements. Force est de constater qu’il existe des positionnements radicaux ou irréalistes historiques du côté néerlandophone en ce qui concerne l’impact de la voiture électrique.

    Les études menées systématiquement ont chaque fois offert des perspectives irréalistes en la matière. Je me souviens qu’en 2012, les études montraient un taux de 2 millions de voitures rechargeables en 2020 en Belgique.

    Je suis convaincu que l’électromobilité est une opportunité pour le long terme. Une vraie chance pour l’avenir. Il ne faudrait pas la laisser passer en se trompant dans les choix à venir.