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La planification de l'offre de médecins généralistes en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 101 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de BERNARD Alice
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le Groupement belge des omnipraticiens et le Collège de médecine générale francophone demandent à ce qu'il y ait beaucoup plus de médecins généralistes en Wallonie. Nous avons pu lire dans la presse que, selon eux, il faudrait que 50 % des étudiants s'orientent vers la médecine générale au minimum pour pouvoir répondre à la pénurie de généralistes sur le territoire. D'un côté, il y a cette pénurie et de l'autre, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles termine d'établir le cadre du concours pour les étudiants en médecine tandis qu'au Fédéral, ils mettent en place un quota de numéros INAMI contraignant et certainement insuffisant pour répondre à la pénurie alors qu'il y a beaucoup d'étudiants dans cette branche. De son côté, Madame la Ministre est responsable de la planification de l'offre de soins de première ligne sur le territoire.

    Au regard des mesures prises par les autres niveaux de pouvoirs et de l'appel du groupement belge des omnipraticiens et du Collège de médecine générale francophone, peut-elle faire le point sur l'avancée du dispositif Impulseo ainsi que des impacts que ces mesures ont eus sur ce dispositif?
  • Réponse du 25/05/2023
    • de MORREALE Christie
    La planification de l’offre de soins de première ligne n’est pas de la compétence de la Région wallonne. C’est le Fédéral qui est compétent pour la fixation des quotas de médecins généralistes et spécialistes, et les Communautés pour l’enregistrement des professionnels de santé et des sous-quotas par disciplines.

    Pour pallier le manque d’informations pertinentes pour évaluer la situation réelle en termes d’accès à la médecine générale en Wallonie, depuis 2016, l’AViQ met à jour chaque année le cadastre des médecins généralistes actifs en première ligne. Ce cadastre, élaboré avec les présidents de cercles de médecins généralistes, est basé sur les adresses des cabinets où les médecins exercent leur pratique. Ce cadastre sert notamment à déterminer les communes en pénurie.

    Selon les données récoltées auprès des cercles de médecins généralistes, il y avait, au 31 décembre 2021, 3 717 médecins généralistes actifs en Wallonie. Ils étaient 3 691 en 2020, 3 606 en 2019, 3 507 en 2018, 3 460 en 2017 et 3 467 en 2016.

    Pour l’année 2021, la cartographie permet de mettre en évidence que 133 communes wallonnes sont en pénurie de médecins généralistes parmi lesquelles 46 sont en pénurie sévère (il y en avait respectivement 132 et 40 en 2020 et 143 et 47 en 2019). Trois communes avec des densités médicales supérieures à 90 médecins généralistes pour 100 000 habitants ont obtenu une dérogation pour être considérées comme en pénurie, car dans ces communes, la proportion de médecins de plus de 65 ans qui envisagent de prendre leur pension en 2022 est élevée.

    Parmi ces 133 communes, 119 étaient déjà en pénurie en 2020 et 14 ne l’étaient pas (mais cinq l’étaient en 2019 et les années précédentes). Parmi les 46 communes en pénurie grave, 35 l’étaient déjà en 2020 et 11 le sont devenues en 2021.

    Pour les 14 nouvelles communes en pénurie en 2020, 33 médecins ont cessé d’y exercer (22 pensionnés, 4 déménagements vers une autre commune wallonne, 2 partis à Bruxelles ou à l’étranger, 5 ont réorienté leur carrière) et 5 sont en arrêt maladie. Dans ces communes il n’y a eu que 8 nouvelles installations.

    Dans les 46 communes en pénurie sévère il n’y a eu 14 nouvelles installations en 2020 alors que dans le même temps, 24 médecins y ont cessé leur activité (12 sont pensionnés, les autres ont réorienté leur carrière ou ont changé de commune ou de pratique).

    Au total il y a eu en 2021, 247 nouvelles installations et 222 cessations d’activité de médecine générale (pension, décès, réorientation professionnelle, déménagement …).

    Globalement, le solde est positif (+ 26 médecins), mais on constate que la majorité des installations (157, soit 64 %) ont eu lieu dans des communes qui n’étaient pas en pénurie en 2020. Ces installations ont largement permis de compenser les départs. Dans les communes qui étaient déjà en pénurie en 2020, les nouvelles installations n’ont pas complètement pu compenser les départs, ce qui signifie que le niveau de pénurie s’est encore aggravé.

    Dans les communes qui n’étaient pas en pénurie en 2020 et sont passées en pénurie depuis, on constate que les installations ne compensent que la moitié des départs tandis que dans les communes sorties de la pénurie les nouvelles installations sont 10 fois plus nombreuses que les départs.

    Ces nouvelles installations doivent notamment compenser des départs à la retraite (62 % des arrêts d’activité), les réorientations professionnelles, par exemple, vers la médecine hospitalière ou des spécialités comme la médecine du sport ou la nutrition (12 % des arrêts d’activité), les décès (5 %) et les déménagements vers Bruxelles ou à l’étranger (4,5 %).

    En 2021, 176 nouveaux médecins de moins de 30 ans se sont installés en Wallonie (ils étaient respectivement 154, 57, 86 et 131 en 2017, 2018, 2019 et 2020). Les médecins nouvellement installés en 2021 représentent 4,7 % des médecins actifs. Depuis 2017, cette proportion est en constante évolution.

    La proportion de nouveaux jeunes médecins est la plus élevée (rapport du nombre de jeunes médecins nouvellement installés au nombre total de médecins actifs) dans le Luxembourg. Parmi ces jeunes médecins, 68 % sont des femmes.

    Le dispositif Impulseo rencontre de plus en plus de succès et l’octroi d’incitants financiers est évidemment un levier, mais n’est pas le seul à activer pour maintenir une activité de médecine générale en suffisance dans les zones en pénurie.

    Je tiens également à souligner que nous entamons une révision de la législation Impulseo en nous appuyant sur l’expérience de ces dernières années. Ce travail est réalisé dans le cadre d’une concertation avec le secteur et est intimement lié aux analyses et recommandations qui sont formulées dans les conclusions de Proxisanté.

    Rappelons enfin que la planification de l’offre médicale, ne doit pas seulement prendre en compte le nombre de médecins actifs et le nombre de médecins en formation, mais doit également tenir compte de l’évolution démographique, comme le vieillissement de la population et de son impact sur l’évolution des besoins de santé de la population et également de l’évolution des pratiques la profession avec des médecins qui désirent consacrer plus de temps à chaque patient tout en conciliant vie privée et vie professionnelle.