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L'expansion du raton laveur en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 125 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le raton laveur représente une espèce exotique invasive de plus en plus problématique en Wallonie. Sa progression est constante, la presse mentionnait en octobre entre 40 000 et 75 000 individus estimés et en 2021, vous avanciez même à mon collègue Christophe Bastin une fourchette entre 50 000 et 115 000 individus ! Ne connaissant plus de prédateur à l'âge adulte chez nous, cette espèce exerce une importante prédation sur les batraciens (dont probablement la reinette verte qui vient à peine d'être réintroduite), mollusques ou encore oiseaux, dont certaines espèces protégées. Il n'est malheureusement plus envisageable d'éradiquer cette espèce, mais des actions peuvent et doivent être prises pour la biodiversité, mais aussi pour les riverains impactés. Une habitante d'Anhée a par exemple dû débourser plus de 1 500 euros pour qu'une firme spécialisée capture 13 ratons laveurs dans son jardin. Les communes sont bien entendu conscientes, mais non habilitées pour agir. Le citoyen doit ainsi agir lui-même ou faire appel à un chasseur ou une firme… Cette situation paraît-elle normale à Madame la Ministre dans le contexte de crise actuel ?

    Au DNF, on souligne que l'espèce ne fait l'objet d'aucun plan spécifique, mis à part de consignes à certains cantonnements en fonction de la pression. Mais sans moyen supplémentaire ni réelle obligation de résultat. Que pense-t-elle de cette situation ?

    Elle examinait en mai 2021 les pistes d'action à mettre en place avec son administration. Pouvons-nous savoir quelles seront-elles ?

    Où en est la finalisation du Plan régional de lutte qui doit être adopté pour début 2023 ?

    Quelles seront les actions mises en place pour protéger les espèces les plus impactées ?

    Les communes pourront-elles agir dans le futur, et obtiendront-elles des moyens pour le faire ?

    Qu'en est-il du DNF ?

    Dans le cadre de l'adoption du nouvel arrêté relatif aux espèces exotiques, un plan de gestion ne serait-il pas pertinent pour cette espèce ?
  • Réponse du 13/12/2022
    • de TELLIER Céline
    La population importante de raton laveur nous incite en effet à mettre en place des modalités pour gérer au mieux sa présence, et la cohabitation.

    Le raton laveur est un carnivore opportuniste qui s’adapte à de très nombreux habitats naturels, mais également aux milieux urbanisés où il peut atteindre des densités très élevées. Ses capacités cognitives et reproductives font de ce mammifère une espèce exotique et envahissante particulièrement complexe à gérer, d’autant plus qu’il est plutôt discret et principalement nocturne. Son capital sympathie non négligeable auprès d’une partie de la population peut aussi rendre difficile la compréhension de certaines actions.

    De nombreux agents du DNF sont déjà investis localement dans la lutte contre le raton laveur. De manière plus large, mon administration prépare un marché public qui permettra d’identifier des zones prioritaires d’intervention, tenant compte de la présence d’espèces sensibles, ainsi que la réalisation d’un plan de lutte détaillé. Ce plan pourra s’appuyer sur des actions préventives (mise en place de dispositifs anti-prédation au niveau de carrières ou de certains arbres, sensibilisation des citoyens aux dangers du nourrissage du raton laveur) et sur des actions de lutte comme l’action de piégeage réalisée entre mai 2019 et septembre 2020 dans le sud de la Belgique.

    Les communes peuvent tout à fait agir dans le cadre de cette problématique. Nous pouvons noter l’exemple de la Commune de Somme-Leuze qui a proactivement informé ses citoyens, en collaboration avec les services du DNF, et lancé un marché public pour la capture des ratons laveurs sur son territoire.

    À noter que la subvention BiodiverCité pourrait également servir à couvrir les frais des communes. Suite à la rédaction des plans de gestion pour les espèces largement répandues telles que le raton laveur, il sera envisagé d’inclure également les espèces animales concernées par un plan de gestion au sein de BiodiverCité.

    L’arrêté du Gouvernement wallon adopté le 15 septembre dernier est un outil important pour organiser la gestion des espèces exotiques envahissantes, notamment les espèces largement répandues décrites comme préoccupantes pour l’Union européenne, comme c’est le cas du raton laveur. Cet arrêté permettra notamment d’opérationnaliser le plan de lutte en préparation et de délivrer des agréments afin de permettre à des opérateurs d’intervenir chez les particuliers en cas de nuisance.