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L'amélioration de la connectivité écologique en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 131 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de JANSSEN Nicolas
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Nous sommes aujourd'hui confrontés à une perte de biodiversité. En Wallonie, plus de 70 % des espèces sont dans un état défavorable.

    Au regard de la conservation des espèces, la connectivité écologique est un facteur clé de la pérennité des populations. Afin de favoriser celle-ci, il apparaît comme fondamental de créer, mais aussi de préserver, des connexions naturelles afin de permettre un brassage génétique des populations. Ces objectifs peuvent être atteints de plusieurs manières, notamment en louant ou achetant des terrains afin de les destiner à un usage de conservation, mais également en créant des incitations pour que les terrains privés soient dévolus à la conservation sur une base volontaire. Dans ce cadre, la coopération de tous les acteurs a déjà fait ses preuves dans d'autres régions/pays. Je fais référence ici non seulement au secteur public et aux associations de nature, mais aussi aux propriétaires fonciers, forestiers, ou agriculteurs.

    Les projets en place ne seront pas suffisants. Quelles actions complémentaires à celles en cours sont prévues en Wallonie pour améliorer la connectivité écologique ?

    Quelles initiatives Madame la Ministre a-t-elle prises afin de développer, ou renforcer, une meilleure coopération entre tous les acteurs ?

    Un dialogue a-t-il été engagé ? Si oui, quelles sont les parties prenantes ?

    Plus particulièrement, et dans ce cadre, nos homologues néerlandophones subsidient tous les acteurs, y compris les privés. En Région wallonne, tous les acteurs, y compris les personnes privées, physiques ou morales, peuvent-ils avoir accès aux outils de conservation de la nature, notamment les fonds et subventions ?
  • Réponse du 05/01/2023
    • de TELLIER Céline
    Effectivement, la biodiversité connaît actuellement en Wallonie, comme dans les autres États et régions d’Europe, une crise sans précédent. Cette situation concerne tant la préservation des espèces et milieux rares et vulnérables que la biodiversité dite plus ordinaire. Cette problématique s’explique majoritairement par les impacts des activités humaines sur les écosystèmes.

    Pour y faire face, plusieurs actions et outils sont activés. Le classement de sites naturels ou semi-naturels en « réserve naturelle » en fait partie. L’objectif est de préserver des milieux rares, menacés ou importants pour la biodiversité, parfois de petite taille. Le réseau d’aires protégées joue un rôle important dans la connectivité écologique et dans le renforcement des systèmes naturels. Ce réseau permet à la fois d’assurer le maintien de la biodiversité, garante de la résilience de l’environnement face à de potentielles crises futures, mais également d’offrir aux citoyens des espaces naturels sains et de qualité. Depuis le début de la législature et comme le prévoit la déclaration de politique régionale, je me suis d’ailleurs engagée à proposer la reconnaissance d’au moins 1 000 hectares par an d’aires protégées. Cette trajectoire est tenue et je m’en réjouis.

    Pour atteindre cet objectif, et à l’avenir le dépasser, des moyens du plan national de résilience et de relance (PNRR) et du Plan de relance pour la Wallonie (PRW) approuvés par le Gouvernement wallon le 14 juillet 2021 sont mobilisés. Ce sont plus de 30 000 000 d’euros disponibles, pour partie jusqu’en 2024, et pour l’autre jusqu’en 2026, à la fois pour le secteur public et pour le secteur privé. Des subventions sont accordées aux partenaires associatifs agréés de conservation de la nature afin de renforcer l’acquisition d’aires protégées.

    Je tiens aussi à relever l’importance des discussions qui ont eu lieu au sein de la « task force aires protégées », mise en place à ma demande. Celle-ci a permis aux différents acteurs et utilisateurs du territoire d’échanger en vue de renforcer le réseau d’aires protégées en Wallonie.

    La restauration des sites naturels et semi-naturels est également un élément essentiel pour l’amélioration de l’état de conservation des habitats et espèces. Les programmes LIFE initiés par l’Union européenne offrent l’opportunité de financer des projets s’adressant à la préservation et la restauration de différents habitats sensibles sur une large portion du territoire. Ces projets comportent tant des actions de sensibilisation que des actions d’acquisition, de restauration et de gestion de milieux naturels. Ils impliquent tous types d’acteurs, tant privés que publics. Les personnes privées intéressées peuvent notamment conclure des contrats avec le porteur du projet et obtenir une rétribution pour la mise en place sur leur terrain de mesures favorables à la biodiversité.

    J’ai notamment accordé mon soutien à deux programmes LIFE qui ont démarré en 2021.

    Le LIFE « Connexions » vise spécifiquement le renforcement de la connectivité de différents milieux et des espèces menacées associées, en particulier des prairies, pelouses, forêts humides. Il a pour objectif de créer et restaurer 500 hectares de sites naturels protégés à des endroits stratégiques permettant de densifier le réseau.

    Le LIFE « Vallées ardennaises » vise l’amélioration de la qualité des cours d’eau ardennais et des milieux associés en agissant conjointement sur le lit mineur (levée d’obstacles, aménagements du lit mineur, renaturation des berges des cours d’eau), sur le lit majeur (restauration de la ripisylve, restauration d’annexes hydrauliques) ainsi que sur les versants boisés (restauration des forêts naturelles, affleurements et éboulis rocheux). Par la restauration de milieux d’intérêt biologiques liés aux cours d’eau, ce projet doit permettre de compléter progressivement le réseau de ces milieux connectés par les cours d’eau.

    Le programme wallon de développement rural (PwDR), avec près de 10 millions d’euros, et le plan de relance pour la Wallonie, avec près de 5 millions d’euros, permettent aussi de mobiliser des moyens à destination des acteurs publics et privés pour restaurer la biodiversité.

    Le PwDR permet notamment le financement des mesures de restauration des habitats Natura 2000 et habitats d’espèces Natura 2000, ce financement étant accessible aux propriétaires privés comme aux propriétaires publics.

    Le Plan de relance pour la Wallonie a quant à lui notamment permis de lancer un appel à projets portant sur le renforcement de la résilience et des fonctions écosystémiques des espaces naturels au travers de la renaturation, la reméandration, la restauration de zones humides dans le lit majeur des cours d'eau, les zones d'immersion temporaire. Les milieux ainsi restaurés viendront également renforcer la connectivité entre les habitats liés aux cours d’eau.

    Des moyens conséquents seront également dégagés pour appuyer la mise en œuvre des plans opérationnels des deux parcs nationaux qui ont été désignés par le Gouvernement wallon. Ces moyens devraient permettre d’appuyer des actions de restauration de la biodiversité dans ces deux territoires avec une attention à la connectivité entre les zones d’intérêt biologique.

    Complémentairement, conformément à ce que prévoit la déclaration de politique régionale, un travail de cartographie du réseau écologique est en cours. Ce travail servira de base pour, notamment, informer sur les zones où les enjeux biologiques sont élevés et méritent d’être préservés et sur les zones où une restauration des milieux d’intérêt biologique est techniquement possible et prioritaire.

    Enfin, je rappelle que les initiatives des partenaires communaux sont également soutenues, notamment au travers des appels à projets « BiodiverCité », « végétalisation », « espaces verts urbains » et « trame verte et bleue », avec des objectifs « biodiversité » intégrés dans les Programmes stratégiques transversaux (PST) des Communes.

    Dès lors, l’honorable membre notera que des initiatives sont prises non seulement en termes de mobilisation des acteurs, de renforcement des collaborations, mais également en termes d’objectifs et de moyens pour les mettre en œuvre.