/

Les métabolites de pesticides dans l'eau du robinet

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 133 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/11/2022
    • de KELLETER Anne
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Selon des données recueillies par le journal Le Monde en 2021 auprès des agences régionales de santé (ARS), d'agences de l'eau ou de préfectures, environ 20 % des Français auraient reçu au robinet, régulièrement ou épisodiquement, une eau non conforme aux critères de qualité. Le nord et l'ouest de la France sont particulièrement touchés.

    En cause souvent : les métabolites de pesticides, dont les concentrations dans l'eau dépassent régulièrement les valeurs seuils.

    Le premier problème est donc le fait que les valeurs limites sont régulièrement dépassées, le deuxième étant qu'on ne contrôle pas toutes les substances. Explication : sur plus de 1 000 molécules de pesticides existantes, les autorités sanitaires en ont en moyenne recherché 170 par prélèvement entre janvier 2021 et juillet 2022. Le nombre et la liste des substances suivies diffèrent d'une région à l'autre et même d'un prélèvement à l'autre, car la liste des molécules à tester est définie localement, selon divers critères et aussi selon les moyens disponibles pour effectuer les tests, souvent coûteux.

    Cela dépend aussi des produits phytosanitaires les plus utilisés sur le territoire.

    Les métabolites de pesticides représentent un danger pour la santé humaine et environnementale, il convient donc de prendre des mesures afin de faire en sorte que ces substances n'aboutissent pas dans le robinet de nos citoyens.

    Risque-t-on de vivre la même situation qu'en France, un jour ? Quelles procédures ont été mises en place en cas de contamination de l'eau potable ?

    Pouvez-vous nous rassurer quant à la qualité de l'eau du robinet en Wallonie ? Qu'a fait donc Madame la Ministre pour éviter une telle contamination, pour augmenter les contrôles sur les métabolites et pour garantir la qualité de notre eau du robinet ?

    Selon elle, tous les métabolites doivent-ils être considérés comme pertinents dans les contrôles pour éviter que l'on passe à côté d'une substance uniquement, car on ne l'attend pas ?
  • Réponse du 13/12/2022
    • de TELLIER Céline
    Actuellement, en cas de dépassement de la norme de 0,1 µg/l fixée pour les pesticides et métabolites pertinents dans les eaux distribuées, le distributeur est tenu de déclarer l’événement à l’administration et réaliser une contre-analyse dans les plus brefs délais pour confirmer ce dépassement. En cas de non-conformité avérée, le distributeur prend alors les mesures nécessaires pour diminuer la concentration de cette substance.

    Le suivi de plusieurs métabolites non pertinents particulièrement impactant pour nos nappes en zones d’agriculture intensive est également d’application en Région wallonne en vertu de la directive relative à la protection et à la non-détérioration des eaux souterraines.

    La nouvelle directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine impose d’étendre ces contrôles aux eaux distribuées et de fixer une valeur limite pour les métabolites non pertinents.

    Normalement, la pertinence au sens sanitaire des métabolites est analysée lors de l’autorisation de la mise sur le marché d’une substance pesticide qui est de compétence européenne et mise en œuvre par l’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments) ; en Belgique les produits phytosanitaires formulés à partir de ces substances autorisées sont alors gérés par le SPF-Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement. Cependant, certains métabolites posent question étant donné que le dossier d’agréation de leur substance mère peut être incomplet (cas de pesticides anciens) ou bien parce que certains États membres ont revu les études et adopté une position plus stricte.

    C’est la raison pour laquelle dans le cadre de la transposition de la directive, je proposerai prochainement au Gouvernement d’établir une liste prioritaire de métabolites non pertinents à contrôler dans l’eau destinée à la consommation humaine.

    Bien entendu, cette liste sera basée sur les molécules dont la présence est probable en concentration significative dans l’eau potable, les principaux critères pour cela étant les quantités du pesticide parent vendues en Belgique, leur mobilité dans les sols et leur persistance.

    Cette liste sera aussi révisée tous les 5 ans sur proposition du Ministre de l’Environnement.