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La COP15 sur la biodiversité

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 141 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de MATAGNE Julien
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le récent rapport « Planète Vivante » du WWF sonne l'alerte rouge, si celle-ci doit encore être donnée, pour la biodiversité mondiale. Au programme, des chiffres critiques et dramatiques : une baisse moyenne de près de 70 % des populations d'animaux sauvages entre 1970 et 2016, une réduction drastique de 76 % des poissons d'eau douce ou encore les effectifs des espèces étudiées s'étant effondré de 94 % en Amérique latine toujours depuis 1970… Une véritable crise de la biodiversité que nous n'avons plus besoin de dénoncer, mais pour laquelle les réactions d'envergure à l'échelle globale se font attendre.

    Madame la Ministre annonçait récemment qu’elle comptait se rendre à la prochaine conférence de l'ONU sur la biodiversité en décembre à Montréal. Elle devra, je cite, « définir des objectifs et plans d'actions clairs pour arrêter l'érosion de la biodiversité à l'échelle mondiale et accélérer sa restauration ». Quels objectifs va-t-elle défendre ? S'agit-il d'une position d'ores et déjà établie et concertée au sein du Gouvernement wallon ? Existera-t-il une position belge unifiée ? Des discussions sont-elles actuellement en cours avec ses homologues ?

    À son avis, un tel déclin pourra-t-il être atténué et enrayé ? Que représente pour elle la conférence de décembre prochain ? Pourra-t-on espérer l'émergence d'une réelle dynamique top-down de conservation ?

    Heureusement, des points positifs peuvent parfois être relevés et notamment en Wallonie avec la présence certaine de la loutre dans la Semois et la Rulle. Des prélèvements ADN ont été réalisés par l'INBO dans la Semois et certains affluents et zones humides alentours. Pourquoi le SPW n'a-t-il pas réalisé de tels prélèvements ? Cette espèce rare est bio-indicatrice de milieux qualitatifs et nous permettrait de juger des travaux de restauration ou de gestion effectués. Suite à cette bonne nouvelle, va-t-elle décider de mener des actions de préservation ?
  • Réponse du 13/12/2022
    • de TELLIER Céline
    La Wallonie et la Belgique soutiennent un niveau d’ambition élevé pour le futur cadre mondial pour la biodiversité et mettent l’accent sur l’urgence d’agir. Toutes les entités et le Fédéral sont en accord pour que le cadre mondial permette une augmentation de la surface de la planète favorable à la biodiversité, que ce soit par des mesures de protection, de restauration ou d’utilisation durable, et que ce soit pour les écosystèmes naturels, semi-naturels, les écosystèmes productifs, extractifs ou urbains.

    À cet effet, nous soutenons, de manière concertée avec les autres entités belges et le Fédéral, une cible mondiale visant la restauration d’au moins 3 milliards d’hectares d’écosystèmes terrestres dégradés et de 3 milliards d’hectares d’écosystèmes marins et côtiers dégradés.

    Le futur cadre mondial doit stimuler l’action de tous et promouvoir l’intégration de la biodiversité dans les secteurs et prendre des mesures pour tous les facteurs de perte de biodiversité. À cet effet, nous soutenons activement une protection de 30% des terres et de 30 % des océans (tout en préservant pleinement les droits des communautés indigènes), mais plus important encore, une gestion durable de la biodiversité sur les 70 % de la planète restants.

    Cependant, mettre un terme au déclin de la biodiversité ne sera possible que si ce cadre est accompagné d’un mécanisme comprenant la planification à l’échelle nationale, le suivi via des indicateurs, l’examen du progrès, et une remise à niveau (si nécessaire pour ce dernier), mais aussi d’une mobilisation des ressources adéquate. Cette dernière doit refléter trois volets : réduire les dépenses qui nuisent à la biodiversité, augmenter les ressources disponibles pour la biodiversité et assurer une plus grande effectivité et efficacité dans la génération et l’utilisation des ressources disponibles. La COP15 est l’occasion de discuter de cet ensemble, mais aussi d’éveiller l’attention mondiale sur les enjeux afin de donner l’élan aux gouvernements nationaux et locaux pour agir à travers tous les secteurs, s’attaquer à tous les facteurs de perte de biodiversité et à entreprendre les actions de protection, de restauration et d’utilisation durable nécessaires.

    La position belge relative à la 15e conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique et au cadre mondial pour la biodiversité pour l’après 2020 est préparée selon les mécanismes de coordination prévus par le groupe biodiversité du CCPIE. La Wallonie y participe activement.

    La présence de la loutre en Wallonie dans la Semois n’est pas une nouveauté. Les suivis dans le cadre du rapportage Natura indiquent que l’espèce est en état « défavorable mauvais », avec une extension de son aire de répartition. Les observations sont rares, mais plus nombreuses que lors du rapportage précédent. Les nouvelles techniques telles que l’ADN environnemental permettent une meilleure détectabilité de l’espèce, ce qui ne se traduit pas nécessairement par une amélioration de son statut de conservation.

    L’initiative du WWF, en collaboration avec le Contrat Rivière Semois Chiers, de financer cette étude a le mérite de valider une technique encore en développement et maîtrisée par l’INBO. Sur cette base, le DEMNA va collaborer avec l’INBO pour la détection de la loutre dans d’autres bassins versants en vue d’y confirmer ou d’y infirmer sa présence dans le courant 2023. Les mesures de gestion actuellement mises en place sont l’amélioration de la capacité d’accueil des rivières par l’inventaire des tronçons défavorables, et la proposition d’aménagement de berges ou de passages sous les routes, en collaboration avec le DNF et les Contrats de Rivière.