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Le projet wallon Walopea et l'optimisation de la filière de production de protéines végétales

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 137 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En février 2022, le Député Janssen posait une question orale à Monsieur le Ministre au sujet de la filière wallonne de protéines végétales, notamment concernant ses différentes étapes et sa pérennisation.

    Il était aussi question de poursuivre un travail au niveau de la recherche et du développement, notamment les étapes d'extraction et de transformation, visant à l'amélioration des propriétés de ces protéines.

    Concrètement, le projet Walopea, via la filière agroalimentaire, Wagralim, a commencé le soutien (technique) pour le développement d'une filière de production de protéines végétales. Ce projet est en partenariat avec le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) et le Centre Pilote Céréales et Oléo-Protéagineux (CePiCOP).

    C'est aussi un travail de collaboration, avec déjà plus de dix acteurs associés, notamment les fournisseurs de produits agricoles Walagri et Cosucra.

    Le Plan wallon de développement de la filière des protéines végétales doit permettre au sud du pays de porter à 15 000 ha les surfaces consacrées aux cultures protéagineuses, contre 5 000 ha actuellement. Au niveau de la production, il s'agirait de couvrir 15 % de la demande wallonne en protéine végétale.

    Cette filière porte aussi des ambitions climatiques via son objectif de favoriser les rotations des cultures et une amélioration de notre capacité de résilience.

    Cependant, en vue des crises prolongées, l'on se heurte aux dures réalités tels que la hausse du prix du blé, la fragilité des approvisionnements, et la hausse des coûts de l'alimentation.

    Comment est-ce que ces réalités font obstacle au développement de la filière wallonne ? Note-t-on des ralentissements ou des difficultés au niveau du marché ?

    Quelles sont les prochaines étapes de développement pour le projet Walopea ?

    Y a-t-il des changements compte tenu des crises ? Qu'en est-il de la R&D ?

    Quels sont les autres acteurs concernés par ce projet ?

    Quels autres (petits) acteurs pourraient rejoindre le projet ?
  • Réponse du 08/12/2022
    • de BORSUS Willy
    Les interrogations sur l’état d’avancement du projet WALOPEA et plus globalement sur l’optimisation de la filière de production de protéines végétales en Wallonie ont toutes leur pertinence dans le contexte de crise que nous connaissons aujourd’hui.

    L'honorable membre n’ignore pas que le Gouvernement wallon soutient fortement le développement de cette filière, notamment dans le cadre des projets 198, 199 et 200 du Plan de relance de la Wallonie.

    En ce qui concerne mes compétences, il fait l’objet d’une des 19 Initiatives d’Innovation Stratégiques (IIS) sélectionnées comme thématiques prioritaires de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Wallonie, récemment actualisée. Mieux connue sous le nom de S3, cette stratégie constitue le périmètre d’action prioritaire en matière de recherche et d’innovation en Wallonie pour les 7 années à venir.

    L’IIS en question porte le nom de « Protewin ». Suivie par Wagralim, elle a pour objectif de contribuer à l’indépendance protéique de la Région wallonne grâce au déploiement de la filière des protéines végétales et alternatives tout en proposant de nouvelles solutions technologiques pour les industriels du secteur afin d’accélérer l’émergence de la filière et la création de valeur ajoutée.

    L’initiative Protewin  est portée par l’ensemble des réseaux de la recherche en Région wallonne grâce à la participation de partenaires universitaires : ULiege-Gembloux, UCLouvain, UMONS, ULB, de Hautes Ecoles (réseau SYNHERA), ainsi que des centres de recherche (agréés) : CELABOR, CER Groupe, CETIC et le CRA-W. L’initiative est également soutenue par l’ensemble des chaînes de valeur de la filière : représentants du secteur agricole, négociants, acteurs industriels, représentants surs du secteur agro-alimentaire et de la formation.

    Ses principaux axes de travail sont :
    - le renforcement de l’innovation scientifique au niveau agronomique et au niveau de la valorisation et transformation des protéines végétales et alternatives ;
    - l’étude des voies de digitalisation de la filière ;
    - la mise en place de plateforme de démonstration et investissements industriels ;
    - la mise en place de formations spécifiques pour l’ensemble des chaînes de valeur de la filière ;
    - la mise en relation des différents acteurs de la filière ;
    - la promotion à l’internationale de la filière wallonne.

    J’en viens au projet WALOPEA (dont le nom a été inspiré par la culture de pois), qui fait l’objet de la mesure 58 de Circular Wallonia et dont vous soulignez la pertinence dans votre question. Vous vous interrogez sur les obstacles et freins éventuels rencontrés dans sa mise en œuvre. Wagralim porte le projet en partenariat avec le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) et le Centre Pilote Céréales et Oléo-Protéagineux (CePiCOP) et CePiCOP et s’entoure de nombreux acteurs, qu’il s’agisse, pour n’en citer que quelques-uns, de centres de recherche, d’entreprises, de coopératives agricoles. Le projet a une durée de 2 ans et entend se focaliser sur le développement de la filière ancrée localement et porteuse pour l’ensemble des acteurs de la fourche à la fourchette en apportant une réflexion l’amélioration de la chaîne de valeurs.

    Afin de le mener à bien, les partenaires ont choisi d’axer le travail autour du développement de méthodes d’analyse rapide dans le but de maîtriser la qualité des produits issus de cultures wallonnes et d'optimiser les opérations de tri et de stockage pour limiter les intermédiaires et viser une meilleure revalorisation industrielle (FOOD-FEED). Un guide des bonnes pratiques de multiplication des semences sera également établi, toujours dans le but d'améliorer la productivité et la qualité du produit final. Le projet devrait aboutir à de premières conclusions fin 2023.

    Nous touchons ici au cœur de la question, à savoir la mobilisation des agriculteurs. Comment les sensibiliser à produire des pois ou autres cultures protéagineux alors que les céréales ont actuellement le vent en poupe dans le contexte de crise actuelle et que ces cultures souffrent par exemple d’un rendement très fluctuant ? Comment les motiver à dédier une partie de leurs surfaces agricoles à cette production sur le court terme, sachant que le marché existe et qu’un acteur wallon essentiel dans la filière, COSUCRA pour ne pas le citer, ne demande qu’à s’approvisionner en Wallonie au lieu de se tourner vers la France ?

    La dynamique est clairement lancée et Wagralim nous affirme que les agriculteurs ont de plus en plus compris l’intérêt de s’y inscrire progressivement.

    La Wallonie se prépare, que ce soit sur le plan de la R&D ou sur le plan de l’investissement et des équipements à acquérir. Des « petits » acteurs s’ajoutent qui misent sur les productions locales en pois bio pour l’alimentation animale et y voient une réelle opportunité de développer leurs marchés.

    Le projet WALOPEA est une des pièces du puzzle mais s’appuiera bientôt sur le résultat d’autres projets s’inscrivant dans le Plan de Relance de la Wallonie comme je le soulignais plus haut (un appel à projets a été lancé par mes collègues du Gouvernement) ou dans les aides plus classiques comme les projets du Pôle Wagralim.