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La santé et le climat

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 120 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La Wallonie n'échappe malheureusement pas aux conséquences du réchauffement climatique et, outre la présence de fortes chaleurs, fut particulièrement meurtrie par des inondations qui frappèrent une grande partie du territoire !

    Ces évènements liés au réchauffement climatique aboutissent à des constats qui attesteraient d'une dégradation de la santé des populations touchées.

    Quelles sont les observations identifiées sur la population wallonne et quelles sont les sources qui permettent à Madame la Ministre de les déterminer ?

    Une hausse de la mortalité et la croissance de maladies plus symptomatiques sont-elles observées ? Avec quelle ampleur, quelle fréquence et de quel ordre ?

    Des mesures préventives sont-elles initiées par Madame la Ministre ?
    Lesquelles et comment sont-elles développées et programmées ?

    Outre la santé physique, la dégradation de la santé mentale semble également être constatée avec des évènements liés au dérèglement climatique. Fait-elle le même constat ?

    Quelle description en fait-elle et quels sont les moyens investis pour traiter ces affections ?
  • Réponse du 16/02/2023
    • de MORREALE Christie
    Selon l’Agence européenne de l’environnement (Climate change as a threat to health and well-being in Europe: focus on heat and infectious diseases — European Environment Agency (europa.eu)), le changement climatique menace la santé par le biais des fortes chaleurs, des maladies infectieuses, des inondations, des incendies, de la sécheresse et des allergènes dans l’air. Les conséquences néfastes sur la santé sont observées via la surveillance des maladies infectieuses et celle de la mortalité toute cause (BE Momo (Epistat – Epidemiology of Infectious Diseases Statistics (sciensano.be))), effectuées par Sciensano. Cette surveillance peut détecter et quantifier en temps quasi réel la mortalité inhabituelle pouvant résulter d’épidémies comme la grippe, ou de conditions météorologiques ou environnementales extrêmes telles que les vagues de froid ou de chaleur, les pics d’ozone ou les pics de particules fines.

    Sur l’ensemble de l’année 2022 (analyse de la surmortalité en 2022 | sciensano.be), le modèle Be-Momo (The Belgian Mortality Monitoring) estime à 5 612 le nombre de décès supplémentaires (5,1 % d’excès de mortalité) sur les 115 436 décès observés. La surmortalité touche comme habituellement davantage les personnes âgées, et plus particulièrement les femmes à partir de 85 ans. La surmortalité s’est concentrée pendant les différentes vagues épidémiques de Covid-19, durant la période estivale, et pendant les épidémies de grippe et bronchiolite.

    Alors que la surmortalité en 2020 demeure exceptionnellement élevée, en 2022 elle est légèrement plus importante qu’en 2021 (5,1 % contre 4,9 %). Nous observons des disparités régionales, avec une augmentation relative de la surmortalité en 2022 en Flandre, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles elle a diminué.

    Plusieurs projets sont en cours. Tout d’abord l’actualisation du plan forte chaleur et pic d’ozone, qui visera d’abord le système de santé, ainsi qu’une plus grande transversalité entre les différentes compétences (environnement, urbanisme, éducation, culture, pouvoirs locaux …) comme préconisé par l’OMS et l’EU afin de mieux prendre en compte la santé et le bien-être des citoyens wallons.

    Notons également que les agents de prévention des sociétés mutuellistes wallonnes reconnues effectuent, durant les mois d’été, des actions de prévention au sujet des fortes chaleurs auprès des personnes âgées de plus de 65 ans. Des thématiques comme l’hydratation, l’alimentation, l’exposition au soleil, les médicaments... sont abordées au téléphone ou en visite à domicile.

    Ensuite, l’Agence participe aux différents groupes de travail du NEHAP notamment ceux sur l’adaptation et la résilience des systèmes de santé face au changement climatique, qui viennent de se mettre en place au sein du NEHAP 3, mais aussi aux anciens groupes de travail comme la surveillance des vecteurs, des moustiques exotiques ou celui sur les fortes chaleurs en continuité avec les NEHAP 1 et 2.

    L’Agence a été sollicitée par le Centre national de crise (NCCN) pour participer à l’alimentation de la BNRA – Belgian National Risk Assessment – (Évaluation belge des risques nationaux) 2023-2026. Les réunions n’ont pas encore commencé.

    Comme décrit déjà en 2008 par l’OMS (Heat–health action plans: guidance (who.int)), la chaleur a un impact sur la dégradation de la santé mentale par le biais de la déshydratation qui amplifie certaines interactions lors de la prise de médicaments ou par l’aggravation d’une maladie déjà présente. Un comportement inapproprié en cas de chaleur peut aussi aggraver l’état cognitif d’une personne présentant des problèmes de santé mentale. Une exposition excessive à la chaleur constitue un stress majeur pour l’organisme qui peut, à terme, entraîner la mort.

    Je voudrais rappeler les efforts fournis pendant les crises pour renforcer les opérateurs en santé mentale. Les moyens du Plan de relance ont en effet permis de soutenir l’augmentation des ressources dans les soins de santé mentale et spécialisés en assuétudes. Comme l’honorable membre le sait, c’est à l’échelle de la Wallonie, plus de 180 équivalents temps pleins psychologues qui sont venus renforcer les services agréés et actifs en Wallonie, sans compter les moyens injectés par le Fédéral dans les équipes mobiles ou les psychologues de première ligne.

    De plus, l’avant-projet du nouveau décret « santé mentale » a été adopté en première lecture le 20 octobre 2022. Ce dernier vise notamment à développer un plan stratégique de santé mentale à 5 ans, en concertation avec le secteur, à renforcer les compétences des centres de références en santé mentale et de prévention du suicide. Ce plan stratégique vise également à répondre aux différentes problématiques d’accès aux soins et permettra une réflexion de grande ampleur sur le sujet. Ce plan précisera en effet les thématiques, les objectifs stratégiques, les publics cibles et les milieux de vie prioritaires ; ainsi que les objectifs transversaux à suivre.