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La place des mégabassins d’eau dans l'anticipation des sécheresses

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 166 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/11/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Un des enjeux pour les prochaines décennies sera sans conteste celui de la gestion de l'eau. En effet, chacun sait que l'eau est un bien précieux et sa rareté aura été confirmée par les sécheresses répétitives de ces dernières années. Elle est vitale, essentielle dans nos vies quotidiennes et indispensable au secteur agricole.

    En France, pour faire face aux sécheresses, certains sont tentés par la création de mégabassins de rétention d'eau.

    Des projets qui suscitent des réactions négatives auprès de plusieurs spécialistes qui considèrent ce type de réalisations comme un non-sens écologique et dénoncent cet accaparement de l'eau par l'agro-industrie. Une mesure qui, de plus, selon le directeur honoraire au CNRS, n'est pas viable sur le long terme, car lorsqu'on stocke l'eau de manière artificielle, on assèche les sols et on brise la continuité écologique. L'eau récoltée dans les réservoirs, et qui se retrouve en surface stagne et s'évapore. Il précise je cite : « On estime la perte quantitative entre 20 % et 60 %.

    En outre, la qualité de cette eau stagnante est également un problème, car elle subit un phénomène d'eutrophisation, avec l'apparition de bactéries et de microalgues. Et il ajoute : « Cette idée de retenues d'eau est donc un non-sens ». Il préconise un réaménagement du territoire qui lutte contre le ruissellement des eaux au profit d'une infiltration des eaux dans le sol. Il indique aussi l'importance des arbres et d'un maillage de haies, des politiques agricoles qui ne laissent pas les sols nus en hiver pour éviter l'évaporation et enfin, l'adoption de cultures adaptées et respectueuses de l'eau disponible.

    Des projets de mégabassins sont-ils à l'ordre du jour en Wallonie, notamment dans le cadre de la stratégie intégrale sécheresse de Madame la Ministre ?
    Le cas échéant, les impacts sur l'environnement ont-ils été évalués ?

    A-t-elle des échanges avec son homologue ayant en charge l'agriculture sur cette thématique et qu'en ressort-il ?
  • Réponse du 13/03/2023
    • de TELLIER Céline
    Il n’est pas prévu d’implanter de telles structures en Wallonie.

    Dans le cadre de la stratégie intégrale sécheresse et du plan de relance de la Wallonie, j’ai lancé une série de projets visant à optimiser la gestion de l’eau (réutilisation des eaux usées épurées, utilisation d’eaux d’exhaure des carrières, stockages d’eau de pluie et de surface, recharges de nappes à partir d’excédents d’eau ou de réservoirs d’orage, etc.).

    L’un d’entre eux, le projet 104, est mené par la Direction de l’Aménagement foncier rural (DAFOR). L’objectif général de ce projet est d’offrir des ressources alternatives en eau au secteur agricole permettant de compenser les déficits et de suppléer à l'avenir aux déséquilibres générés par le changement climatique.

    Les aménagements qui seront préconisés dans ce cadre en vue de créer des réserves d’eau agricoles sont de type « génie écologique » ou « solutions fondées sur la nature » via la protection, la gestion ou la restauration des éléments naturels.

    Dans le cadre du projet 104, les retenues dites « de substitution » alimentées par ruissellement en hiver seront privilégiées, car considérées comme moins impactantes pour les nappes et cours d’eau. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre des mégabassins d’eau étanches, qui sont une aberration environnementale.