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La réutilisation des eaux usées

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 168 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dans une réponse (775) à une récente question écrite sur le sujet suscité et la stratégie REUSE de l'Union européenne, Madame la Ministre insiste sur le contexte spécifique de la Wallonie, tout en reconnaissant que sur les 340 millions de mètres cubes transitant annuellement par les stations d'épuration publiques, seules 2,9 millions de mètres cubes sont réutilisés et par le seul secteur de l'assainissement.

    Même s'il est exact que la Wallonie peut se prévaloir d'une situation spécifique et favorable, les chiffres cités sont insatisfaisants et attestent de la marge de progression dont doivent se convaincre les gestionnaires de l'eau.

    Les exemples sont nombreux à l'étranger (Israël, États-Unis, Espagne, France…) et ceux-ci devraient inspirer et convaincre nos gestionnaires de ce que la réutilisation des eaux usées pour des besoins spécifiques de l'industrie et de certains secteurs agricoles doit être une priorité écologique !

    N'est-il pas temps de rédiger un véritable plan d'action sur le sujet ?

    Madame la Ministre en a-t-elle la volonté et les moyens ? Ne faut-il pas réveiller les gestionnaires de l'eau sur la matière ? Est-ce possible, souhaitable, envisageable et/ou imposable ?

    Les projets 103 et 105 du Plan de relance de la Wallonie semblent effectivement faire partiellement référence à la problématique suscitée à concurrence de 9 800 000 et 4 000 000 d'euros. Où en sont néanmoins la programmation des fiches et l'opérationnalisation de celles-ci et quels sont les budgets dépensés à ce jour ?

    Peut-elle détailler sa réponse, préciser la trajectoire, les lignes de conduite et les échéances ?

    Est-il exact que ces fiches n'ont pas été retenues dans les 42 projets prioritaires ? Quelle en est la conséquence ?

  • Réponse du 21/02/2023
    • de TELLIER Céline
    Afin de permettre la maîtrise et le déploiement de filières valorisant des eaux dites alternatives, le Plan de relance de la Wallonie ainsi que la stratégie de développement Circular Wallonia participent à l’évolution des connaissances en la matière afin d’étudier les possibilités de valorisation de nouvelles ressources pouvant être mises à disposition pour des usages agricoles et industriels.

    Dans ce cadre, les projets (103 et 105) ont pour objectif général de garantir l’approvisionnement en eau de qualité adaptée au(x) besoin(s) en développant des modèles intégrant les eaux usées traitées par stations d’épuration publiques, les eaux d’exhaure, les eaux de démergement, les eaux de nappe alluviale, les eaux usées issues des process industriels et les eaux pluviales. Plus spécifiquement ces projets visent à développer une dizaine de projets pilotes pour évaluer la possibilité de mobiliser des ressources en eau alternative pour différents usages.

    À cet effet, une équipe mixte entre la SWDE et à la SPGE est mise en place depuis septembre 2022 pour les identifier et opérer leur mise en œuvre.

    À ce jour, trois projets pilotes relatifs à la REUSE et un autre relatif à la recharge artificielle des nappes phréatiques sont validés et sont dans leur phase de mise en œuvre. Les budgets dépensés par la Wallonie pour les projets 103 et 105 étaient respectivement de 1 500 000 euros et 650 000 euros fin 2022.

    Pour le cas spécifique de l’utilisation d’eau issue de stations d’épuration (REUSE), les 3 projets pilotes de recherche & développement sélectionnés ont pour objectif de permettre la maîtrise des risques éventuels sur base de retours d’expérience. Le déploiement à plus grande échelle ne pourra être envisagé qu’après l’analyse des impacts économiques et sociétaux de ces projets.

    Une conclusion préliminaire est que certaines stations d’épuration contribuent significativement au débit de certains cours d'eau, particulièrement en période d’étiage. Le projet vise donc à développer des critères d’évaluation conservateurs pour ne pas influencer négativement la biodiversité. L’impact environnemental positif sur les ressources en eau et sur la biodiversité sera évidemment clé.

    Ces 3 projets qui démarrent ont pour objectif de définir et évaluer les méthodes de traitements appropriées des eaux usées épurées issues de stations d’épuration en vue d’en permettre un usage adéquat à des utilisations spécifiques. Le projet prévoit 4 catégories d’eau :
    a) les eaux de service ;
    b) les eaux à vocation industrielle, en fonction de contraintes spécifiques propres aux process industriels ;
    c) les eaux à vocation agricole, les normes d’usage devant toujours être définies en Wallonie ;
    d) les eaux de qualité potable, les enjeux étant de disposer d’une référence en termes de faisabilité, maitrise des risques et économicité du modèle.

    Les sites sélectionnés et les catégories d’eau visées sont :
    - IPALLE - Leuze-en-Hainaut : a, b, c et d ;
    - InBW - Jodoigne : a, b et c ;
    - IDELUX Eau - Dampicourt : a et b.

    D’autres projets pilotes permettant de répondre aux finalités des projets 103 et 105 sont en cours d’étude pour une sélection dans les prochains mois. Les résultats des différents projets pilotes sont attendus dans le cadre de cette mission déléguée à travers le Plan de relance pour décembre 2024 et permettront à la fois de démontrer la faisabilité technique et économique de l’utilisation d’eau alternative en diversifiant les sources et les utilisations, mais aussi d’adapter le cadre législatif afin de soutenir la ou les solutions pertinentes tout en garantissant une maîtrise des risques en fonction des usages envisagés.

    Les sécheresses à répétition et les dérèglements climatiques présentent un vrai signal d’alarme qui doit nous interpeller et nous pousser à investir et anticiper la recherche des solutions permettant la préservation de nos réserves d’eaux souterraines tout en répondant à l’augmentation des besoins d’eau notamment en termes d’irrigation, et cetera.

    En effet, l’une des grandes priorités du projet réseaux hybrides est le secteur agricole, dont la consommation actuelle d’eau souterraine est inférieure à 1 %, mais qui devrait croitre substantiellement du fait des sécheresses plus fréquentes attendues dans les prochaines années.

    Nous pouvons nous inspirer des expériences à l’étranger, mais sans perdre de l’œil les spécificités de la Wallonie. En effet, le calcul et l’optimisation du coût de mobilisation des ressources non conventionnelles, la réflexion sur des campagnes de sensibilisation et de communication pour assurer l’acceptabilité des solutions à proposer, l’impact environnemental et l’impact sur la biodiversité de ce déploiement et sur l’utilisation de ces ressources (débit d’étiage des rivières en été, effet des émissions de pollutions non contrôlées sur la biodiversité...) sont autant de paramètres à intégrer dans le développement des projets de REUSE et de réseaux hybrides. Un plan d’action sera rédigé sur base de l’ensemble des délivrables issus des projets pilotes réalisés au travers du Plan de relance pour décembre 2024.