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La performance énergétique des matériaux biosourcés

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 279 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/11/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'écoconstruction est devenue un enjeu là où la transition écologique et la lutte contre le changement climatique sont devenues pour beaucoup un objectif à court terme. Dès lors, les matériaux biosourcés ont plus que jamais leur place dans le processus de construction d'un bâtiment. Issus de la biomasse végétale ou animale, ils sont utilisés comme produits ou co-produits entrant dans le processus de construction d'un bâtiment.

    Leur utilisation s'inscrit dans un contexte où le secteur de la construction contribue pour 38 % aux émissions de CO2 en Europe et pour 40 % à la demande énergétique, mais aussi 30 % de la consommation d'eau, et 33 % des déchets totaux non recyclés émis dans notre pays.

    Ces matériaux biosourcés peuvent être classés dans six filières différentes, reconnues tant en Wallonie que chez nos voisins français : paille, bois, chanvre, laine de mouton, herbe et argile.

    Le Cluster écoconstruction, soutenu par la Wallonie, a lancé un label « produit biosourcé ». Il permet notamment de certifier avec précision le pourcentage de matière biosourcée au sein des matériaux de construction, de promouvoir la filière wallonne d'écomatériaux, l'accès à une surprime de 25 % pour des travaux de rénovation.

    Monsieur le Ministre a-t-il procédé à une première évaluation du label « produit biosourcé » proposé par le cluster écoconstruction ?

    Les acteurs du secteur de la construction en Wallonie en ont-ils une expérience favorable ?

    Dans le cadre de la révision de la directive européenne PEB, prévoit-il de prendre des dispositions supplémentaires quant à l'utilisation de ce type de matériaux pour assurer une meilleure performance énergétique des bâtiments ?

    La surprime de 25 % pour les travaux d'isolation via matériaux et son existence est-elle assez visible pour les Wallons ?

    Envisage-t-il un nouveau round d'information ou de sensibilisation à ce propos, et plus largement sur la performance énergétique des bâtiments ?
  • Réponse du 23/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Je suis content de l’intérêt de l’honorable membre pour la filière des matériaux écologiques, et plus spécifiquement des matériaux biosourcés, puisqu’il s’agit d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur.

    Comme il le souligne, l’écoconstruction et le recours aux matériaux biosourcés sont des enjeux importants dans le cadre de la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Cela permet de diminuer les impacts de la construction sur l’environnement, à toutes les étapes de son cycle de vie : depuis la conception du projet, lors des travaux de construction, de rénovation et d’aménagement intérieur, pendant la durée de son occupation et jusqu’à sa déconstruction.

    J’ajouterai aussi qu’il s’agit généralement d’un modèle économique en circuit court, qui permet de construire avec des entreprises et des artisans locaux qui maîtrisent parfaitement les techniques éco-constructives. Le recours aux matériaux biosourcés est donc bon pour l’environnement, mais aussi l’emploi et l’économie locale.

    Pour ces raisons, je fais de l’éco-rénovation et l’utilisation des matériaux biosourcés une priorité. Je l’ai mise en avant dans le plan de relance, puisque je porte un projet spécifique dédié au soutien cette filière (le projet 70 du PRW), et l’écoconstruction sera un sujet central qui est abordé dans le cadre de l’Alliance Climat Emploi Rénovation, dont les travaux ont démarré.

    Concernant sa question sur l’évaluation du label « produit biosourcé » et l’expérience des entreprises, les travaux ont été menés depuis 2019 dans le cadre d’une convention signée par le Ministre du Logement. Elle arrive prochainement à échéance, je le renvoie donc vers mon collègue, le Ministre Collignon, pour ces éléments.

    Concernant la révision de la directive européenne PEB qu’il évoque, il est actuellement envisagé d’associer au certificat PEB le calcul de l’impact carbone lié aux matériaux utilisés dans le bâtiment sur l’ensemble de leur cycle de vie. En Belgique, nous avons développé avec les autres entités fédérées un outil qui permet de calculer cet impact. Il s’agit de l’outil TOTEM. Il va même au-delà du calcul du carbone puisqu’il évalue 17 indicateurs environnementaux. Des contacts étroits se tiennent entre les équipes qui gèrent la PEB et TOTEM pour envisager à terme un couplage entre les deux approches et permettre d’intégrer, dans la PEB la notion d’impacts des matériaux.

    Cette évaluation environnementale des matériaux est basée sur une méthode scientifique et objective, et va au-delà de considérations biosourcé ou non biosourcé. Les matériaux issus de filières de réemploi, ou encore les matériaux intégrant du contenu recyclé présentent également des avantages d’un point de vue environnemental.

    Concernant la surprime de 25 % pour les matériaux biosourcés, une évaluation est en cours avec le cabinet et l’administration pour déterminer son impact, afin d’optimiser le soutien à la filière. Il est néanmoins certain que celle-ci permet de visibiliser la filière des matériaux biosourcés, et la volonté du Gouvernement de la soutenir.

    Dans tous les cas, il est clair que je compte poursuivre la sensibilisation des citoyens sur l’utilisation des matériaux biosourcés. C’est l’un des objectifs du projet 70 du PRW que j’ai mentionné. Plus largement, nous devons continuer à informer les citoyens sur les outils existants pour les accompagner dans la rénovation énergétique de leurs logements.

    En conclusion, le soutien à l’écoconstruction et plus spécifiquement aux matériaux biosourcés est une priorité du Gouvernement, conformément à la déclaration de politique générale. De mon côté, le veillerai à ce que les travaux menés en matière de rénovation énergétique contribuent renforcer la filière, bonne pour l’environnement et créatrice d’emploi en Wallonie.