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Les conséquences de l'arrêt des centrales nucléaires en France

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 280 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/11/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'arrêt prolongé de quatre centrales nucléaires en France et les mouvements de grève des travailleurs d'un gestionnaire de réseau important pourraient être à l'origine de coupures d'électricité cet hiver dans l'hexagone. En outre, 26 réacteurs nucléaires sont déjà à l'arrêt sur les 56 existants.

    La France est à la recherche de solution pour compenser cette perte de production. La ministre de la Transition énergétique a demandé d'augmenter la puissance des concessions hydroélectriques et de maximiser la production de l'éolien. Ces mesures ne s'annoncent pas comme suffisantes et des achats d'électricité aux pays voisins seront nécessaires. Cette demande aura une portée sur le prix des importations. Elle provoquera une augmentation du prix d'achat de l'électricité avec pour conséquence une augmentation pour le citoyen également.

    Les mesures de sobriété ont été suivies par les citoyens dans les pays européens. Il est constaté une diminution de la consommation pour octobre. Cependant, si nous connaissons un hiver rude, la demande sera plus forte avec des pics à certains moments de la journée.

    Pour y faire face, le gestionnaire du réseau de transfert d'électricité français prévoit des mesures de sauvegarde : mise en place d'une application « écowat » qui inciterait à une réduction de la consommation durant les pics sur le réseau, une baisse de tension de 5 % sur le réseau, qui provoque une baisse de consommation, et des mesures de délestage avec des coupures zonées et organisées à l'avance en concertation avec les autorités.

    Monsieur le Ministre se concerte-t-il avec son homologue au Fédéral et les autorités françaises sur l'évolution de la situation en France et les conséquences éventuelles sur les besoins d'importation de la France ?

    Quelles sont les prévisions des gestionnaires de réseaux de distribution wallons ? Des mesures anticipatives sont-elles en cours de réflexion ?
  • Réponse du 23/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Je le rappelle, la sécurité d’approvisionnement reste évidemment une compétence fédérale. Je suis persuadé qu’une concertation approfondie existe tant entre RTE et ELIA qu’entre Administrations françaises et belges afin de prévenir au mieux tout risque en termes d’approvisionnement.

    L’effet conjugué d’un été caniculaire, de la mise en maintenance de nombreux réacteurs et la grève dans les raffineries de pétrole qui a perturbé l’approvisionnement des véhicules de chantier induisent donc une incertitude à l’approche de l’hiver. Incertitude en partie compensée par un automne relativement doux et clément.

    Durant l’été, ELIA a eu, globalement, un solde exportateur important pour aider à compenser la réduction de la flotte nucléaire. Cela s’est, entre autres, traduit sur la demande en gaz naturel sur le réseau de FLUXYS durant l’été. La demande ayant été plus forte à cause des centrales au gaz.

    À ce stade, ELIA ne semble pas être particulièrement inquiet de la situation, mais évalue toutes les options en cas d’évolution critique. Les interconnexions existantes permettent de disposer de solutions pour compenser le manque qui pourrait apparaître.

    Évidemment, il sera essentiel de voir l’évolution des conditions météorologiques, la tension qui règnera sur le réseau énergétique globalement et la fiabilité de nos centrales nucléaires. En espérant éviter le scénario catastrophe d’il y a quelques années qui avait prévalu au fameux plan de délestage.

    Au-delà, je rappelle qu’ELIA dispose de son mécanisme de flexibilité commerciale qui doit également permettre de soulager le réseau de manière ciblée.

    Quant à savoir si nos GRD sont prêts à affronter tout risque. Je le pense, mais je dois préciser que ceux-ci ne pourront probablement pas supporter un stress ultime et risquent plus d’être victimes d’un délestage que de pouvoir contribuer à soulager le réseau.

    Enfin, il convient de noter que la situation économique actuelle a, hélas, conduit de nombreuses industries à devoir réduire leur voilure et, donc, leur consommation. Cela contribue aussi à soulager le réseau même si on doit le regretter.