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La déprivation matérielle des enfants en Région wallonne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 134 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/11/2022
    • de DELPORTE Valérie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La Fondation Roi Baudouin a présenté aux décideurs politiques les principaux constats concernant la déprivation matérielle des enfants en Belgique, en d'autres mots la pauvreté infantile.

    Il me semble important de revenir sur plusieurs constats posés par les chercheurs :

    Premièrement, les facteurs de risque sont le fait de vivre dans un ménage sans emploi, dans une famille monoparentale ou issue de l'immigration.

    Deuxièmement, les coûts du ménage ont un fort impact sur la déprivation des enfants. On parle ici du loyer, de l'énergie, de la nourriture, mais aussi des frais de garde ou de scolarité.

    Enfin, les chercheurs alertent sur le fait que la situation s'est vraisemblablement fortement aggravée depuis l'enquête de 2021, et la crise actuelle se superpose à une situation structurelle critique depuis de nombreuses années.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de ces nouveaux résultats ? Comment son Gouvernement agit-il pour lutter contre la déprivation infantile ? Que met-elle en place spécifiquement pour investir dans l'accès à des services de qualité ?

    J'en profite pour lui demander de nous faire un état des lieux de l'avancement du Plan de lutte contre la pauvreté, dans ses aspects touchant spécifiquement aux enfants.
  • Réponse du 20/12/2022
    • de MORREALE Christie
    J’ai pris connaissance avec intérêt des résultats portant sur la pauvreté infantile présentés par la Fondation Roi Baudouin ; mes services ont d’ailleurs participé à la séance de présentation.

    Les questions de la qualité de l’offre de services et de leur accessibilité se posent systématiquement, sont fondamentales et guident mon action. À titre d’exemple, les besoins et les attentes des familles monoparentales ont mené à une mesure concrète intégrée au Plan de Relance de la Wallonie. Des points-relais destinés à soutenir ces familles monoparentales verront prochainement le jour avec le concours de Centres de service social des organismes assureurs et associatifs et de nombreux partenaires. Le modèle retenu pour ce nouveau dispositif qui participe à la lutte contre la pauvreté est conçu de façon à optimaliser l’accès à cette offre de services.

    En termes d’investissement ciblant directement les enfants, le 19 novembre 2020, sur ma proposition, le Gouvernement approuvait l’octroi d’une subvention de 420 450 euros au Collectif développement cantines durables, afin d’implémenter un projet pilote en vue de distribuer des collations équilibrées, durables et gratuites dans des écoles à encadrement pédagogique différencié. Malgré la situation sanitaire, ce projet a permis la distribution de 320 000 potages-collations à 5 000 élèves au cours des années scolaires 2020-2021 et 2021-2022. Le même collectif a été retenu par le Gouvernement wallon le 15 septembre dernier, dans le cadre de l’appel à projets mené cet été pour les années scolaires 2022-2023 et 2023-2024. L’enveloppe annuelle de 1 000 000 d’euros dédicacée à chacune des deux années scolaires dans le cadre de la mesure 3.4 du Plan wallon de sortie de la pauvreté doit permettre de servir entre 1 200 000 et 1 600 000 potages-collations gratuits dans des écoles fondamentales à encadrement pédagogique différencié. Cette initiative couvre les cinq provinces wallonnes, avec la couverture géographique la plus large de celles-ci, ainsi que tous les réseaux d’enseignement (communal – libre – Fédération Wallonie-Bruxelles).

    À titre exemplatif encore, en matière d’aide alimentaire plus de 7 millions d’euros ont été investis depuis 2019, en raison de la croissance de la demande liée au chevauchement des crises. Cette aide bénéficie notamment à des enfants. Un appel à projets, assorti d’une enveloppe de 2 millions d’euros vient également de se clôturer et un futur appel sera encore lancé en 2023 avec un budget de 8 millions d’euros.

    Par ailleurs, je pilote aussi le Plan d’actions consacré aux Droits des Enfants (PADE 2020-2024). Il compte une action spécifique qui vise à encourager la mise en place de projets participatifs au sein des maisons d’accueil. Les autres projets du PADE visent entre autres à former des professionnels aux droits de l’enfant, à mieux informer les familles et les enfants eux-mêmes sur certains droits (allocations familiales, handicap, repos et loisirs, au logement, à la mobilité…) et à accentuer la participation des enfants dans certains projets.

    Enfin, en ce qui concerne le Plan de Sortie de la Pauvreté, c’est le Ministre-Président qui est chargé de coordonner et de piloter ce Plan. Il va de soi, eu égard aux compétences qui m’ont été confiées, que je contribue activement à ce Plan et que la majorité des mesures touchent directement ou indirectement les enfants. Les projets que je porte touchent notamment à la réduction du non-recours aux droits à travers l’amélioration de l’information du public, la lutte contre la fracture numérique, l’accès aux soins de Santé ou encore l’accès à l’alimentation saine et équilibrée pour les enfants.

    À ces projets, il faut ajouter les mesures en matière d’emploi qui touchent directement les parents, mais qui influencent la situation des enfants. Le premier rapport du Plan de sortie de la Pauvreté sera présenté au Gouvernement en 2023. Cette étape importante sera l’occasion de faire le point sur son état d’avancement. De plus, ce Plan s’accompagne d’indicateurs dont le suivi est assuré par l’IWEPS. Ces indicateurs de pauvreté contenus dans le Plan permettent de recouvrir les multiples facettes de la réalité de la pauvreté et de l’appréhender sous de multiples angles. Je pense au coefficient de « Gini » qui appréhende le niveau de vie des individus à travers le revenu des ménages, mais aussi l’Indicateur synthétique d’accès aux droits fondamentaux ou encore à la privation matérielle sévère selon le type de ménage.

    Sans avoir été exhaustive, force est de constater que les actions du Gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté sont nombreuses et qu’il reste indispensable que toutes les autorités, à tous les niveaux de pouvoir, puissent soutenir les citoyens, en particulier les plus fragiles et, en ce compris, les plus jeunes.