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La découverte d'un produit permettant de détruire les polluants éternels à moindre coût

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 186 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/11/2022
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le Soir, La Libre, Le Figaro, FranceTVinfo… toutes les chaînes d'informations ont relayé la bonne nouvelle : des chercheurs de la Northwestern University viennent de mettre au point un procédé pouvant, à terme, permettre de se débarrasser des substances per et polyfluoroalkylées, plus connues sous le nom de PFAS, à moindre coût. Un nouvel espoir dans la lutte contre ces polluants chimiques, surnommés « éternel ».

    Initialement présents dans les emballages, les shampooings ou encore le maquillage, les PFAS repoussent à la fois l'huile et l'eau, ils résistent également à la dégradation par les hautes températures et d'autres produits chimiques. Ces composés s'accumulent dans l'environnement et dans le corps humain, pouvant causer de nombreux dommages.

    La technique découverte par les chercheurs permet de désintégrer totalement certains PFAS. La technique présente plusieurs avantages. Habituellement, les méthodes proposées pour détruire les PFAS utilisent des températures élevées allant jusqu'à 400°C. Ce n'est pas le cas de la technique découverte par les chercheurs, qui a l'avantage de reposer sur des bases moins complexes. Elle ne requiert qu'une température comprise entre 80 et 120°C, ce qui la rend bien moins gourmande en énergie.

    Même s'il reste encore quelques études et vérifications à mener avant que ces mesures ne soient mises en œuvre dans un cadre industriel, nos différentes intercommunales concernées doivent se tenir prêtes pour utiliser ce procédé.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de l'étude en question ? Quelle en est son évaluation ? Compte-t-elle mettre en place cette pratique dès que cette dernière sera opérationnelle ?

    Compte-t-elle mobiliser l'ensemble des intercommunales autour de cette innovation particulièrement prometteuse ?
  • Réponse du 22/03/2023
    • de TELLIER Céline
    Les agents du SPW ARNE avaient en effet pris connaissance de la publication de la revue Science à laquelle l’honorable membre fait référence.

    Les auteurs y présentent une voie novatrice de destruction des PFAS. Il convient néanmoins d’apporter quelques précisions aux annonces faites dans la presse grand public :

    En premier lieu, cette technique ne fonctionne pas pour tous les PFAS, mais bien uniquement pour ceux qui présentent une fonction acide carboxylique. Même s’il s’agit d’une grande famille de composés, le procédé n’est pour l’instant pas généralisable.

    Ensuite, le procédé est applicable à un PFAS isolé. Il ne permet pas de traiter un PFAS dispersé dans une terre excavée ou dilué dans une grande quantité d’eau, comme c’est souvent le cas. Il ne présente donc pas d’avantage, à ce niveau, par rapport aux méthodes actuelles.

    Par ailleurs, la réaction a lieu après mise en solution dans un solvant particulier : le diméthylsulfoxyde. Cette substance ne semble pas poser de problèmes environnementaux, mais elle est en revanche très irritante pour les yeux et les voies respiratoires et certains suspectent des atteintes neurologiques. L’emploi de ce solvant n’est donc pas anodin.

    Enfin, une température de réaction modérée est en effet annoncée (120°C), mais dans de telles conditions, la destruction des PFAS n’est totale qu’après 300 heures de réaction. Après 24 heures, par exemple, il reste 10 % des PFAS, principalement sous la forme d’un PFAS à deux atomes de carbone, dès lors très mobile.

    En conclusion, si l’on ne peut que se réjouir de voir apparaître de nouveaux procédés de destruction des PFAS, ils ne sont actuellement applicables qu’au niveau du laboratoire et la route est encore longue avant leur application à grande échelle.

    Nos agents restent bien entendu attentifs à tout nouveau développement et ne manqueront pas d’impliquer les intercommunales concernées, le cas échéant, mais actuellement, la destruction en four de cimenterie reste la solution la plus efficace à l’échelle industrielle.