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Les conclusions du rapport des Digital Minds

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 188 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 29/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le groupe de travail Digital Minds a présenté les résultats de sa réflexion. Un ensemble de 10 grandes ambitions à l'horizon 2030 a été dévoilé avec l'objectif de fédérer les acteurs du secteur et les différents niveaux de pouvoir.

    Compétent pour le numérique en Wallonie, Monsieur le Ministre a-t-il suivi les discussions et pris connaissance de ces conclusions ?

    Quel regard porte-t-il sur la méthodologie adoptée ?

    Les Digital Minds plaident pour un accès de base au web pour tous et un accès gratuit aux services publics en ligne tout en visant une connexion à 1 GB/s pour 95 % de la population. Ils réclament un accès de tous aux services publics numériques, de façon intuitive, avec la meilleure expérience possible. C'est ambitieux, mais est-ce réaliste à l'échelon wallon en fonction de la situation actuelle ?

    Ils espèrent qu'au moins 80 % du personnel des institutions publiques soit formé aux opportunités et aux risques des technologies numériques. On sait que la Wallonie y travaille déjà activement, mais quels dispositifs supplémentaires seront nécessaires pour viser les 80 % ?

    Dans les domaines de l'e-santé et de l'IA, on sait la Wallonie là aussi déjà très investie. Toutefois, le groupe de travail souhaite que 75 % des entreprises belges puissent développer une stratégie numérique permettant l'adoption des technologies de types AI/cloud/big data, etc.

    Comment Monsieur le Ministre compte-t-il accompagner les entrepreneurs dans cette voie ?

    Est-ce que Digital Wallonia sera l'interlocuteur privilégié ?

    Par ailleurs, puisqu'il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici à 2030, des solutions numériques peuvent être développées chez nous. Ici aussi, un objectif est fixé pour les Digital Minds : 90 % des entreprises belges agiront activement pour préserver l'environnement en ayant une action verte grâce aux TIC.

    Où en est-on aujourd'hui ? Y a-t-il une collaboration avec son collègue au Climat sur ce point ? Sous quelle forme ? Une feuille de route existe-t-elle déjà ?
  • Réponse du 21/12/2022
    • de BORSUS Willy
    Les 10 points proposés par les Digital Minds ont évidemment retenu mon attention ainsi que celle de l’Agence du Numérique qui est notamment en charge du suivi et de la coordination de la stratégie numérique Digital Wallonia.

    Pour rappel, la stratégie Digital Wallonia est également issue d’une méthodologie participative. D’abord au travers du Printemps du Numérique en 2015, puis par la suite, pour les versions 2 (2018) et 3 (2021-2022), avec le Conseil du Numérique et le réseau des Digital Wallonia Champions. L’objectif poursuivi par la Wallonie est identique à celle qui a guidé le Gouvernement fédéral : éviter une définition des objectifs en mode « top-down » et intégrer les expertises et les priorités issues des écosystèmes numériques.

    En ce qui concerne les 10 priorités proposées par les Digital Minds, je constate avec satisfaction qu’elles correspondent systématiquement aux grands programmes structurants de Digital Wallonia ou à l’approche en mode plateforme qui sous-tend ces programmes. Toutes les informations relatives au suivi de ces programmes sont disponibles sur la plateforme digitalwallonia.be : https://www.digitalwallonia.be/fr/programmes/.

    Par rapport à l’accès au web pour tous et l’accès aux services publics en ligne, internet étant « un droit fondamental pour tous », cet accès devra être de minimum 100 Mbps et 95 % des Belges devraient bénéficier d'une bande passante de minimum 1 Gbps. C’est l’un des objectifs du programme Giga Région. Plusieurs annonces liées à la 5G ou à la fibre optique ont été faites récemment dans ce sens. Je me permets de renvoyer l’honorable membre à cet égard vers les nombreuses réponses que j’ai données devant le Parlement à ce sujet.

    Concernant le volet « formation », tout citoyen se devra demain d'être formé au digital. Pour cela, tous les enfants et les jeunes devront notamment y être familiarisés via l’introduction d’au minimum une heure par semaine de cours spécifiques et adaptés, donnés par des enseignants qualifiés. C’est l’un des objectifs majeurs du programme Digital Wallonia 4 Edu qui va bénéficier de 122 millions d’euros pour l’équipement et la connectivité des écoles, condition sine qua non pour le développement des compétences.

    Concernant le volet « citoyenneté », la fracture numérique devra être éliminée et 100 % des Belges devront avoir accès de manière autonome aux services publics numériques de base. Le programme Digital Wallonia 4 Citizens poursuit également cet objectif. Un plan spécifique pour l’inclusion numérique va être déployé prochainement au travers de ce programme, de même qu’une application mobile simple destinée à l’auto-évaluation des citoyens. Je rappelle que nous disposons en outre d’un outil de suivi remarquable grâce au baromètre de maturité numérique des citoyens wallons proposé tous les deux ans par l’AdN.

    Concernant la stratégie numérique des entreprises, la Belgique se doit d'être précurseur de la gouvernance des données, en permettant que leur utilisation soit plus innovante, transparente et mieux maîtrisée par les citoyens. Cet objectif est plus transversal et correspond au déploiement de la plateforme Digital Wallonia qui repose sur une approche des politiques publiques par la donnée. Cette approche est désormais élargie à d’autres stratégies au travers de l’initiative Data 4 Wallonia, pilotée par l’AdN et différents partenaires. Cette initiative est d’ores et déjà adoptée par différentes stratégies, comme par exemple Circular Wallonia.

    75 % des entreprises belges favoriseront l’adoption des technologies de type intelligence artificielle, Cloud, Big Data, et cetera. Nous veillons à ce que les données ouvertes circulent dans les meilleures conditions. À ce sujet, le programme Digital Wallonia 4 AI a clairement (re)positionné la Wallonie sur la carte européenne de l’intelligence artificielle. Près de 200 entreprises ont participé avec succès aux différents appels à projets du programme. Digital Wallonia 4 AI s’articule également avec d’autres programmes thématiques, comme Construction du Futur, Industrie du Futur et agriculture du Futur, notamment pour des projets permettant d’activer la puissance de l’IA au profit de projets visant à optimiser l’usage des ressources dans ces secteurs.

    Le point spécifique de l’accompagnement qu’il évoque est au cœur même des appels à projets de Digital Wallonia 4 AI puisque les entreprises « clientes » sont systématiquement accompagnées par des entreprises « offreuses ». De plus, une gradation dans les appels à projets (« start », « tremplin » puis « cap ») permet aux entreprises de monter progressivement en puissance dans leur usage de l’IA.

    En ce qui concerne l’identification des Champions, au travers des programmes Digital Wallonia, nous disposons d’une cartographie précise de la structure du secteur du numérique, à la fois au niveau de l’offre et au niveau de la recherche. Le croisement de ces données permet d’identifier de manière très précise les points forts à soutenir ou les points faibles sur lesquels il convient de travailler. C’est notamment sur cette base que le gouvernement a pu choisir les axes de spécialisation de la S3 dans le domaine du numérique.

    Sur le sujet des services publics, l’approche retenue a été d’adopter une approche nouvelle dont les premiers jalons ont été la création du SPW Digital, la désignation d’un CIO et la mise en place d’un collège des CIO. Le passage des applications du SPW dans le Cloud a également constitué un changement majeur dans l’approche de l’informatique régionale. La question de la formation des agents est effectivement un autre chantier majeur. C’est au niveau de ma collègue de la fonction publique qu’il doit cependant être relevé.

    En ce qui concerne l’impact et le rôle du numérique par rapport au changement climatique, il est important de souligner qu’il s’agit de l’un des accents nouveaux de la version 3 de Digital Wallonia.

    Ces accents nouveaux agissent comme des fils rouges transversaux pour l’ensemble des programmes de Digital Wallonia. Outre les secteurs de l’industrie, de la construction et de l’agriculture déjà évoqués plus haut, Digital Wallonia 4 Circular est l’un des nouveaux programmes spécifiquement mis en œuvre pour mettre l’innovation numérique au service d’une redéfinition de nos circuits économiques.

    Plus globalement, il faut souligner le fait que les moyens budgétaires du Plan de relance de la Wallonie vont permettre d’amplifier et d’accélérer ces différents programmes.

    Enfin, l’Agence du Numérique entretient des relations suivies avec les acteurs du niveau fédéral. Le Secrétaire d’État au Numérique a d’ailleurs participé à plusieurs initiatives de Digital Wallonia ces dernières semaines.

    Compte tenu de la sortie des priorités des Digital Minds, j’ai demandé à l’AdN d’organiser une réunion de travail avec eux, en connexion directe avec mon Cabinet et celui du Secrétaire d’État au Numérique, afin d’amplifier plus encore les collaborations entre la Wallonie et le pouvoir fédéral.