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Le supercalculateur Lucia

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 197 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/12/2022
    • de SCHONBRODT László
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    De nombreux articles ont abordé la mise en service du supercalculateur Lucia.

    Il est fait mention de 10 millions injectés par la Région. Monsieur le Ministre pourrait-il me dire combien a coûté l'ensemble de ce projet et d'où venait l'ensemble des financements ?

    D'autre part, à qui revient la charge de l'entretien et du pilotage au quotidien de cet outil ?

    À combien sont évalués les frais d'entretien et d'utilisation en question ?

    Et comment seront-ils financés ?

    Quelle est la durée de vie attendue de ce supercalculateur ?

    Quel retour sur investissement la Wallonie entend-elle faire ?

    Et enfin, qui pourra utiliser cet outil ? Selon quelles modalités ?
  • Réponse du 21/12/2022
    • de BORSUS Willy
    L’acquisition du supercalculateur Lucia, destiné à remplacer le précédent supercalculateur Zenobe, a fait l’objet d’un accord du Gouvernement wallon le 26 mars 2020 octroyant une subvention de 10 millions d’euros au centre de recherche agréé CENAERO, gestionnaire du supercalculateur. Cette subvention couvrait la totalité des coûts d’acquisition et relevait des crédits classiques dédiés à la recherche en Wallonie,

    À ces coûts d’acquisition doivent s’ajouter les coûts d’exploitation et de gestion du supercalculateur, estimés à 5,2 millions d’euros d’ici fin 2024. Ceux-ci ont fait l’objet d’un passage en Gouvernement wallon en date du 1er décembre dernier. Le Gouvernement wallon a décidé d’intervenir à hauteur de 4,5 millions d’euros, comme prévu dans Plan de relance de la Wallonie (fiche 40 « Infrastructures universitaires – Tier1 »).

    Lucia a été inauguré le 29 novembre dernier sur le site d’A6K, à Charleroi.

    La durée de vie d’un supercalculateur est généralement estimée à 5 ans. Il va de soi qu’il faudra veiller à assurer sa continuité après 2024.

    L’honorable membre évoque dans sa question le retour sur investissement espéré. Il s’agit ici de fournir aux équipes de chercheurs l’outil leur permettant de mener une recherche compétitive.

    En effet, la simulation numérique et l’analyse de données sont souvent décrites comme « la troisième branche » de la recherche scientifique, à côté́ de la théorie et de l’expérimentation. Elles nécessitent des équipements de calcul intensif (ÉCI) importants et spécifiques combinant de la puissance de calcul, du stockage de données volumineuses et un réseau performant. Les outils et paradigmes dans ce domaine sont dans une phase d’évolution rapide visant l’exa-scale (le calcul à l’échelle de l’exa-flops, un milliard de milliards d’opérations par seconde) couplé à la convergence du calcul numérique haute performance (High Performance Computing, HPC et High-Throughput Computing, HTC) avec les sciences des données (Big Data, Machine Learning et Intelligence Artificielle) donnant naissance au HPDA (High Performance Data Analysis) et aux avancées techniques liées à la virtualisation (cloud).

    L’écosystème des supercalculateurs ou équipements de calcul intensif (ECI) peut être présenté sous la forme d’une pyramide à trois niveaux :
    • à la base : les ordinateurs de niveau Tier-2, clusters locaux possédant entre 1 000 et 5 000 cœurs de calcul CPU (Central Processing Unit). Ces calculateurs constituent la colonne vertébrale des moyens de calcul scientifique de haute performance pour la recherche. Ils permettent de réaliser de la recherche d’excellence pour de nombreuses applications pour lesquelles les supercalculateurs de classe supérieure ne sont pas nécessaires ou ne sont pas utilisables ;
    • au centre : les ordinateurs de niveau Tier-1, clusters nationaux possédant jusque 50 000 cœurs de calcul CPU permettant aux utilisateurs avancés d’exploiter les codes de calcul massivement parallèles ;
    • au sommet : le supercalculateur européen EuroHPC de niveau Tier-0, dédié au calcul hyper-massivement parallèle et qui vise à permettre à l’UE et aux pays participants de coordonner leurs efforts et de partager leurs ressources dans le but de déployer en Europe une infrastructure de super-informatique de classe mondiale et un écosystème d’innovation compétitif en technologies, applications et compétences en super-informatique.

    Depuis 2010, des efforts ont été réalisés en Wallonie et à Bruxelles afin de mutualiser les ressources liées aux ECI. Ainsi, l’architecture actuelle de calcul CECI (Consortium des Équipements de Calcul Intensif) est constituée de :
    - 5 clusters locaux de niveau Tier-2 (un dans chaque Université francophone) avec un stockage partagé : VEGA (ULB), Lemaître (UCL), Dragon (UMons), Hercules (UNamur), NIC (ULiège) ;
    - 1 cluster national de niveau Tier-1 géré par CENAERO (Zénobe remplacé dès 2023, par Lucia).
    - l’engagement financier de la Wallonie dans l’entreprise commune européenne « JU Euro HPC » (Tier-0).

    Le retour attendu est, l’honorable membre l’aura compris, indirect et vise à fournir les ressources de calcul qui répondent aux besoins des technologies de simulation que les chercheurs développent dans le cadre de projets de recherche ou de prestations intellectuelles au bénéfice de divers secteur, en particulier du secteur aéronautique.

    Concernant la mise à disposition de l’outil, celui-ci pourra être utilisé par les acteurs de la recherche en Fédération Wallonie-Bruxelles, les universités et les centres de recherche, ainsi que par les entreprises, selon les modalités établies par CENAERO.