/

Le retour des grands prédateurs et l'impact sur la chasse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 209 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 05/12/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Un article de presse, paru ces derniers jours, faisait état de la frustration de chasseurs ayant fait des « chasses blanches », deux jours de suite. Ces derniers attribuent cette situation à la présence de loups sur le territoire de chasse. L'article fait état de la frustration de plusieurs d'entre eux, certains indiquant que l'on ne pouvait exclure que certaines fortes têtes pourraient vouloir supprimer ce rival.

    Cet article soulève la question de la difficile cohabitation entre le retour des grands prédateurs (loup, lynx, …) et la chasse.

    Comment réagis Monsieur le Ministre à cette article ?
    A-t-il pris un contact avec les conseils cynégétiques afin de rappeler que le loup est protégé par la convention de Berne ?

    En collaboration avec son collègue en charge de la Nature, comment va-t-il coordonner des actions d'informations et de sensibilisation auprès des chasseurs ?

    Envisage-t-il de demander au DNF de mener une enquête suite à ces déclarations ?

    Dispose-t-il de données permettant d'établir un lien entre les chasses blanches et la présence du loup ?

    Si cet impact devait être confirmé, va-t-il prendre des mesures pour permettre la cohabitation entre le loup et les chasseurs ?
  • Réponse du 22/12/2022
    • de BORSUS Willy
    Par leur formation sérieuse en vue de l’obtention du certificat de réussite à l’examen de chasse, les chasseurs connaissent a priori bien les espèces sauvages et la législation qui s’y rapporte. Ils savent donc que le loup est une espèce protégée notamment par des instruments de droit international. Ils connaissent les sanctions très lourdes qu’ils encourent s’ils en abattent un, la moindre d’entre elles étant le retrait de leur permis de chasse.

    À l’initiative de notre Réseau Loup, le milieu de la chasse est par ailleurs sensibilisé depuis un certain temps déjà au retour du loup, notamment grâce à des articles parus dans les revues cynégétiques (2 articles ont été publiés dans la principale revue cynégétique wallonne, en l’occurrence « Chasse et Nature »), des conférences données auprès des conseils cynégétiques concernés actuellement par la présence du loup ou encore par la diffusion toute prochaine d’un dépliant spécialement destiné aux chasseurs concernant le retour du loup. Chaque fois, il est évidemment rappelé que le loup est une espèce protégée, qui profite de ce statut pour recoloniser naturellement un espace qu’il occupait avant son extermination.

    La présence du loup là où il est durablement installé est déjà intégrée dans les plans de tir pour le cerf. C’est donc le cas pour les plans de tir des conseils cynégétiques des Hautes-Fagnes – Eifel et du Val de Hoëgne. Cela se traduit concrètement par une adaptation à la baisse du nombre minimum de biches et de faons à tirer. Ces deux conseils ne sont pas concernés par les objectifs de tir « Sanglier », puisqu’ils présentent des statistiques de tir moyennes inférieures à 30 sangliers/1 000 ha. En l’absence d’installation d’un loup ou d’une meute, il n’y a aucune raison d’invoquer la prédation de cette espèce comme argument pour justifier le non-respect du plan de tir « cerf » ou des objectifs de tir « Sanglier ». Les seuls loups dispersants n’ont pas d’impact sur les populations de grands gibiers.

    Il est impossible d’établir un lien entre la présence supposée d’un loup et des chasses « blanches » si les chasseurs qui évoquent ce lien ne se manifestent pas auprès du Réseau Loup pour faire valider d’éventuelles preuves de présence du loup.

    D’après les chiffres faisant le bilan au 1er décembre de l’état d’avancement des prélèvements de grands gibiers, il apparaît effectivement que d’une façon générale, les objectifs visés pourraient ne pas être atteints. Cela s’explique notamment par le fait que cette année est particulièrement marquée par des conditions de visibilité difficiles en raison de la persistance du feuillage et par des fructifications abondantes qui peuvent entraîner l’absence de gibier dans les territoires qui sont dépourvus de chênes. Pour l’espèce sanglier, on peut ajouter que l’effet des plans de tir volontaires commence à porter ses fruits, étant conscient que ce résultat a été favorisé par un taux de reproduction médiocre en début d’année 2022.

    Dans la mesure où ces menaces vis-à-vis du loup, relatées dans l’article de presse que l’honorable membre évoque sont totalement anonymes, il est difficile d’entamer une quelconque enquête. Je rappelle aussi que seuls des faits sont condamnables, les intentions, aussi « mauvaises » soient-elles - peut-être ici exprimées, je l’espère, sous le coup d’une déception suite à une chasse vaine - ne le sont pas. Il n’empêche que je ne peux cautionner de tels propos qui ne sont pas en adéquation avec la politique que nous mettons en place.

    En conclusion, il existe déjà une prise en compte de la cohabitation du loup avec les chasseurs, mais il est inévitable que le retour de ce prédateur suscite des appréhensions au sein des milieux cynégétiques, mais pas uniquement, le milieu agricole de l’élevage étant, lui aussi, inquiet. Je tiens à souligner, ici, le travail de tous les acteurs impliqués dans notre Réseau Loup en particulier pour toutes leurs actions préventives en vue de rendre la cohabitation entre le loup et l’homme, la plus harmonieuse possible.