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Le mécontentement du monde de la chasse face à l'arrivée du loup

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 210 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/12/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Selon certains chiffres – temporaires, vu que la période de chasse bat son plein – dans le massif ardennais, les chasseurs se plaignent d'une diminution de sangliers de l'ordre de 30 %. Dans le contexte de surpopulation des sangliers, c'est plus que surprenant. Le responsable tout trouvé pour expliquer cette baisse de la présence de sangliers, serait l'arrivée du loup.

    Le réseau loup nuance et souligne que jusque maintenant, aucun loup ne s'est installé de façon durable en Province de Luxembourg. Par ailleurs, un grand nombre de paramètres rentrent en compte pour une bonne chasse.

    Qu'à cela ne tienne, certains chasseurs ont clairement laissé entendre qu'ils seraient prêts à tirer un loup, s'ils venaient à en croiser. Le loup n'a pas été réintroduit mais il reprend très progressivement une certaine place dans nos forêts. Rappelons aussi que c'est une espèce protégée !

    Est-ce que les retours de terrain laissent présager un non-respect des objectifs de tirs ?

    Monsieur le Ministre acceptera-t-il la présence supposée du loup comme un argument valable pour le non-respect des plans de tirs ?

    Suite aux menaces à peine voilée de certains chasseurs d'abattre un loup qui traverserait leur lot de chasse, a-t-il ou va-t-il rappeler les obligations de préservation du loup au monde de la chasse et les risques judiciaires qu'ils encourent ?
  • Réponse du 22/12/2022
    • de BORSUS Willy
    Par leur formation sérieuse en vue de l’obtention du certificat de réussite à l’examen de chasse, les chasseurs connaissent a priori bien les espèces sauvages et la législation qui s’y rapporte. Ils savent donc que le loup est une espèce protégée notamment par des instruments de droit international. Ils connaissent les sanctions très lourdes qu’ils encourent s’ils en abattent un, la moindre d’entre elles étant le retrait de leur permis de chasse.

    À l’initiative de notre Réseau Loup (géré par le SPW depuis 2017, ce réseau est constitué d’un panel diversifié d’acteurs (vétérinaires, biologistes, chasseurs, éleveurs, associations, et cetera)), le milieu de la chasse est par ailleurs sensibilisé depuis un certain temps déjà au retour du loup, notamment grâce à des articles parus dans les revues cynégétiques (2 articles ont été publiés dans la principale revue cynégétique wallonne, en l’occurrence « Chasse et Nature »), des conférences données auprès des conseils cynégétiques concernés actuellement par la présence du loup ou encore par la diffusion toute prochaine d’un dépliant spécialement destiné aux chasseurs concernant le retour du loup. Chaque fois, il est évidemment rappelé que le loup est une espèce protégée, qui profite de ce statut pour recoloniser naturellement un espace qu’il occupait avant son extermination.

    La présence du loup là où il est durablement installé est déjà intégrée dans les plans de tir pour le cerf. C’est donc le cas pour les plans de tir des conseils cynégétiques des Hautes-Fagnes - Eifel et du Val de Hoëgne. Cela se traduit concrètement par une adaptation à la baisse du nombre minimum de biches et de faons à tirer. Ces deux conseils ne sont pas concernés par les objectifs de tir « Sanglier », puisqu’ils présentent des statistiques de tir moyennes inférieures à 30 sangliers/1 000 ha. En l’absence d’installation d’un loup ou d’une meute, il n’y a aucune raison d’invoquer la prédation de cette espèce comme argument pour justifier le non-respect du plan de tir « cerf » ou des objectifs de tir « Sanglier ». Les seuls loups dispersants n’ont pas d’impact sur les populations de grands gibiers.

    Il est impossible d’établir un lien entre la présence supposée d’un loup et des chasses « blanches » si les chasseurs qui évoquent ce lien ne se manifestent pas auprès du Réseau Loup pour faire valider d’éventuelles preuves de présence du loup.

    D’après les chiffres faisant le bilan au 1er décembre de l’état d’avancement des prélèvements de grands gibiers, il apparaît effectivement que d’une façon générale, les objectifs visés pourraient ne pas être atteints. Cela s’explique notamment par le fait que cette année est particulièrement marquée par des conditions de visibilité difficiles en raison de la persistance du feuillage et par des fructifications abondantes qui peuvent entraîner l’absence de gibier dans les territoires qui sont dépourvus de chênes. Pour l’espèce sanglier, on peut ajouter que l’effet des plans de tir volontaires commence à porter ses fruits, étant conscient que ce résultat a été favorisé par un taux de reproduction médiocre en début d’année 2022.

    Dans la mesure où ces menaces vis-à-vis du loup, relatées dans l’article de presse que l’honorable membre évoque sont totalement anonymes, il est difficile d’entamer une quelconque enquête. Je rappelle aussi que seuls des faits sont condamnables, les intentions, aussi « mauvaises » soient-elles - peut-être ici exprimées, je l’espère, sous le coup d’une déception suite à une chasse vaine - ne le sont pas. Il n’empêche que je ne peux cautionner de tels propos qui ne sont pas en adéquation avec la politique que nous mettons en place.

    En conclusion, il existe déjà une prise en compte de la cohabitation du loup avec les chasseurs, mais il est inévitable que le retour de ce prédateur suscite des appréhensions au sein des milieux cynégétiques, mais pas uniquement. Je tiens à souligner, ici, le travail de tous les acteurs impliqués dans notre Réseau Loup en particulier pour toutes leurs actions préventives en vue de rendre la cohabitation entre le loup et l’homme, la plus harmonieuse possible.