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Le rapport d'Elia sur la consommation industrielle d'électricité

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 339 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/12/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Elia prévoit une augmentation de 50% de la consommation industrielle d'électricité en Belgique à l'horizon 2030, notamment en raison du défi majeur à relever pour notre industrie qu'est sa décarbonation. Cette électrification massive est indispensable, toujours selon Elia, pour réduire la dépendance du secteur aux combustibles fossiles, avec pour objectif européen la neutralité carbone en 2050.

    Cette électrification nécessitera sans nul doute des adaptations importantes de nos infrastructures permettant d'absorber et de transporter ce nouvel afflux important d'électricité, et il sera indispensable que ces changements se fassent rapidement.

    N'oublions pas qu'à côté de l'industrie, c'est tous nos concitoyens qui sont appelés à électrifier également leur mobilité. Des considérations à ne pas oublier et qui vont nous mettre face à des défis d'infrastructures conséquents et de plus en plus urgents, sur plusieurs législatures.

    Dès lors, le développement du réseau des lignes à moyenne et basse tension est primordial pour notre Région et son avenir, face aux défis de l'électrification des industries, mais aussi de notre mobilité et du parc automobile, inévitablement.

    Quelles sont les actions de Monsieur le Ministre relativement aux adaptations du réseau électrique wallon dans le cadre du défi de la décarbonation industrielle ?

    La Wallonie est-elle prête au niveau de ses infrastructures pour absorber et transporter cet afflux ?

    Quelles seront les actions du gouvernement à cet égard ? Qu'en est-il du réseau de lignes à moyenne et basse tensions ?

    De quelles manières compte-t-il soutenir les gestionnaires de réseaux afin qu'ils renforcent leurs réseaux ?
  • Réponse du 29/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Lors de la construction des réseaux, ceux-ci ont été dimensionnés selon une logique, d’une part, de productions centralisées de grande capacité et, d’autre part, de besoins de consommateurs finaux nécessitant une puissance de raccordement limitée. Le développement des technologies, la multiplication des appareils électroménagers, l’introduction des pompes à chaleur, des voitures électriques ou plus généralement l’électrification en vue de la décarbonation font que cette puissance n’est maintenant plus suffisante. De l’autre côté, la multiplication des installations de production décentralisées crée des injections de flux qui, et la fréquence va augmenter, sont également supérieurs à ce que peuvent absorber les réseaux.

    Il s’agit d’un mouvement de fonds qui résulte tant de l’évolution de la société que du changement de paradigme lié à la transition énergétique. Dès lors des solutions plus structurelles sont nécessaires et il ne s’agit pas d’une situation propre à la Wallonie.

    Au niveau européen, une étude de Deloitte-E.DSO-Eurelectric évalue les investissements nécessaires à entre 375 et 425 milliards d’euros entre 2020 et 2030, soit un effort annuel supérieur de 50-70 % à l’historique. Les investissements dans les réseaux sont cependant moins importants que dans le secteur énergétique dans son ensemble (+100 %) grâce aux mesures de flexibilité.

    Au Luxembourg, Creos prévoit un renforcement de 70 % de son réseau basse tension d’ici 2030 et un doublement de capacité d’ici 2040. Le renforcement de capacité du réseau moyenne tension est lui d’environ 45 % dans la prochaine décennie et de 65 % d’ici 2040.

    En Flandre, Fluvius prévoit 4 milliards d’euros d’investissements supplémentaires sur 10 ans : 50 % d’énergie électrique distribuée en plus dans les 10 ans, 27 000 transformateurs à remplacer sur 65 000. A l’horizon 2050, c’est un montant de 6 milliards d’euros d’investissements.

    En Wallonie, les études et projections réalisées ou commandées par ORES conduisent à mettre en avant la nécessité de renforcer les réseaux de distribution. Elles évaluent l’augmentation de l’électricité distribuée sur les réseaux des GRD à 30 % à l’horizon 2030 et à 64 % à l’horizon 2050, avec une évolution nuancée suivant les secteurs, mais une part importante liée aux besoins de recharge pour la mobilité électrique. Les engagements pris par la Région en matière de développement des énergies renouvelables devraient quant à eux conduire à une multiplication par 2 de la puissance installée en éolien et photovoltaïque à l’horizon 2030, et par 5 à l’horizon 2050. Comme dans les autres pays, afin de faire face à la décarbonation non seulement des industries, mais de l’ensemble de la société, les GRDs vont devoir massivement investir dans leurs réseaux afin d’augmenter la capacité d’accueil et d’accueillir ce renouvelable.

    RESA a défini un plan de transition énergétique qui vise à doubler la capacité d’accueil (cabines, postes aériens, nouveaux câbles, et cetera). Cela équivaut à un doublement des investissements actuellement réalisés soit 820 millions d’euros indexés d’ici 2050. ORES est dans la même logique avec un budget estimé à 1 milliard d’euros sur la même période.

    Par ailleurs, une concertation est en cours entre la CWaPE et les GRD au sujet de la méthodologie tarifaire, en particulier pour leur permettre de disposer des budgets d’investissements nécessaires pour couvrir ces plans industriels et ainsi assurer la transition énergétique. ORES s’est d’ailleurs engagée à financer ces nécessaires investissements sans que l’augmentation de la facture du consommateur ne dépasse l’inflation. C’est notamment possible grâce au développement de nombreux outils permettant d’optimiser ces investissements. Parmi ces outils, certains vont également permettre de cibler les sections de réseau où il y a lieu d’investir de façon prioritaire, non seulement dans une optique économique, mais également pour rencontrer les besoins et attentes des clients, qu’ils soient résidentiels ou industriels.

    Afin de soutenir les GRD dans la nécessaire mutation des réseaux, le projet smartisation a été inscrit dans le plan de relance. Ce projet vise à octroyer des moyens aux GRD afin d’accélérer les investissements dans la numérisation, la connaissance et la gestion des réseaux.

    Par ailleurs, la décarbonation ne doit pas oublier « la molécule ». Il y a en effet un potentiel important de biométhane, de méthane de synthèse ou d’H2 en Région wallonne qui doit permettre, via notamment le couplage entre le réseau gaz et le réseau d’électricité, de ne pas devoir surinvestir dans ce dernier. Par ailleurs, certains process industriels nécessitent de la molécule que ce soit au niveau du processus ou des températures à atteindre, rendant le réseau gaz indispensable.

    Enfin, relevé ces défis passera par des concertations avec ELIA et Fluxys qui seront tous deux fortement 2 impactés.