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La promotion et la préservation du patrimoine funéraire wallon

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 156 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/12/2022
    • de ANTOINE André
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    C'est une grande première en Wallonie : 37 tombes des cimetières de Messancy sont désormais munies d'un QR Code pour décrire la sépulture et son occupant.

    Ces exemples renvoient immanquablement à la préservation et à la promotion de notre patrimoine funéraire.

    Plusieurs historiens et architectes s'interrogent depuis plusieurs mois quant à la sauvegarde de monuments funéraires exceptionnels présents dans les cimetières et menacés de disparition.

    Quelles sont les modalités arrêtées par le Gouvernement afin que les communes établissent ces inventaires communaux ?

    Des moyens financiers spécifiques sont-ils dédicacés pour soutenir les communes dans la mise en valeur et la préservation des biens qui seraient repris dans les inventaires communaux ?

    Concernant les monuments funéraires qui constituent la propriété de personnes privées, comment les pouvoirs locaux peuvent-ils, le cas échéant, agir afin de préserver les monuments qu'ils jugeraient important de sauvegarder au regard de l'histoire locale ?

    À ce jour, des cimetières ou monuments funéraires sont-ils déjà repris parmi les biens classés au patrimoine wallon ?

    Par ailleurs, dans le cadre de la stratégie wallonne de valorisation de notre patrimoine funéraire, Monsieur le Ministre compte-t-il encourager financièrement des opérations d'identification des tombes via QR Code comme à Messancy ?
    Si oui, selon quelles modalités ?

    Va-t-il charger un prestataire d'établir une cartographie numérique de nos cimetières et de leurs attraits historiques ou architecturaux.

    Déjà aujourd'hui, il peut accorder une subvention maximale de 7 500 euros pour une action de valorisation de sépultures de valeur architecturale ou de 2 500 euros pour une action de promotion collective.

    Ces moyens sont-ils suffisants par rapport aux demandes ?

    Quel budget la Wallonie a-t-elle adopté à cette politique depuis 2019 ?
  • Réponse du 09/01/2023
    • de COLLIGNON Christophe
    La préservation du patrimoine funéraire est intégrée dans la législation, au moins par l’obligation des communes de dresser la liste des sépultures d’importance historiques locales.

    Cette liste impose aux communes la redécouverte d’un patrimoine que nombre d’élus locaux ignorent eux-mêmes. Cette liste permet d’obtenir des subsides du Petit Patrimoine populaire wallon depuis plusieurs années. Je n’ai obtenu aucun chiffre concernant le nombre de demandes reçues par ce service, pas plus que du nombre de dossiers acceptés.

    Cette liste, par ailleurs, est un document essentiel auquel sont logiquement liées les demandes d’éliminations de sépulture antérieures à 1945.

    À ce jour, on dénombre environ 170 biens relevant de la typologie relative aux cimetières ou monuments funéraires, soit au titre de monuments, soit au titre de site. La majorité est composée de cimetières entre un édifice du culte et son mur périphérique. Concernant les monuments funéraires privés, seul le classement de sites permettrait théoriquement de contraindre les propriétaires.

    Dans les faits, les exemples de cimetières classés montrent bien que l’absence de contrôle effectif dévalue cette solution apparente. Le patrimoine funéraire est, en toute logique, surnuméraire, il impose de trouver des solutions d’usage, liant le bâti et l’économie communale.

    C’est précisément ce que la « gestion dynamique des cimetières », mise en place par le décret régional de 2009, apprend aux communes : intégrer ce patrimoine dans une gestion économique globale. Tout est toujours affaire de volonté, de conscience, d’implication.

    Les 5 opérations d’appels à projets pour la mise en conformité et l’embellissement des cimetières, lancées par mes prédécesseurs, ont permis de subsidier nombre de projets intégrant ce patrimoine ancien dans un usage contemporain, qu’il s’agisse de création d’ossuaires, de lieu de cérémonies non-confessionnelles, et cetera.

    Pour rappel, environ 9 millions d’euros furent affectés à ces appels pour aider les communes. Ce patrimoine nécessite une prise en charge communale cohérente, et non l’attente de subsides ou d’actions ponctuelles.

    Mes services y travaillent, sur le terrain, au quotidien, notamment par une collaboration avec l’AWaP, par le biais du centre des Métiers du Patrimoine. Celui-ci organise divers modules de formation théorique et pratique à la gestion des cimetières et du Patrimoine funéraire, dont un plus spécifiquement consacré à l’entretien et la restauration de monuments funéraires.

    Accompagner les communes au plus près de leur problématique, et construire des solutions efficaces et pérennes, telle est la politique régionale concernant les cimetières qui est un ensemble qui permet aux communes de sortir d’un passif monumental en cohérence gestionnaire.

    Mais il convient de disposer de l’ensemble de l’information : avant de crier au manque de « moyens financiers », quels « moyens gestionnaires » furent mis en place ?

    L’exemple de la Commune de Messancy est intéressant en ceci qu’il est une conclusion, et non un début d’action : le placement de QR-Codes, incitant à la visite, ne pouvant s’envisager que dans des sites qui furent gérés au préalable et offrent désormais une visibilité d’entretien.

    Pour terminer, avant d’envisager quelques actions que ce soit, je tiens à ce que toutes les communes engagées dans les appels à projets antérieurs aient terminé les projets entamés. Certaines ont accumulé plusieurs années de retard, mais clôturent progressivement.